Escalade aux JO : une première compétition dans l’ombre du format combiné

L'athlète canadien Sean McColl
L'athlète canadien Sean McColl. Photo : Toru Hanai / Getty Images

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Le 3 août, des athlètes du monde de l’escalade participeront pour la première fois de l’histoire à une compétition olympique dans leur discipline. Les Jeux olympiques de Tokyo accueillent ce sport qui a gagné en popularité ces dernières années, mais la formule particulière choisie pour représenter l’escalade ne fait pas le bonheur de tout le monde.

Pour son introduction aux Jeux olympiques, trois disciplines distinctes de l’escalade sont regroupées dans une seule et même catégorie : le combiné. Pour décrocher une médaille, les athlètes devront donc se dépasser dans trois styles de grimpe bien différents, soit l'épreuve de difficulté, l’épreuve de bloc et l’épreuve de vitesse.

Trois styles d'escalade.

En ordre : l'escalade de difficulté, de bloc et de vitesse. Photos : Getty Images.

  • Escalade de difficulté : mieux connue sous son appellation anglaise « lead climbing », c’est sans doute la forme d’escalade la plus connue. Les athlètes olympiques doivent monter de longues voies et se rendre le plus loin possible en passant leur corde à travers différents points d’ancrage tout au long du parcours. C’est un style d’escalade qui nécessite beaucoup de technique et d’endurance.

  • Escalade de bloc : les athlètes grimpent des voies courtes au-dessus d’un sol matelassé, sans corde. Pour terminer une voie, il faut atteindre la dernière prise et y toucher avec ses deux mains tout en étant stable. Il s’agit de parcours qui doivent être surmontés avec des mouvements complexes, qui mettent généralement la flexibilité et la force musculaire de l’avant.

  • Escalade de vitesse : la voie parcourue est toujours identique, parfaitement verticale et d’un niveau intermédiaire. Le but est tout simplement d’atteindre le sommet le plus rapidement possible et d’appuyer sur un bouton qui fait cesser le décompte. C’est une discipline basée avant tout sur la mémoire musculaire et la vitesse.

Les athlètes qui pratiquent l’escalade de difficulté se débrouillent généralement en escalade de bloc et l’inverse est aussi vrai. Par contre, l’escalade de vitesse sollicite des compétences bien différentes. 

Demander aux grimpeurs et aux grimpeuses de performer dans les trois styles, c’est un peu comme demander à Usain Bolt de se qualifier dans les épreuves de marathon et de course à obstacles en plus des épreuves de sprint. 

Lors des discussions avec le Comité international olympique (CIO), la Fédération internationale d’escalade (IFSC) aurait opté pour cette formule combinée incluant les trois styles de grimpe puisque le CIO n’offrait qu’une seule remise de médailles pour le sport. 

Ainsi, les athlètes qui obtiendront une médaille cette année ne seront pas nécessairement ceux et celles qui auront le mieux performé dans chaque catégorie, mais ceux et celles qui auront su le mieux s’adapter aux trois styles de grimpe.

 

Les athlètes à surveiller

C’est en tout 40 athlètes, 20 hommes et 20 femmes, qui tenteront de s’emparer d’une médaille lors des épreuves d’escalade des Jeux olympiques de Tokyo. Le Canada sera représenté par Sean McColl et Alannah Yip, originaires de Vancouver.

Les athlètes canadiens Alannah Yip et Sean McColl.

Les athlètes Alannah Yip et Sean McColl. Photos : Getty Images.

À 33 ans, McColl fait partie des vétérans de l’escalade et des favoris de l’événement. Il a été sacré champion du monde de l’escalade combinée lors des compétitions internationales de l’IFSC en 2014 et en 2016, il connaît donc bien les trois épreuves qui l’attendent.

Alannah Yip, 27 ans, a un peu moins d’expérience que son homologue masculin en matière de compétition, mais elle a tout de même remporté une médaille d’or lors du championnat panaméricain d’escalade combinée en 2020. 

L’équipe canadienne fera toutefois face à des compétiteurs et des compétitrices de très haut niveau, comme le légendaire Adam Ondra, un grimpeur d’origine tchèque qui est réputé pour avoir grimpé la voie la plus difficile au monde. Au fil de sa carrière, l’athlète de 28 ans a remporté 22 médailles d’or lors des compétitions mondiales de l’IFSC.

Chez les femmes, Alannah Yip se mesurera entre autres à la grimpeuse slovène Janja Garnbret, médaillée d’or à six reprises lors des championnats du monde, ainsi qu’à la Britannique Shauna Coxsey, qui possède sept médailles d’or issues des championnats de l’IFSC.

L’équipe japonaise s’annonce aussi redoutable, avec ses quatre membres, Tomoa Narasaki en tête, qui ont développé une spécialité pour le combiné en améliorant leurs records de vitesse.

Les athlètes spécialistes de l’escalade de vitesse seront peu présents et présentes, en dehors de Bassa Mawem, le grimpeur d'origine française qui a remporté l’or en escalade de vitesse lors des coupes du monde de l’IFSC en 2018 et en 2019. Avec le format combiné, les athlètes adeptes de la vitesse sont fortement en situation de désavantage dans les deux autres épreuves, ce qui réduit leurs chances de se qualifier.

Pour les Jeux d’été de Paris en 2024, l’IFSC et le CIO ont déjà annoncé que l’épreuve de vitesse sera séparée des deux autres, dans une formule plus représentative du sport et de ses athlètes.

 


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