Pour souligner la troisième saison de la série documentaire La vie secrète des animaux, la biologiste du Zoo de Granby Julie Hébert répond à des questions inusitées sur le règne animal. Cette semaine, elle s'intéresse aux lamas et à leurs surprenants crachats!

Si, comme bon nombre de personnes, vous avez grandi en feuilletant les bandes dessinées des aventures de Tintin, vous êtes probablement familiers avec l’image du capitaine Haddock qui se fait copieusement arroser par un lama buté dans l’album Tintin et le temple du Soleil. Le volume de liquide qui est balancé à la figure du malheureux capitaine est certes nettement exagéré, mais cette fiction dépeint bel et bien un comportement véritable de l’herbivore sud-américain. 

Cracher n'est toutefois pas l’apanage du lama. C’est une stratégie utilisée par l’ensemble des camélidés, du dromadaire jusqu’à l’alpaga. Et l’objectif premier d’un tel comportement? Créer la surprise! 

Cracher au visage de son vis-à-vis (généralement un membre de sa propre espèce) sert d’abord et avant tout à surprendre, à stopper net le comportement en cours. Il s’agit d’une manière pour le quadrupède de signaler à ses congénères son irritation, son mécontentement. 

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Par exemple, durant la saison de reproduction, une femelle crachera sur un mâle insistant dont elle ne souhaite plus les avances. Cracher fait également partie des tactiques d’intimidation entre les mâles, un outil qu’ils utilisent afin de gagner leur droit sur les femelles. C’est aussi une manière de remettre à sa place un congénère qui s’approche un peu trop de sa nourriture. 

Règle générale, vu la composition de la mixture qui est reçue en plein visage, le message est reçu cinq sur cinq!

Le camélidé ne se limite pas à la salive présente dans sa bouche pour livrer son message. L’animal régurgite plutôt le contenu de son estomac qu’il propulse avec force jusqu’à dix mètres de distance. La manière d’éjecter la soupe digestive peut varier, selon l’intention et la distance à laquelle se trouve le destinataire : il peut s’agit d’un jet direct, plus concentré, ou d’une pluie fine qui arrose plus largement l’auditoire. 

Dans tous les cas, les destinataires se retrouvent couverts d’une mixture nauséabonde composée de liquide gastrique et de débris de végétaux partiellement digérés. Projetée dans les yeux et dans les narines, la substance peut causer d’importantes irritations.

Des signes à surveiller

Avant d’en arriver à ce coup de semonce acide et malodorant, les camélidés ont différents outils pour communiquer leur inconfort et ainsi éviter cette option radicale peu ragoûtante. 

Perturbé, dérangé ou agacé, le lama aura tendance à coucher ses oreilles vers l’arrière et à souffler intensément l’air par ses naseaux pour signifier qu’il souhaite qu’on le laisse tranquille. 

Si l’on ne saisit pas le message, l’animal pointe alors le menton et tend le cou vers l’avant avant de projeter sa mixture en une fraction de seconde, sans plus de cérémonie. 

Habituellement, les camélidés ne crachent pas sur les humains. En revanche, les animaux d’élevage qui partagent une étroite proximité avec ces derniers peuvent en venir à considérer les bipèdes comme faisant partie des leurs… et leur réserver les mêmes finesses!

Domestiqué depuis près de 6000 ans, le lama est un animal considéré docile et attachant. Sociable, patient et endurant, son premier choix d’intervention n’est pas l’agression . Mais dépourvu de cornes ou de sabots pour s’imposer, le placide camélidé a manifestement trouvé un moyen à toute épreuve pour signaler que, de son point de vue, assez c’est assez!

Tous les vendredis à 19h30 sur ICI Explora, La vie secrète des animaux vous permet de découvrir avec humour le quotidien des animaux du Zoo de Granby en compagnie de Stéphane Rousseau!