La sueur repousse les moustiques : mythe ou réalité?

La photo est un plan très rapproché d'un moustique installé sur un bras humain.

Ce texte figure dans la série L'été sous la loupe.


Cet été, vous et votre tendre moitié avez opté pour un séjour en camping. Adieu le glamour! Les vacances de la construction se dérouleront dans le bois, sans réseau cellulaire ni eau courante. 

Mais si la recherche de la zénitude a d’abord motivé votre choix, vous semblez beaucoup moins enthousiaste depuis que vous avez appris que les moustiques allaient être près de huit fois plus présents dans la nature cette année. 

Afin d’éviter cet irritant, vous décidez alors de prendre les grands moyens. Pas de lavage pendant deux semaines! Après tout, la sueur repoussera ces insectes. 

C’est du moins ce que vous croyez, mais la transpiration rebute-t-elle vraiment les moustiques?

Réponse : Eh bien, non. Au contraire, la sueur attirerait ces insectes. C’est ce qu’ont affirmé le docteur américain Matthew DeGennaro et ses collègues de l’Université internationale de Floride. 

Explication : Dans son étude publiée le 28 mars dernier, l’équipe de scientifiques menée par le neurogénéticien Matthew DeGennaro a démontré que l’acide lactique, présent notamment dans la sueur humaine, s’avère alléchant pour les moustiques femelles. À noter que les mâles ne se nourrissent pas de sang humain. Ainsi, il est inutile de les craindre! 

Pour réaliser cette découverte, l’équipe de recherche a d’abord dépisté un « nouveau » récepteur olfactif situé dans les antennes des femelles. Elle l’a surnommé l’Ir8a. En bloquant cette protéine, elle a constaté que les moustiques étaient incapables de détecter l’acide lactique.

Devenus insensibles à cet acide, ces insectes mutants perdaient 50 % de leur partie olfactive destinée à repérer les proies humaines. C’est donc dire que les êtres humains dégageant davantage d’acide lactique étaient plus repérables par les moustiques. Par conséquent, les gens qui suent abondamment seraient en théorie plus propices aux piqûres. 

Une responsabilité partagée

L’entomologiste Marjolaine Giroux, membre de l’équipe de l’Insectarium de Montréal, se réjouit devant cette avancée scientifique. « C’est une bonne nouvelle. Cette étude permettra probablement de trouver un insectifuge capable de mieux nous protéger », dit-elle. 

Néanmoins, hormis l’acide lactique, les moustiques femelles sont également attirés par le dioxyde de carbone, les odeurs corporelles, l’humidité, la chaleur ainsi qu’une multitude d’autres acides dégagés par les êtres humains. En ce sens, l’absence de transpiration ne se révèle pas comme la résolution idéale, mais bien telle une piste de solution parmi tant d’autres. 

D’ici la mise en marché d’un répulsif sans failles, ce qui pourrait bien prendre plusieurs années, Mme Giroux souligne qu’il existe plusieurs façons de chasser les moustiques, et ce, sans trop de difficulté. Porter des vêtements de couleur claire, et s’asperger de citronnelle et d'insectifuge représentent quelques-unes de ces options.


Tous les vendredis de l'été, ICI Explora déboulonne des mythes liés à la saison estivale dans le cadre de la série L'été sous la loupe.

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