La rainette faux-grillon : portrait d’une espèce vulnérable

La rainette faux-grillon : portrait d’une espèce vulnérable
Photo : iStock

ICI EXPLORA

La rainette faux-grillon de l’Ouest a fait beaucoup parler d’elle ces derniers jours, et pour cause : un projet de construction du Canadien National (CN) a détruit l’un des derniers habitats de cette espèce au Québec. Plus que jamais, ce petit amphibien se trouve en état de vulnérabilité dans la Belle Province en raison du déclin rapide des milieux humides.

Le quotidien La Presse révélait mercredi que le remblayage de milieux humides à Longueuil en 2021 par l’entreprise CN a détruit un espace qui abritait l’une des dernières populations de rainettes faux-grillon au Québec. L’article dévoilait du même souffle qu’il ne resterait pas plus que « sept populations de rainettes encore viables au Québec ».

Par population viable, les biologistes parlent notamment de populations qui disposent d’une diversité génétique assez variée et des ressources naturelles nécessaires pour assurer la reproduction et la survie de l’espèce dans une région.

La rainette faux-grillon est donc considérée comme vulnérable au Québec, un triste constat qui ne date toutefois pas d’hier.

Selon des données du gouvernement du Canada, la population de ces amphibiens était déjà en déclin rapide en 2008, avec une diminution d’environ 37 % des individus depuis le début des années 2000. La situation n’a cessé d’empirer depuis.

L’espèce est jugée menacée à l’échelle du Canada, un état encore plus critique qu’au Québec.

Les rainettes dépendent des milieux humides pour assurer leur survie. Elles se reproduisent entre mars et juillet dans ces lieux aquatiques souvent temporaires qui permettent de garder les têtards à l’abri des prédateurs. 

La destruction ou la disparition de ces lieux, des événements qui sont souvent liés à des projets de construction, viennent directement nuire à la survie de l’espèce.

Quelques caractéristiques distinctives de la rainette faux-grillon

La rainette faux-grillon est un petit anoure dont la taille varie entre deux et quatre centimètres. En plus des quelques populations de cette espèce qui subsistent encore au Québec, elle est aussi présente dans le sud de l’Ontario et dans quelques États américains à la frontière de cette province.

Selon la documentation du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, ce type de rainette est particulièrement identifiable par ses rayures dorsales foncées ainsi que par son chant strident, sec et répétitif.

Ce chant est d’ailleurs un indicateur bien utile pour les biologistes et autres spécialistes qui étudient l’espèce. En l’enregistrant avec certains outils, il est possible d’évaluer l’état des populations de rainettes faux-grillon dans différents milieux.

On peut surtout l’entendre à partir du mois de mars, au début de la période de reproduction. Lors de cette période, les femelles ont des portées qui varient grandement et peuvent pondre jusqu’à 250 œufs.

On peut entendre le chant de la rainette faux-grillon dans cette vidéo du ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs.

Beaucoup d’individus peuvent donc s'ajouter à une population de rainettes en une seule saison, si les conditions sont favorables et que les têtards arrivent à maturité.

En dehors de la période de reproduction, l’espèce se trouve généralement dans les champs et les sous-bois près des milieux humides.

 

Un peu d’espoir pour l’avenir de l’espèce

Il n’y a pas que de mauvaises nouvelles pour l’avenir de la rainette faux-grillon : la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a adopté jeudi un nouveau règlement pour assurer la préservation de 12 637 hectares de milieux naturels, des lieux qui englobent entre autres les habitats connus de l’espèce au Québec.

D’autres moyens seront aussi mis en place pour éviter des incidents comme celui avec le CN, en commençant par la mise en place d’une cartographie interactive des milieux protégés.

Il y a donc encore de l’espoir pour la rainette faux-grillon et pour les autres espèces qui dépendent des milieux humides pour survivre, à condition que des mesures législatives continuent de protéger ces habitats et que les projets de construction près des aires de conservation soient mieux encadrés.

Sources :