Une sécurité réelle aide-t-elle à affronter les phobies en réalité virtuelle?

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Cette semaine, l’équipe du Gros laboratoire a décidé d’utiliser la réalité virtuelle dans une nouvelle expérience, qui a permis aux cobayes d’affronter leur phobie. Face à nos grandes peurs, est-ce que les mécanismes de sécurité présents dans le monde réel sont efficaces lorsque nous nous plongeons dans un univers virtuel?

Pour cette expérience, une sélection a d’abord été faite parmi les cobayes du Gros laboratoire pour ne choisir que des personnes sensibles à la peur des hauteurs.

Les participantes et les participants devaient mettre un casque de réalité virtuelle afin d’être confrontés à un scénario immersif spécifiquement choisi pour attiser leur phobie : marcher le plus loin possible sur une planche suspendue au-dessus du vide, dans un délai de deux minutes.

Pour rendre l’expérience plus réaliste, une planche de la même dimension que celle du monde virtuel avait été mise au sol d’une grande salle et celle-ci demeurait cachée par un rideau jusqu’à ce que les cobayes s'immergent dans le scénario diffusé par l’appareil de réalité virtuelle.

Les cobayes d'un premier groupe étaient équipés d’un vrai harnais, attaché à un fil en acier au-dessus de leur tête, alors qu’un deuxième groupe faisait la même expérience sans ce dispositif de sécurité. 

Les cobayes du Gros laboratoire lors d'une expérience de réalité virtuelle.

Les cobayes du Gros laboratoire lors de l'expérience.

« Le but de l’expérience était de voir si un équipement de sécurité, réel, mais parfaitement inutile, pouvait faussement les rassurer devant des risques qui n’existent pas », explique l’animateur Jean-René Dufort.

Des moniteurs de fréquences cardiaques permettaient d’analyser les émotions vécues par les cobayes tout au long de cette expérience.

Les résultats ont été plutôt étonnants : parmi les deux groupes, les personnes qui portaient le harnais avaient tendance à avoir une fréquence cardiaque plus élevée que celles qui n’en portaient pas. Cependant, elles parcouraient une plus longue distance, avec 50 centimètres de plus en moyenne. 

Dans le groupe sans harnais, 14% des cobayes ont même abandonné l’expérience en cours de route, contre 0% pour ceux et celles de l’autre groupe.

En conclusion, le fait de porter un harnais rendait peut-être l’expérience encore plus réaliste pour les cobayes et, donc, plus stressante,  mais ce dernier procurait aussi le même sentiment de sécurité que dans une situation réelle et leur permettait d’aller plus loin malgré leur phobie.

 

La réalité virtuelle pour affronter nos peurs

Comme l’expérience a pu le démontrer, la réalité virtuelle est donc un excellent outil pour affronter ses peurs en toute sécurité, et cette technologie est même utilisée aujourd’hui dans certaines cliniques pour traiter les phobies.

L’an dernier, l’équipe du Gros laboratoire avait d’ailleurs prouvé que la réalité virtuelle permet d’éveiller les phobies aussi facilement que les situations réelles, étant donné que cette technologie parvient très bien à tromper nos sens et notre cerveau.

Il est notamment possible de paramétrer les mondes virtuels afin de s’exposer graduellement, une étape à la fois, à ce qui fait peur, tout en pouvant facilement se retirer de la situation si l’expérience devient trop intense.

Pour rassurer les personnes qui se soumettent à ces thérapies par la réalité virtuelle, les spécialistes peuvent également faire comme dans l’expérience du Gros laboratoire et intégrer des éléments du monde réel pour inspirer un sentiment de sécurité à la patientèle, même s’il n’y a pas de vrai danger.

Peur des hauteurs? Des araignées? De l’océan? Un petit plongeon dans l’univers de la réalité virtuelle, dans un contexte approprié, est peut-être le meilleur moyen de vaincre nos phobies une fois pour toutes!