Le patrimoine mondial sous les eaux

Le patrimoine mondial sous les eaux

(Photo tirée de notre émission Englouties par les eaux)

D’abord, il y a Venise. La place Saint-Marc, déjà régulièrement inondée, devrait s’enfoncer sous les eaux dans un proche avenir et, avec elle, le joyau de l’Adriatique qu’est Venise. Malgré les barrières mobiles (MOSE) destinées à éviter sa submersion, la mer montera à un tel niveau qu’elles ne pourront plus protéger la ville de l’inondation. Comme l’écrivaient les auteurs du rapport de l’UNESCO : la question n’est pas de savoir si cela arrivera, mais quand?

Occasionnée par les changements climatiques et la hausse du climat, l’élévation du niveau de la mer risque de noyer de nombreux monuments et parcelles culturelles de notre planète. Une récente étude annonce la perte prochaine de 136 sites du patrimoine mondial de l’UNESCO menacés par la montée des eaux si la température planétaire moyenne augmente de 3 degrés C au cours des deux prochains millénaires.

Dubrovnik (Croatie), Byblos (Liban), Rhodes (Grèce), les Temples et églises de Goa (Inde), l’île de Gorée (Sénégal), la Ville de Zanzibar (Tanzanie), le Mont-Saint-Michel (France) ou encore la Statue de la Liberté, la liste s’allonge à briser le cœur. Les terres de plus de 7 % de la population mondiale seront immergées et 12 pays perdront la moitié de leur territoire.

Selon les simulations, entre 40 et 136 des sites pourraient être affectés par la hausse du niveau de la mer sur les 720 sites considérés patrimoine culturel de la liste de l’Héritage mondial de l’UNESCO. Dans le pire des scénarios, près de 109 sites seront immergés sous 5 mètres d’eau, estiment les chercheurs de l’étude.

Chaque degré de plus pourrait même élever le niveau de la mer de plus de 2 mètres dans le futur, indique Anders Levermann de l’Institut de Postdam pour la recherche des impacts climatiques. Son étude soutient qu’alors que l’expansion thermique de l’océan et la fonte des glaciers montagneux sont les plus importants facteurs de la hausse des mers aujourd’hui, les calottes polaires (ou « inlandsis ») du Groenland et de l’Antarctique seront les principaux contributeurs des deux millénaires à venir.

Il est possible de plonger déjà les villes sous les eaux grâce au site de l’informaticien britannique Alex Tingle. En croisant les données de la Nasa sur la montée des océans et les cartes de Google, différents scénarios peuvent être visualisés d’un seul clic. Et sans réels dommages!

Le sauvetage de Noé

Pour loger les hommes, des architectes envisagent de nouvelles constructions flottantes : îles artificielles, nouvelles résidences ou même une ville tout entière, imaginée par le visionnaire Koen Olthuis. Avec son Urban Water Plan, la Nouvelle-Orléans envisage plutôt d’apprendre à vivre avec la crue des eaux (intercepteur des rues, système d’écoulement, parcs inondables, etc.)

Comment sauverons-nous notre patrimoine culturel, fruit de la créativité des visionnaires d’hier? Digues, barrages et autres barrières tenteront d’endiguer les eaux, mais devant l’inexorable crue, il faudra inventer des solutions plus permanentes. D’abord, il faudra documenter les vulnérabilités — telle l’initiative européenne « Climate for Culture » et — puis choisir ce que l’humanité voudra — et pourra — préserver des eaux.

Pour en savoir plus

La carte des scénarios des inondations

Venise sous les eaux