À quoi servent les rayures du zèbre?

Un zèbre dans la savane.
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Pour souligner la troisième saison de la série documentaire La vie secrète des animaux, la biologiste du Zoo de Granby Julie Hébert répond à des questions inusitées sur le règne animal. Cette semaine, elle s'intéresse aux étranges motifs de la toison du zèbre!


Opiniâtre et fier, le zèbre est un équidé sauvage d’Afrique. Impossible à confondre avec un autre mammifère, il se distingue par son immanquable toison rayée blanc et noir. Souvent jugée curieuse (après tout, ne s’agit-il pas d’un cheval en pyjama?!), sa robe deux tons a longtemps intrigué les scientifiques… et elle continue de le faire! Quel avantage évolutif peut bien se trouver derrière un tel motif de pelage? 

À notre œil, l’animal semble vouloir attirer tous les regards plutôt que de chercher à disparaître dans le paysage, comme le font la majorité des herbivores. Mais ne vous laissez pas berner par les apparences : dans la vie comme dans la savane africaine, tout n’est pas blanc ou noir! 

Si la fonction des rayures fait encore débat dans la communauté scientifique, les recherches se concentrent désormais sur trois explications possibles : la thermorégulation, la protection contre les piqûres d’insectes et l’évasion contre la prédation. 

 

Échapper aux prédateurs

D’abord, aussi étrange que cela puisse paraître, le motif de rayures viendrait influencer la perception des prédateurs. On ne parle pas de camouflage comme tel, mais bien de la création d’une illusion d’optique! 

Des études ont démontré que les rayures pouvaient être perçues par la majorité des prédateurs à près de 50 mètres en plein jour, mais seulement à moins de 30 mètres en pleine nuit, moment privilégié pour la chasse. Les nuits sans lune, un prédateur ne parvient à distinguer le motif zébré que s’il se trouve à moins de neuf mètres de l’animal : suffisamment près pour que la proie risque de l’entendre ou de le sentir. 

Des zèbres au galop.

Photo : iStock

Au-delà de cette distance, la cible apparaît plutôt grise et se confond davantage avec l’environnement : pratique, considérant que le lion, par exemple, ne distingue pas les couleurs et perçoit son univers en nuances de gris. 

Une autre idée avance qu’au moment de la fuite, les rayures qui s’entremêlent dans le troupeau lancé au galop rendent la focalisation sur un seul individu plus difficile pour le prédateur. À défaut de parvenir à isoler sa proie, l’assaillant, qui ne compte que quelques secondes pour établir le contact, abandonnerait la poursuite. Cette théorie, par contre, est plus difficile à confirmer scientifiquement et ne fait pas l’unanimité parmi les biologistes.

 

Repousser les insectes

L’une des hypothèses les plus soutenues propose que les rayures blanches et noires servent de répulsif naturel contre les insectes piqueurs. 

En Afrique, ces nuées d’importuns peuvent transmettre, notamment, la maladie du sommeil, la peste équine et la grippe équine, potentiellement mortelle. 

Des études ont démontré que les mouches et les taons ont beaucoup moins tendance à se poser sur les pelages rayés que sur les robes unies. Si la même quantité d’insectes tournoie autour des animaux à pelage uni ou rayé, les bestioles semblent avoir de la difficulté à percevoir les rayures comme un site propice où se poser, ils ont tendance à rebondir sur le pelage. 

Placé dans les mêmes conditions, le zèbre est donc nettement moins embêté par les moustiques que son cousin domestique, le cheval.

 

Réguler la température corporelle

D’autres chercheuses et chercheurs sont, pour leur part, convaincus que l’avantage évolutif du pelage blanc et noir du zèbre est d’abord et avant tout une question de thermorégulation. 

L’idée derrière cette hypothèse est que les bandes noires et blanches chauffent différemment sous l'effet du soleil, ce qui provoquerait des microturbulences au ras du pelage. 

Ces mouvements d’air à la surface de la peau du zèbre seraient suffisants pour diminuer sa température corporelle, un net avantage quand on broute en terrain découvert sous un soleil de plomb. 

Des zèbres s'arrêtent pour boire à une source d'eau.

Photo : iStock

On observe d’ailleurs que les zébrures des espèces vivant au nord, soumises à des températures plus chaudes, sont généralement mieux définies sur le pelage que celles des individus vivant au sud, dans les régions plus fraîches.

Antimoustique révolutionnaire, trompe-l’œil surprenant ou climatiseur naturel, la robe rayée du zèbre n’a manifestement pas fini de faire jaser! 

Une chose sur laquelle la communauté scientifique s’entend, cependant, c’est que Dame Nature ne fait jamais rien pour rien : loin d’être une aberrante coquetterie, les jolies rayures du zèbre cachent probablement encore bien des avantages qui continueront d’occuper les biologistes pour les années à venir!


Tous les vendredis à 19 h 30 sur ICI Explora, La vie secrète des animaux vous permet de découvrir avec humour le quotidien des animaux du Zoo de Granby en compagnie de Stéphane Rousseau!