Cette semaine, une expérience du Gros laboratoire a permis de tester la boussole interne des cobayes. Privés de leur sens, les participants et les participantes tentaient de s’orienter de leur mieux, une tâche qui peut sembler simple, mais qui relève presque de l’impossible. On vous explique pourquoi!
Les participants et les participantes de cette nouvelle expérience du Gros laboratoire devaient traverser un terrain de football d’une largeur de 60 mètres en tentant de rester en ligne droite. Chaque personne portait des lunettes opaques et un casque antibruit afin de ne pas pouvoir utiliser la vue ou l’ouïe pour s’orienter.
Jean-René Dufort et Marie-Pier Élie, qui supervisaient ensemble l’expérience, ont rapidement constaté qu’à peu près personne ne parvenait à marcher en ligne droite privé de ces deux sens.
En moyenne, les cobayes ont dévié de leur trajectoire de 9 degrés en seulement quelques dizaines de secondes, avec une déviation maximale de 23 degrés.
Dans une telle situation, le cerveau tente de compenser l’absence d’information visuelle et auditive en analysant l’environnement à partir des autres sens, en se fiant par exemple sur la perception de l’oreille interne, qui régit le sens de l’équilibre, ou sur les capteurs de mouvements situés dans les articulations et les muscles.
Généralement, ces mécanismes biologiques ne sont toutefois pas suffisants pour permettre à une personne normale de s’orienter.
Afin de marcher droit, un être humain moyen a besoin de points de repère, le soleil, par exemple, si l’on traverse un désert, ou simplement le trottoir de l’autre côté quand on traverse la rue.
– Jean-René Dufort, animateur de l’émission Le gros laboratoire.
L'importance des repères
En 2009, une équipe de scientifiques allemande a réalisé une étude en effectuant des tests similaires sur une plage et dans le Sahara. À la différence de l’expérience du Gros laboratoire, les cobayes avaient simplement un sac de tissu sur la tête et pouvaient marcher durant près d’une heure avant qu’on leur signale d’arrêter.
Le constat était toutefois le même : systématiquement, les participants et les participantes finissaient par dévier de leur trajectoire et tourner en rond.
Soupçonnant que l’absence de repères visuels était suffisante en soi pour empêcher une personne de s’orienter, le scientifique qui dirigeait l’expérience a donc décidé de refaire le même test, mais cette fois dans une forêt dense, sans entraver la vue des cobayes.
Cette suite de l’expérience est venue confirmer son hypothèse : les personnes qui marchaient sous un ciel nuageux, avec une visibilité plus faible, finissaient inévitablement par se perdre et par dévier grandement de leur trajectoire.
Sous un ciel ensoleillé, plusieurs personnes arrivaient à marcher dans une trajectoire relativement droite, en utilisant le soleil comme repère.
L’expérience a permis de confirmer l’importance d’un repère visuel en dehors de notre environnement immédiat pour s’orienter, que ce soit le soleil, une montagne, un bâtiment, la lune ou même les étoiles.
Sans un tel repère, notre instinct nous pousse généralement à tourner en rond, un phénomène que la science tente encore d’expliquer!