Chaque samedi à Curium, Félix-Antoine Tremblay explore des thèmes scientifiques pour les décortiquer avec humour et simplicité. Cette semaine, il s’intéresse à notre relation avec les animaux dans notre milieu de vie et, plus particulièrement, à la situation précaire de la rainette faux-grillon de l’Ouest.
Cette minuscule grenouille, qui dépasse rarement les quatre centimètres, était autrefois abondante au Québec, surtout en Montérégie. La destruction des milieux humides causée par l’étalement urbain a toutefois contribué massivement au déclin de cette espèce, à un point tel qu’elle se trouve aujourd’hui menacée.
« Plus de monde dans les villes, ça veut dire plus d’immeubles, plus de routes et surtout moins d’espaces verts », explique l’animateur de Curium, Félix-Antoine Tremblay.
Si les scientifiques s’intéressent autant à cette toute petite grenouille, c’est parce qu’il s’agit d’une espèce parapluie qui reflète l’état de santé de la biodiversité dans son milieu de vie.
Les espèces parapluies sont nommées ainsi parce que leur simple existence permet de protéger de nombreux animaux avec lesquels elles partagent un même habitat. Au Canada, des mammifères comme le grizzly, le caribou, le lynx et le hérisson ont aussi ce rôle.
La rainette faux-grillon est particulièrement importante dans certains écosystèmes, puisqu’elle représente une source de nourriture non négligeable pour les prédateurs dans son environnement. Elle permet aussi de contrôler les populations d'algues présentes dans les cours d’eau, des végétaux dont les têtards se nourrissent.
« C’est vraiment une ressource pour beaucoup d’autres espèces, parce qu’elle est au début de la chaîne alimentaire », résume Aurore Fayard, biologiste à l’Université Laval, en entrevue à Curium.
« En protégeant la rainette faux-grillon, on va aussi protéger tout ce qui est relié à elle : les étangs, les boisés, la végétation et les animaux qui fréquentent son territoire », précise Félix-Antoine Tremblay.
Des efforts de conservation
L’Université Laval, en collaboration avec le Biodôme de Montréal et la Sépaq, mène actuellement une initiative de conservation pour mieux étudier l’espèce et tenter de la protéger.
Des grenouilles se reproduisent en captivité au Biodôme, puis les têtards qui sont issus de ce processus sont transférés dans des bassins d’élevage situés au parc national du Mont-Saint-Bruno. À cet endroit, les rainettes grandissent, puis sont marquées d’un tatouage coloré une fois qu’elles sont adultes avant d’être lâchées dans la nature.
Les étangs peu profonds où elles sont déposées sont judicieusement choisis pour qu’elles soient à l’abri d’une prédation excessive. Jusqu’à aujourd’hui, plus de 700 rainettes faux-grillons ont été réintroduites dans la nature grâce à cette initiative.
Chaque année, les biologistes responsables de ce programme continuent d'évaluer le taux de survie de ces amphibiens et la croissance de leur population en retournant sur ces lieux et en observant les grenouilles tatouées ainsi que leur progéniture.
Sans renverser les ravages causés par l’étalement urbain, de telles initiatives de protection de la faune permettent de donner un second souffle à des espèces qui en ont bien besoin!
Pour voir le reportage complet et en savoir plus sur le sujet, ne manquez pas Curium, samedi à 18 h (en rediffusion le dimanche matin à 7 h) sur ICI Explora! Découvrez aussi les nombreux contenus exclusifs de la série sur la zone Jeunesse de Radio-Canada.