Le jeu chez les animaux
Partout sur la planète, les jeunes animaux passent énormément de temps à jouer, mais c'est un comportement qui a longtemps été négligé par la science. De nouvelles recherches révèlent aujourd'hui que le jeu est au coeur de presque tous les apprentissages d'un animal. Dans cette série, nous découvrons pourquoi le jeu est bien plus que le simple fait de s'amuser.
Dans le règne animal, comment définit-on le jeu ? Les scientifiques ont établi cinq règles simples. Si le comportement est quelque chose qu'un animal adopte volontairement et répète à l'infini, il s'agit - scientifiquement - d'un jeu. S'il s'agit d'un comportement qui se produit tôt dans la vie d'un animal et sans but évident, comme s'accoupler ou manger, alors c'est un jeu. Et si les animaux le font dans un état détendu et sain, alors c'est un jeu. Et ce n'est pas pratiqué par quelques espèces exclusivement comme on le pensait auparavant. Certains animaux inattendus montrent également un appétit pour le jeu.
Le dragon de Komodo est le plus grand lézard de la planète et, de surcroît, un tueur à sang froid - ce n'est pas le genre d'animal duquel on pourrait s'attendre à ce qu'il ait un côté ludique. Mais en captivité, on les a observés en train de jouer avec des objets sur leur tête, semblant ainsi reproduire leur comportement alimentaire collectif qui consiste à enfouir leur tête profondément dans une carcasse pour se nourrir. C'est l'un des premiers exemples de comportement ludique jamais enregistrés chez les reptiles.
Le jeu peut aider les animaux de différentes manières, physiquement, socialement et sur le plan du développement. Il peut aider des espèces comme les léopards nébuleux à s'épanouir dans leur environnement. Pour les jeunes éléphants d'Afrique, on pense qu'une enfance longue et ludique pourrait expliquer pourquoi ils développent une plus grande intelligence. Mais des recherches révèlent que les jeunes ne sont pas les seuls à s'amuser.
Dans les montagnes surplombant Kyoto, un groupe de macaques japonais joue à un jeu appelé "manipulation de pierres". Pour les jeunes macaques, il s'agit d'améliorer leur motricité fine, comme un enfant qui joue avec des blocs. Mais on pense que la génération plus âgée utilise ce jeu pour rester mentalement jeune et en bonne santé et éviter ainsi les ravages de la vieillesse, comme la perte de mémoire.
Pour de nombreux animaux, le jeu est une activité solitaire. Mais pour d'autres, il s'agit de jouer avec ses copains. Alors, quelles sont les règles du jeu en commun ? Et est-ce plus puissant que de jouer seul ?
Pour faire face aux défis que représente la vie dans de grandes sociétés, les chimpanzés utilisent le temps de jeu pour forger des amitiés à vie. Les scientifiques ont découvert qu'en jouant ensemble, les chimpanzés sont capables de déterminer à qui ils peuvent faire confiance au sein de la troupe. Si un conflit éclate, ils doivent savoir qui les soutient.
Le jeu aide les animaux à se faire des amis et, dans certains cas, il les aide à découvrir quelles sont les limites de cette amitié. Pour les canidés, comme les loups, les chiens de chasse africains et les coyotes, le jeu peut être une affaire bruyante et agressive. Il existe un code de conduite à ne pas enfreindre s'ils veulent éviter de se blesser, voire de se tuer. Et les canidés qui n'adhèrent pas à ce code risquent d'être mis à l'écart. Une étude sur les coyotes sauvages a révélé que les individus qui enfreignent les règles du jeu sont mis à l'écart par la meute et ont quatre fois moins de chances de survivre.
Comme le jeu en solo, le jeu en groupe est une affaire sérieuse. Dans tout le règne animal, il peut offrir des avantages étonnants aux animaux sociaux, pour autant qu'ils respectent les règles du jeu.
Le jeu a sans aucun doute de nomb