Selon l’UNESCO, le patrimoine culturel subaquatique serait constitué de plus de trois millions de biens, dont un grand nombre d’épaves. Dans la série Épaves légendaires, plongeuses, plongeurs, enquêtrices, enquêteurs et archéologues retracent les derniers moments de navires frappés par la catastrophe et des gens à bord. Nous vous invitons à découvrir certaines des histoires maritimes les plus mystérieuses d’ici et d’ailleurs.
L’inestimable cargaison du San José
Combat naval au large de Carthagène, 28 mai 1708, Samuel Scott. Crédit photo : National Maritime Museum / Wikimedia Commons
Depuis son naufrage, survenu pendant un affrontement avec des corsaires britanniques en 1708 au large des côtes colombiennes, le San José suscite bien des convoitises chez les chasseuses et chasseurs de trésors. La raison? Le galion espagnol était chargé d'acheminer au roi Philippe V l’or, l’argent, les émeraudes et les bijoux collectés dans les colonies sud-américaines, une cargaison estimée à 17 milliards de dollars américains.
Après plus de trois siècles de spéculations et de fouilles, l’épave a officiellement été localisée en novembre 2015 lors d’une expédition colombienne. Officieusement, l’emplacement du San José aurait été découvert en 1981 par l'entreprise américaine Sea Search Armada (SSA), à qui devait revenir la moitié du butin selon l’entente passée avec le gouvernement. D’après la SSA, ce dernier se serait plutôt empressé d’adopter une loi pour obtenir l’entière propriété de l’épave et invalider le contrat passé avec la compagnie éconduite. L’épave va probablement continuer à faire couler beaucoup d’encre, puisque la Colombie, la Bolivie et l’Espagne se disputent aussi la propriété du navire, qui gît encore aujourd’hui à 950 mètres sous la surface de la mer.
Le trésor légendaire du Télémaque
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Un autre navire, cette fois-ci appartenant à la couronne de France, semble ne pas avoir livré tous ses secrets. En janvier 1790, une déferlante entraîne le Télémaque au fond du port de Quillebeuf-sur-Seine, où il est amarré, alors qu’il s’apprête à traverser la Manche en direction de l’Angleterre. Si le bateau ne transporte officiellement que des marchandises sans grande valeur, 300 hommes sont dépêchés pour le remonter à la surface sous prétexte qu’il gêne la navigation.
Cette tentative s'avère infructueuse et les rumeurs commencent à se répandre : et si la cargaison abritait plutôt la fortune de Louis XVI, qui, au lendemain de la prise de la Bastille, devait être envoyée en lieu sûr? Tous les essais intentés depuis pour retrouver le butin se sont soldés par un échec. Deux hypothèses ont alors été émises dans les années 1980. La première veut que la carcasse du Télémaque se trouve sous le terrain de football de la petite ville normande, le lit du fleuve ayant été modifié au fil du temps. La seconde suggère que les Quillebois, connus pour être de bons marins, ont récupéré le trésor royal après le naufrage.
Une épave retrouvée grâce à un chant breton
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Si on estime à au moins 250 les épaves englouties dans les eaux de l’île de Sein, une a particulièrement marqué les insulaires, celle du Catharina. Le naufrage du trois-mâts suédois en 1896, qui n’a laissé aucun indice quant à son emplacement, a pourtant inspiré le texte d’un chant breton écrit à l’époque par un insulaire. Depuis, le morceau Catharina Stockholm est bien ancré dans la culture locale et résonne dans cette petite communauté à chaque occasion.
Alors quand les plongeurs de la Société d’archéologie et de mémoire maritime (SAMM) se sont un jour penchés sur ses paroles, un élément leur a mis la puce à l’oreille; l’auteur mentionne notamment un rocher appelé Ar Gazec, qui est alors devenu le point de départ de nouvelles recherches. Après une enquête de longue haleine, l’équipe a finalement pu mettre la main sur la carcasse du bateau, qui restera à jamais gravée dans la mémoire de la population locale.
Le mystère des plaques de Tjipetir
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À partir de 2012, de mystérieuses plaques de gomme se sont échouées par centaines du nord de l’Espagne à la Suède, en passant par le Royaume-Uni. Toutes portent la même inscription, « Tjipetir », le nom d’un village situé sur l’île indonésienne de Java, justement spécialisé dans la fabrication de gutta-percha, un latex d'origine naturelle utilisé dans la confection de nombreux objets, jusqu’à la fermeture de son usine, en 1920.
Les spéculations vont alors bon train quant à la provenance de ces plaques que l’on trouvait dans la majorité des paquebots au début du 20e siècle. Si certains avancent que la cargaison provient du Moerdyk, un navire hollandais qui a coulé en 1904, d’autres pensent plutôt que le Titanic commence à se désagréger, libérant peu à peu ses marchandises. Compte tenu du large spectre sur lequel elles se sont dispersées, portées par les courants marins, ainsi que de leur état de conservation qui suggère qu’elles n’ont pas été exposées à la lumière, il apparaît que ces plaques proviennent bien de l’épave d’un ou de plusieurs bateaux. Reste maintenant à savoir lesquels.
Le Saint Graal des chasseuses et chasseurs d’épaves des Grands Lacs
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Depuis sa disparition mystérieuse, en 1679, dans les eaux des Grands Lacs, le Griffon hante l’imaginaire des historiennes, historiens, plongeuses et plongeurs. De nombreuses recherches ont pourtant été menées pour retrouver le premier bateau à avoir navigué sur les lacs Érié, Huron et Michigan. Tout juste construit par l'explorateur français René Robert Cavelier de la Salle, le Griffon était promis à un bel avenir; il devait permettre l’exploration de contrées lointaines, le Mississippi et la Louisiane, et par le fait même contribuer à développer l’économie de la Nouvelle-France.
Malheureusement, si son naufrage au retour de son voyage inaugural avec à son bord une importante cargaison de fourrures reste inexplicable, son emplacement est tout aussi introuvable. Plusieurs spécialistes ont pourtant cru avoir trouvé l’épave au cours des dernières décennies, à tort. Le mystère ne semble donc pas encore prêt à être résolu.