De l'abeille au papillon : à la rencontre de nos pollinisateurs

Une abeille sur une fleur.

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La Journée mondiale des abeilles permet de rappeler le rôle crucial de ces vedettes de la pollinisation pour la biodiversité. Pour souligner l’événement, nous avons décidé de nous intéresser à elles, mais aussi aux autres espèces qui contribuent à leur manière à ce travail essentiel pour la reproduction des végétaux. 

Il est estimé que jusqu’à 90 % des plantes à fleurs dans le monde dépendent des insectes pollinisateurs pour assurer leur reproduction, un processus qui concerne aussi au moins 35 % de la production mondiale de nourriture.

Pour protéger ces espèces et bien comprendre leur importance pour la biodiversité, il faut d’abord les connaître. Voici donc un portrait des grands pollinisateurs du Canada!

 

L’abeille domestique

Les abeilles domestiques, celles qui produisent du miel, peuvent polliniser à elles seules en moyenne 80 % des plantes qui se trouvent dans un rayon de 10 km de leur ruche. 

D’origine européenne, les abeilles domestiques ne sont pas individuellement aussi efficaces que les abeilles indigènes pour la pollinisation, mais leur population nombreuse, en raison de leur vie en colonie, compense légèrement cette différence. 

Abeilles domestiques

Le régime alimentaire des abeilles change le goût et même la couleur du miel qu’elles produisent. Un des exemples les plus inusités de ce phénomène est celui d’abeilles en France qui s’étaient mises à produire un miel multicolore en 2012. Les responsables des ruches s’étaient alors rendu compte que leurs abeilles allaient chercher le sucre de bonbons M&M’s présents dans les rebuts d’une usine voisine.

Ces insectes sont essentiels pour la nature, mais ils ne doivent pas être surutilisés. Des études récentes ont démontré qu’un surplus d’abeilles domestiques, comme on peut le voir dans certaines villes, peut représenter une menace pour les abeilles indigènes

Ces dernières, qui ne vont généralement pas bien plus loin qu’à 500 mètres de leur nid pour butiner, peuvent se retrouver rapidement sans nourriture lorsque leur territoire est conquis par les abeilles domestiques.

 

Le bourdon

Chez les abeilles solitaires indigènes du Canada, les 20 à 30 espèces de bourdons sont parmi les plus efficaces pour la pollinisation. Contrairement aux abeilles domestiques, les bourdons ne font pas partie d’une colonie et ne produisent pas de miel en grande quantité. Ils vivent seuls dans des nids souterrains ou dans des cavités à l'abri des prédateurs.

Bourdon

Les bourdons sont bien occupés lors de leurs sorties; ils visitent les fleurs une à une à la recherche de nectar. Leur corps rond et poilu permet d’optimiser la quantité de pollen transporté lors de leurs déplacements, ce qui contribue à leur excellente capacité de pollinisation.

Depuis plusieurs années, les populations de plusieurs espèces de bourdons sont en déclin. Ils sont menacés par les pesticides, la destruction de leurs habitats et les changements climatiques, mais aussi par la prolifération des abeilles domestiques, qui peuvent épuiser les sources de nourriture sur un vaste territoire.

 

La guêpe

Elles ne sont pas toujours aimées, mais les guêpes font partie des espèces pollinisatrices importantes. Contrairement à la croyance populaire, elles ne sont pas des carnivores complètement désintéressées par les plantes.

En fait, en dehors du stade larvaire, les guêpes sont végétariennes. Elles se nourrissent de nectar et de sucre, comme les abeilles. 

Guêpe

Moins poilues que leurs cousines, elles transportent une quantité moindre de pollen, mais leur déplacement de fleurs en fleurs à la recherche de nectar contribue tout de même à l’effort collectif de pollinisation.

Le comportement des guêpes peut sembler agressif et leur capacité à piquer à plusieurs reprises leur donne mauvaise réputation, mais elles sont un élément essentiel de notre biodiversité.

Les coléoptères

L’ordre des coléoptères regroupe le plus grand nombre d’insectes sur terre, avec plus de 350 000 espèces. Sans qu’ils soient des spécialistes de la pollinisation comme les abeilles, leur simple nombre en fait des acteurs importants de la reproduction des végétaux.

Par exemple, les coccinelles, en plus de se nourrir des pucerons qui se trouvent sur les plantes, vont aussi parfois parcourir les fleurs à la recherche de nectar. D’autres espèces vont quant à elles utiliser la végétation pour pondre leurs œufs en toute sécurité. Chacun de ces déplacements d’une plante à l’autre représente une occasion pour les végétaux de répandre leur pollen.

Coccinelles

Agriculture et Agroalimentaire Canada relève aussi que les tunnels créés puis abandonnés par certaines espèces de coléoptères servent souvent d’abris aux abeilles solitaires.

 

Les mouches

En nature, il suffit d’observer la végétation pour retrouver très fréquemment des mouches posées sur les fleurs. Elles n’y consomment que très peu de nectar et ne sont généralement pas très intéressées par le pollen, mais ces passages fréquents contribuent tout de même au processus de pollinisation.

Mouche

Une étude réalisée en 2014 par l’Université de Bristol a d’ailleurs démontré que le rôle des mouches en matière de pollinisation est généralement sous-estimé. Certaines espèces sont même utilisées aujourd’hui en culture maraîchère pour polliniser les plantes qui sont moins attirantes pour les abeilles

 

Les papillons

Le rapport sur les insectes pollinisateurs réalisé par Agriculture et Agroalimentaire Canada établit une distinction importante entre les papillons actifs de jour (diurnes) et ceux actifs la nuit (nocturnes). 

Alors que les papillons diurnes semblent avoir un rôle de pollinisation négligeable, certaines plantes qui ne fleurissent que la nuit dépendent presque exclusivement des papillons nocturnes pour leur reproduction.

Papillon colibri

Le duvet qui recouvre ces espèces qui se déplacent la nuit les rend nettement plus efficaces pour transporter le pollen que les papillons actifs le jour, qui ont généralement peu de poils.

 

Protéger nos pollinisateurs 

Pour aider les espèces pollinisatrices, les spécialistes recommandent généralement de planter des fleurs et d’éviter de se doter de ruches dans certaines villes saturées, comme Montréal, pour laisser de la place aux espèces sauvages.

Un article de Radio-Canada recommande aussi de s’abstenir d’arracher les pissenlits à vue, puisqu’ils représentent une source importante de nutrition pour les insectes pollinisateurs.

À grande échelle, il faut aussi revoir l’utilisation de pesticides dans de nombreux contextes, puisqu’ils représentent l’une des premières causes du déclin des abeilles avec les changements climatiques.


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Sources : 

Les insectes pollinisateurs et l’agriculture au Canada | Agriculture et Agroalimentaire CanadaRuches urbaines : une fausse bonne idée? | Radio-Canada.ca Ministère de la transition écologique (France) Le déclin des abeilles | Greenpeace