La journaliste scientifique Marie-Pier Elie est fascinée par les insectes depuis toujours! En plus de coanimer Le gros laboratoire, elle profite régulièrement de ses passages à la radio pour transmettre sa passion et expliquer le rôle important de ces petites bestioles pour la biodiversité.
À l’occasion du 10e anniversaire d’ICI EXPLORA, nous avons discuté avec elle pour mieux comprendre cet univers fascinant.
D’où vient ta fascination pour les insectes?
Marie-Pier Elie : Quand j’ai commencé le journalisme, le sujet qui m’a fait gagner la bourse Fernand-Seguin [en 1998], c’est un reportage que j’avais écrit sur les coquerelles. D’aussi longtemps que je me souvienne, j'ai toujours été fascinée par les insectes, et pas seulement les plus populaires.
Peu importe quel insecte on prend, il y a tellement de choses incroyables, de sources de fascination... D’un point de vue évolutif, les insectes sont vraiment un grand succès. Il y a toujours un paquet de choses incroyables à apprendre d’eux.
On parle relativement peu des insectes dans les médias, et lorsqu’ils sont le sujet de reportages, ils n’ont pas toujours bonne presse… On sait aussi que leur population subit un déclin catastrophique depuis quelques décennies. Devrait-on s’intéresser davantage à eux?
M-P. E. : Oui, les insectes devraient prendre plus de place dans les médias; on devrait être plus sensibilisé à leur sort. Après tout, ils sont la base de la chaîne alimentaire pour plusieurs autres animaux qui sont des emblèmes de la conservation! Il y a bien de beaux oiseaux qui ne seraient plus là longtemps si les insectes venaient à disparaître.
Ce que je trouve malheureux, c’est que souvent, notre point de vue sur les insectes, en partant, est un petit peu biaisé. On a tendance à les voir comme quelque chose de dégoûtant ou de menaçant, alors que dans la vaste majorité des cas, ce n’est pas du tout ça! Ils sont vraiment utiles, et vraiment beaux, aussi!
On est très vite conditionné à les trouver laids, répugnants, repoussants… Quand on parle d’espèces menacées, de sujets d’actualité, on les oublie aussi souvent. On va avoir tendance à passer par des créatures qu’on trouve plus télégéniques; des symboles comme le panda ou d’autres beaux mammifères.
Qu’est-ce qui peut convaincre les gens de voir les insectes d’un autre œil?
M-P. E. : Le simple fait qu’ils sont tellement incroyables. Il y a plus d’un million d’insectes répertoriés, et probablement beaucoup plus qu’on ne connaît pas encore. C’est immense! C’est stupéfiant, cette diversité.
Quand on prend la peine de les observer de près – avec la photographie macro, par exemple –, on voit que l’évolution s’est exprimée d’une manière incroyablement créative à travers eux. Ils ont tellement de caractéristiques différentes, de palettes de couleurs originales…
Certains ressemblent à des bijoux, d’autres à de petits chars d’assaut. C’est fascinant, cette diversité.
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Les insectes jouent un rôle important pour la recherche scientifique. Quelle forme cela peut-il prendre?
M-P. E. : Un des modèles d’animaux par excellence dans les recherches en laboratoire, c’est la drosophile, celle qu’on appelle communément la mouche à fruits. À elle seule, cette petite mouche qu’on n’aime pas toujours quand elle envahit nos fruits, elle a permis à la science, à la génétique de progresser de manière assez fulgurante.
C’est un modèle expérimental par excellence; je dirais même que c’est l’emblème des modèles expérimentaux qui nous ont permis de comprendre toutes sortes de choses. Mais même au-delà de ces expériences, c’est une « bibitte » fascinante en soi.
Peut-on s’attendre à voir des expériences avec les insectes dans une prochaine saison du Gros laboratoire?
M-P. E. : On a fait quelque chose avec les moustiques dans la première saison, mais il n’y en a pas tant que ça! J’aimerais en voir plus!
As-tu des projets en cours qui te permettent de te rapprocher un peu plus de ton sujet de prédilection?
M-P. E. : C’est très personnel, mais il suffit d’aller voir mon compte Instagram pour voir que j'aime faire des photos d’insectes!
J’aime beaucoup la photo en général, mais les insectes sont vraiment mon sujet préféré, et de loin, à photographier. Le sujet en tant que tel est tellement impressionnant que la photo devient très facilement intéressante. J’ai déjà passé un temps fou accroupie dans une tourbière à pourchasser des insectes juste pour avoir la bonne photo. Pour moi, il y a quelque chose de très méditatif là-dedans.
Je pense que les insectes mériteraient qu’on braque plus les projecteurs sur eux, donc c’est sûr que lorsqu’on me donne l’occasion d’en parler, que ce soit à la télévision ou à la radio, je le fais.
Éventuellement, qui sait? S’il y a une série documentaire qui met en vedette les insectes, c’est certain que j’embarque!
Marie-Pier Elie, merci!
Regardez la minute ICI Explora avec Marie-Pier Elie
