Pour Phaneuf international, l’aréna de demain sera intelligent, connecté, automatisé et plus vert. Au CES 2020 à Las Vegas, l’entreprise québécoise s’est démarquée grâce à son concept de surfaceuse à glace électrique et automatisée, une technologie qui lui a d’ailleurs valu le trophée Planète techno de la meilleure innovation québécoise.
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Depuis trois ans, Alain Phaneuf, président fondateur de Phaneuf international, et Pierre Beaudet, expert des surfaces glacées, travaillent à concrétiser leur vision de l’aréna de demain. La réflexion des deux hommes provient d’une vie passée dans les arénas du Québec.
« Je me suis toujours intéressé à la glace. Comment ça se fait que l’opérateur utilise autant d’eau et que ça ne gèle pas? Comment ça se fait que ça coûte aussi cher? Comment ça se fait qu’à l’Aréna, ce soit un retour vers le passé? Ce sont des bâtisses neuves, mais avec des installations archaïques », illustre d’entrée de jeu Alain Phaneuf.
Le retraité de la Sûreté du Québec explique que l’idée qu’il développe avec Pierre Beaudet s’attaque directement à ces lacunes. La surfaceuse à glace inventée par l’entreprise est électrique et autonome, mais elle fait surtout partie d’un ensemble de technologies qui promettent de révolutionner les arénas, autant en ce qui concerne les machines que les logiciels.
La surfaceuse de Phaneuf international sera munie de grands écrans pour les annonceurs / Photo : Phaneuf international
L’entreprise compte bien commercialiser sa surfaceuse au courant de l’année prochaine, mais l’ensemble de ses travaux va encore plus loin que la simple automatisation du processus d'entretien de la glace dans les arénas.
« Ce n’est pas des produits que l’on vend. C’est un service d’entretien de l’aréna. On peut dire aux gestionnaires d’arénas qu’ils n’ont plus besoin de faire la gestion de la glace. Pour faire cette gestion-là, on va instrumentaliser le système de réfrigération, les systèmes de climatisation et de chauffage de la bâtisse, ainsi que la glace en tant que telle pour capter de l’information », explique le fondateur de l’entreprise.
Pour accompagner la surfaceuse, des buts de hockey robotisés et un système de gestion des températures permettront d’optimiser et de faciliter l’entretien des patinoires. Selon Alain Phaneuf, son entreprise apporte ainsi une solution à un manque de main-d’œuvre.
« Quand je faisais le tour des arénas, ce que je remarquais, c’était que des opérateurs de surfaceuses à glace, il n’y en avait plus. De nombreux arénas ferment le samedi soir et le dimanche matin, ou ne peuvent pas accueillir un tournoi parce qu’elles n’ont plus d’opérateurs. L’avantage premier de notre surfaceuse à glace, c’est le fait de dire que l’on n’a plus besoin d’opérateurs. »
– Alain Phaneuf
Un avantage pour l’environnement
Les deux entrepreneurs affirment aussi que la question de l’environnement fait partie des valeurs de leur projet. Avec leur nouveau système, ils sont convaincus de pouvoir réduire radicalement la quantité d’eau et d’énergie utilisée pour l’entretien des surfaces glacées.
Selon l’entreprise, la surfaceuse de Phaneuf international réutilisera la glace récupérée à chaque passage pour la liquéfier et la redistribuer au prochain entretien, un avantage non négligeable sur les surfaceuses classiques qui jettent généralement le tout à l’extérieur sous forme de neige.
Il pourrait s’agir d’une solution bien intéressante pour réduire la consommation d’eau des arénas du Québec, qui en utilisent annuellement des millions de litres. Pour ce qui est de la consommation énergétique, peu de données existent pour l’instant, mais l’entreprise estime qu’une gestion intelligente des températures avec des capteurs aux bons endroits permettra certainement de réduire la quantité d’électricité nécessaire pour chauffer l’aréna et refroidir la glace.
« On va bien au-delà du produit. C’est quelque chose qui pourrait être répété dans les 490 arénas du Québec et ceux du Canada, voir ailleurs dans le monde. On sait que l’eau potable, c’est l’or de demain, et ça prend beaucoup d’énergie pour faire tourner un aréna. On va être capable de diminuer cela », affirme Alain Phaneuf.
La glace parfaite
Les personnes habituées aux patinoires connaissent toutes le sentiment de patiner sur une belle surface, une « glace dure », sans défauts. Il est toutefois bien difficile d’identifier les qualités propres à cette glace. Qu’est-ce qui fait en sorte que celle-ci est meilleure? Qu’une autre est moins bonne? Un autre défi que s’est fixé l’entreprise, c’est celui du perfectionnement des surfaces glacées.
« En laboratoire, il y a quelques années, on s’est aperçu que c’était plus compliqué que cela d’établir des caractéristiques pour identifier une qualité de glace. La seule manière de quantifier la qualité de la glace qu’il y avait, même en 2019, c’était par un sondage fait auprès des joueurs qui demandait quelle était la plus belle glace selon eux dans la LNH », explique Pierre Beaudet.
Selon Pierre Beaudet, certains techniciens et techniciennes de glace croient que tout repose sur l’humidité et la température, d’autres pensent que les vibrations de la musique peuvent avoir un impact, mais tous et toutes n’ont à peu près que leur intuition comme outil de mesure.
Pierre Beaudet et Alain Phaneuf avec le trophée de Planète techno au CES 2020 / Photo : Planète techno
Pierre Beaudet et Alain Phaneuf désirent donc remplacer cette intuition par une précision scientifique, en utilisant les mégadonnées. Les outils et les capteurs qu’ils comptent utiliser avec leurs partenaires leur permettraient donc, éventuellement, de déterminer les conditions idéales pour paramétrer la surfaceuse de manière à réaliser une glace aussi parfaite que possible à chaque passage.
C’est l’ambition de ce projet et la passion des deux entrepreneurs qui ont convaincu l’équipe de Planète techno de remettre le prix de la meilleure innovation québécoise à Phaneuf international lors de leur passage au CES 2020 de Las Vegas. Pour Alain Phaneuf et Pierre Beaudet, c’est la « cerise sur le sundae » de leur voyage.
« On rêvait secrètement qu’un journaliste québécois ou canadien débarque afin qu’on ait un bout d’image à la télévision. On était émotifs, Pierre et moi, on ne s’attendait pas à ça. On a été pris par surprise de tous les côtés! On est sortis de là extrêmement fiers de faire rayonner le Québec et le Canada. »
- Alain Phaneuf
Énergisés par tout cet intérêt pour leur technologie, les deux entrepreneurs mettent les bouchées doubles depuis leur retour afin de répondre aux attentes et d’atteindre leurs objectifs. Dès l’automne prochain, le prototype final de la surfaceuse sera dévoilé lors d’un banc d’essai public de six mois dans la municipalité de Plessisville.