Faut-il craindre les débris spatiaux?

Des habitants d'une petite ville brésilienne observent les débris d'une navette spatiale européenne.
Un morceau d'une navette spatiale européenne a été retrouvé au brésil en avril 2014. Photo : Tarso Sarraf / AFP via Getty Images

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La prolifération des débris spatiaux accompagne inévitablement la croissance du nombre de satellites autour de la Terre. Qu’il s’agisse de petits fragments de fusées ou d’énormes satellites inactifs, tout ce qui monte en orbite finit par redescendre sur notre belle planète. Mais où atterrissent généralement ces bouts de machines, et surtout, quels risques cela représente-t-il pour les êtres humains?

Selon la NASA, plus de 23 000 débris dont la taille est supérieure à celle d’une balle de baseball sont actuellement en orbite autour de la Terre. Ils sont tous prédestinés à regagner notre atmosphère un jour, mais certains passeront beaucoup plus de temps que d’autres dans l’espace.

L’agence spatiale américaine estime que les débris spatiaux qui sont en orbite à moins de 600 km de la surface de la Terre retournent dans notre atmosphère en quelques années seulement alors que ceux qui sont situés à une distance supérieure à 1000 km peuvent y demeurer pendant un siècle ou plus.

La majeure partie de ces débris spatiaux brûlent lorsqu’ils pénètrent dans l’atmosphère, donc bien avant d’atteindre le sol. Toutefois, quelques-uns s’écrasent quand même avec force sur notre planète. Heureusement, ces atterrissages violents se font majoritairement dans des régions très peu peuplées.

 

Un cimetière de débris spatiaux

Les agences spatiales parviennent dans bien des cas à prévoir l’endroit approximatif où retomberont certains débris spatiaux, surtout lorsqu’il s’agit de satellites qui atteignent la fin de leur vie utile. 

Ces derniers sont souvent dirigés vers le point Nemo, l’endroit parfait pour réduire les risques de collision avec des humains ou des bâtiments.

Nommé en l’honneur du capitaine du célèbre roman d’aventures Vingt mille lieues sous les mers, le point Nemo est la zone océanique la plus éloignée de toute terre. Située au cœur de l’océan Pacifique, cette région est en fait si isolée que les astronautes à bord de la Station spatiale internationale (SSI) sont souvent les êtres humains les plus proches de celle-ci.

L'emplacement du point Nemo.

Ce lieu de solitude est aujourd’hui considéré comme un cimetière pour les satellites et autres débris spatiaux qui peuvent effectuer une entrée contrôlée dans l’atmosphère. C’est d’ailleurs à cet endroit que la NASA compte diriger la SSI en 2030, à la fin de sa mission.

Ce ne sont toutefois pas tous les engins qui finissent leur vie à cet endroit. Il arrive tout de même fréquemment que des débris spatiaux effectuent des retours non contrôlés dans notre atmosphère, comme on a pu le constater récemment avec la désintégration d’une fusée chinoise au-dessus de l’océan Indien.

 

Faut-il surveiller le ciel?

Règle générale, il n’y a pas lieu de craindre ces débris qui tombent du ciel. Les risques qu’ils blessent une personne sont infimes. 

Un chercheur américain a fait le calcul pour le compte du média The Conversation. Ses statistiques révèlent que les probabilités qu’un tel objet frappe une personne quand il retourne sur Terre sont d’environ une sur 10 000

L’auteur de la publication, un ingénieur en aérospatiale, précise aussi que si l’on parle d’une personne en particulier, que ce soit vous-même ou le pape, la probabilité passe alors à une sur un billion.

Un morceau de la navette Columbia s'est écrasé dans le ranch de cet Américain lors de la tragédie de 2003. Photo : Mike Nelson /AFP via Getty Images

En fait, depuis les débuts de la conquête spatiale, une seule personne a été heurtée par un débris d’origine humaine provenant de l’espace : l’Américaine Lottie Williams.

En 1997, lors d’une promenade nocturne avec des amies dans un parc de Tulsa, en Oklahoma, cette femme a été heurtée par un morceau de tissu provenant probablement du réservoir de carburant d'une fusée Delta II. La légèreté de ce débris a heureusement fait en sorte qu’elle est sortie complètement indemne de cette expérience pour le moins extraordinaire.

Bien qu’il y ait donc généralement peu de raisons de s’inquiéter du retour sur Terre de ces débris, ces derniers s’avèrent toutefois problématiques lorsqu’ils sont encore dans l’espace.

 

Le syndrome de Kessler

Actuellement, les débris spatiaux représentent surtout une menace pour les futures missions spatiales. Avec leur nombre qui augmente, le risque qu’ils représentent pour les satellites en orbite devient aussi de plus en plus grand.

En raison de la vitesse des appareils qui tournent autour de la Terre, même les impacts avec des objets de très petite taille peuvent causer des dégâts extrêmement importants.

Un exemple des dommages pouvant être causés par une toute petite bille métallique. Photo : ESA, CC BY-SA 3.0 IGO

Le scénario le plus catastrophique envisagé par les scientifiques est celui du syndrome de Kessler, une réaction en chaîne qui pourrait détruire les satellites les uns à la suite des autres et ultimement rendre presque impossible l’envoi de nouveaux appareils dans l’espace.

C’est notamment pour éviter une telle catastrophe que les agences spatiales détectent et traquent les débris dangereux afin d’ajuster le positionnement des satellites et d’éviter autant que possible les impacts.

Dimanche à 19 h sur ICI Explora, le documentaire Alerte aux débris spatiaux! explore en détail les différentes facettes de ce problème. C'est un rendez-vous à ne pas manquer si vous désirez en apprendre plus sur le sujet!