Humanité 2.0 : la performance sans limites

Humanité 2.0 : la performance sans limites

En diffusion les mercredis à 22 h sur ICI Explora, la série Human +, le futur de nos sens illustre le puissant rapport entre l’humanité et la technologie. Avec les avancées fulgurantes de la biomécanique, certaines inventions permettent maintenant de retrouver des sens perdus et de repousser les limites des capacités humaines, un processus qui transforme peu à peu la société.

Alors que certaines personnes parlent de transhumanisme, d’autres utilisent les termes « post-humanité », ou encore « êtres humains augmentés », pour décrire cette transformation de la société.

Pour ces individus, le transhumanisme marque en quelque sorte une nouvelle ère de l’Homo sapiens.

« Les transhumanistes, c’est des gens qui militent pour améliorer l’être humain et ses performances intellectuelles, physiques et émotionnelles grâce aux nouvelles technologies », explique Nicolas Le Dévédec, sociologue et professeur à HEC Montréal.

Le but ultime pour les transhumanistes? Échapper aux limites logiques de la vie telle que nous la connaissons, comme le vieillissement ou la mort. « C’est un être humain qui ne serait plus conditionné par le déterminisme biologique », précise le professeur.

Bien que le terme « être humain augmenté » puisse évoquer une personne aux allures de cyborg, il englobe aussi l’utilisation des médicaments, des technologies médicales ou des drogues de performances. 

Avec des records qui exigent une performance toujours plus grande, la pression peut pousser les athlètes à utiliser des drogues qui augmentent leurs capacités. 

Le dopage sportif est un exemple concret de l’augmentation artificielle des capacités humaines. La prolifération des drogues de performance dans certains sports de haut niveau s’inscrit dans cette tentative de toujours aller plus loin.

Dans les milieux industriels, c’est plutôt des technologies comme les exosquelettes qui apparaissent peu à peu. Ces derniers permettent de soulever des charges plus lourdes, de performer mieux, tout en économisant l’énergie déployée par le personnel. 

La croissance comme moteur

L’aspect sociopolitique du transhumanisme est quant à lui plus souvent occulté par le reste.  C’est d’ailleurs ce que Nicolas Le Dévédec affirme avec ardeur, en remettant le phénomène dans son contexte.

« On parle des prothèses ou des médicaments qui vont révolutionner le monde, repousser les limites. Mais on parle peu du contexte social. On est quand même au sein d’une société capitaliste, où les valeurs centrales sont celles de la croissance et du développement. L’idée de performance et le dépassement de l’être humain sont indissociables de ce modèle. »

Les technologies qui permettent au départ de traiter une maladie ou une forme de handicap sont régulièrement transformées, adaptées au grand public ou adoptées naturellement par celui-ci. Selon Nicolas Le Dévédec, ces innovations louables ont donc parfois des effets imprévisibles lorsqu’elles sont combinées à un contexte de performance continue.

Le sociologue cite l’exemple des médicaments pour contrer le déficit de l’attention, ces cachets qui sont souvent utilisés à d’autres fins. « De plus en plus, nous observons une utilisation du Ritalin ou d’autres psychostimulants par des personnes [qui étudient ou qui travaillent] et qui n’ont en fait aucun trouble. »

Dans des cas comme ceux-là, les avancées médicales ou technologiques peuvent alors devenir un vecteur d’adaptation. Leur utilisation devient donc parfois nécessaire pour fonctionner selon les nouvelles normes de notre environnement immédiat. 

S’adapter à l’environnement

Les idées transhumanistes peuvent aussi s’attaquer à des problématiques comme la crise climatique, ou à d’autres enjeux qui affligent directement les différentes populations. 

Des problèmes de pollution dans les grandes villes? Selon Nicolas Le Dévédec, la solution d’un point de vue transhumaniste serait, par exemple, de s’y adapter à l’aide d’un masque qui filtre les particules nocives, plutôt que de faire une remise en question du « modèle productiviste de notre société » qui cause ces troubles environnementaux.

Une citoyenne de Beijing porte un masque afin d'éviter de respirer l'air pollué de la capitale chinoise.

Développer un complément alimentaire pour réduire les émissions de méthane du bétail, ou consommer moins de viande? Le progrès technologique, ou la décroissance pour préserver l’humanité? Est-ce que ces solutions sont mutuellement exclusives? Des questions qui causent sans doute bien de l’insomnie chez les philosophes modernes!

« Il faut réfléchir à la place des technologies dans nos vies. On a du mal à imaginer un futur sans l’évolution de celles-ci. Moi, je crois qu’une vraie réflexion, c’est d’envisager une forme d’avenir où la technologie n’occupe pas une place aussi dominante dans notre quotidien », conclut le sociologue.

Toutefois, il est indéniable que ces nouvelles technologies permettent aussi à des individus d’obtenir une meilleure qualité de vie; des résultats fascinants à voir mercredi dans le deuxième épisode de la série Human +, le futur de nos sens.