Ce que les crottes nous disent
Dans le sillage de l'écologue Scott Burnett, le rôle méconnu des excréments des animaux dans le comportement des espèces et les cycles de la nature. Il a fallu trois ans à une équipe internationale de chercheurs pour comprendre pourquoi les déjections du wombat, un marsupial australien, avaient la forme d'un cube à six faces. Moins enclines à s'éparpiller que si elles étaient sphériques, elles permettent aux congénères d'un même territoire de disposer d'informations sur ceux qui les ont laissées dans leurs latrines collectives. Une tactique utilisée aussi par une espèce menacée comme le rhinocéros indien. Dans la réserve naturelle de Pobitora, ces derniers, via les odeurs présentes dans leur fumier, peuvent identifier le rang de chaque individu au sein du groupe ainsi que sa disponibilité sexuelle. Les excréments des baleines bleues jouent, eux, un rôle dans la chaîne alimentaire, le fer qu'ils contiennent étant absorbé par le phytoplancton dont se nourrit le krill, aliment de base des cétacés. Mais aussi dans la régulation du CO2 dans l'atmosphère : ingéré par le krill sous forme de phytoplancton, le carbone rejeté dans leurs matières fécales finit au fond des océans. Quant au casoar à casque, un oiseau coureur des forêts tropicales humides d'Australie, on lui doit sans doute la préservation de la végétation locale. Disséminés dans la nature au fil de ses pérégrinations, les graines, pépins et noyaux de plus de 260 espèces végétales différentes qu'il rejette dans ses défécations sont à l'origine de nouvelles germinations.