Le petit guide du chasseur d’étoiles

La nébuleuse du Pélican
La nébuleuse du Pélican, capturée avec une quarantaine d’heures d’exposition. Photo : iStock
Les mercredis à 21 h jusqu’au 17 mars, ICI Explora se lance à la découverte de la voûte céleste avec la nouvelle série Chasseurs d’étoiles. Pour mieux comprendre cet univers fascinant, nous avons discuté avec l'astrophotographe Stéphane Simard, qui guide le réalisateur Jimmy Larouche dans une quête vers les étoiles tout au long de l’émission. Il nous a permis de concocter ce petit guide des choses à savoir avant de se lancer dans cette activité.

Photographier les étoiles, c’est avant tout une histoire de passion. Une passion qui imbibe les propos de Stéphane Simard lorsqu’il raconte son cheminement, de sa fascination pour les missions Apollo et Star Wars jusqu’à l’achat de son tout premier télescope en 2010.

Aujourd’hui, Stéphane passe une bonne partie de ses soirées à capturer des images de la voûte céleste, parcourant les plus beaux coins du Québec dans une fascinante chasse aux étoiles. Il décrit son domaine de prédilection comme étant accessible, à condition d’être motivé à développer certaines compétences de base.

« Pour une personne qui veut se lancer en astrophotographie et qui n’a pas de connaissances en photo, c’est un peu plus ardu que pour celle qui a déjà une bonne connaissance de base, parce que les principes sont les mêmes », explique-t-il.

Il n’est pas nécessaire d’avoir une caméra ou un télescope de plusieurs milliers de dollars pour se lancer. Avec un appareil photo reflex numérique d’entrée de gamme comme un Canon T3i ou un Nikon D3200, il est possible de prendre de belles images du ciel étoilé, à condition de savoir bien utiliser l’appareil et d’aller au bon endroit.
 

Les principes de base

L’astrophotographe Stéphane Simard en compagnie du réalisateur Jimmy Larouche

L’astrophotographe Stéphane Simard (à gauche) en compagnie du réalisateur Jimmy Larouche. Photo : Chasseurs d’étoiles

« En astrophotographie, il y a 50 % du travail qui se fait sur la capture de l’image et un autre 50 % sur le traitement. Ce n’est pas si simple de réaliser de belles images. » – Stéphane Simard

La plupart des astrophotographes vont commencer par prendre le ciel étoilé en photo, sans viser un objet céleste en particulier. L’idée générale est d’exposer le capteur de l’appareil le plus longtemps possible afin d’y laisser entrer un maximum de lumière, en tenant aussi compte de la rotation constante des étoiles qui limite ce temps d’exposition (à moins de vouloir faire des photos circumpolaires).

Une monture équatoriale ou une petite tête de trépied motorisée pour suivre le mouvement de la voûte céleste permet d’obtenir des résultats idéaux et d’augmenter le temps d’exposition, surtout lorsqu’il s'agit de suivre des astres en particulier. Pour les photos faites à partir d’un télescope, ce matériel devient encore plus important.

Des applications pour les téléphones intelligents facilitent aujourd'hui la localisation des planètes et des étoiles. Stéphane Simard recommande entre autres Redshift pour iOS et Stellarium sur Android et iOS.

Ensuite, la clef d’une image réussie dépend aussi de son traitement. Il peut s'agir de simples modifications dans un logiciel comme Adobe Lightroom ou de la fusion d’images multiples pour en faire une seule grâce à des logiciels d’empilement comme DeepSkyStacker.

Ces différents aspects de l’astrophotographie nécessitent tous des apprentissages différents, et il est possible de progresser par soi-même avec les ressources accessibles en ligne. Mais selon Stéphane Simard, rien ne vaut l’aide d’une personne-ressource.

« La consultation d’une personne-ressource, c’est la clef. Tu peux débuter en allant voir les forums, en allant voir les tutoriels, mais trouver quelqu’un de solide dans un club d’astrophotographie, qui est disponible et prêt à donner un coup de main au début, ça peut éviter énormément de temps perdu », affirme-t-il.
 

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Les endroits à visiter

Le ciel étoilé

Photo : Chasseurs d’étoiles / Stéphane Simard

Le Québec regorge d’endroits parfaits pour observer ou photographier les étoiles. Il suffit souvent de s’éloigner des grandes villes pour trouver un ciel intéressant, mais certains coins en valent particulièrement la peine.

« La réserve du mont Mégantic, c’est difficile à battre! Il y a des chemins accessibles pour s’y rendre et bien des endroits pour s’y installer. Il y a aussi la réserve Kiskissink, entre Roberval et La Tuque; c’est un endroit extraordinaire où le ciel est parfait, totalement noir. Au Saguenay, au nord du lac Saint-Jean, c’est pratiquement parfait », indique Stéphane Simard.

La Gaspésie et le Grand Nord du Québec sont des endroits magnifiques pour observer les étoiles et la Voie lactée, et, avec un peu de chance, on peut aussi y voir des aurores boréales.

Dans les villes comme Montréal, l’observation des planètes et des perséides peut être possible, mais il faut forcément s’éloigner dès qu’il est question de photographie ou d’observation plus poussée au télescope, en raison de la pollution lumineuse.

« On parle d’une centaine de kilomètres de la grande ville. Le dôme lumineux en astrophotographie, on le voit de très très loin », précise le chasseur d’étoiles.
 

La pollution lumineuse

Un ciel nuageuxLes ciels nuageux sont l’un des principaux obstacles à l’astrophotographie. Photo : Chasseurs d’étoiles / Stéphane Simard

La fameuse pollution lumineuse s’affiche au-dessus des villes comme un voile qui empêche de percevoir la lumière des étoiles. Les sources d’éclairage y sont trop nombreuses pour permettre le degré d’obscurité nécessaire à l’observation des corps célestes.

On ne peut échapper à cette réalité des grands centres urbains, mais ce n’est pas quelque chose qui perturbe particulièrement Stéphane Simard. Celui-ci s’inquiète plutôt des effets de la crise climatique, qui compromet beaucoup plus sérieusement l’avenir de ces jolis ciels étoilés.
 
« Ce qui m’inquiète le plus, c’est la pollution tout court. Les ciels, plus ça va, moins on en a. Quand il y a un réchauffement sur la planète, il y a plus d’évaporation, plus de nuages. » – Stéphane Simard

Que l’on possède un télescope haut de gamme ou une caméra bien basique, les ciels nuageux représentent sans doute l’obstacle le plus sérieux à l’observation des étoiles. Heureusement, il est encore possible d’échapper à la grisaille et il est facile de profiter des ciels clairs des froides soirées hivernales pour observer la voûte céleste.

L’observation des étoiles est une activité parfaite à faire en région; elle permet de sortir un peu de chez soi et de prendre l’air pendant cette pandémie qui s’éternise. Pour les personnes habitant les grandes villes comme Montréal, il faudra s’éloigner des milieux urbains pour avoir de belles prises de vue, en s’assurant bien sûr avant toute chose qu’il est permis de le faire dans le respect des consignes sanitaires et en suivant les recommandations gouvernementales sur les déplacements interrégionaux.