Cette semaine au Gros laboratoire, Jean-René Dufort et Marie-Pier Élie ont décidé de faire une petite expérience pour vérifier si nos téléphones espionnent réellement nos conversations pour alimenter les algorithmes de ciblage publicitaire. Exécuté au moyen de 6 téléphones et de 100 cobayes, leur test relativement simple s’est avéré révélateur!
Vous est-il déjà arrivé de mentionner un produit verbalement pour la première fois de votre vie et de curieusement avoir des publicités liées à celui-ci seulement quelques heures plus tard en consultant vos réseaux sociaux? Si c’est le cas, vous êtes loin d’être la seule personne à avoir remarqué ce curieux phénomène.
Les publicités qui apparaissent sur nos téléphones intelligents sont généralement générées à partir des recherches que nous effectuons sur Internet, mais peuvent-elles également être provoquées par des bouts de conversations enregistrées à notre insu? Une expérience faite dans la plus récente émission du Gros laboratoire a permis de mieux explorer cette question.
Six téléphones de l’équipe de production ont été posés sur un plateau avant d’être passés devant les 100 cobayes de l’émission. Une à une, chaque personne devait mentionner verbalement son désir d’acheter une nouvelle cafetière.
Les téléphones ont ensuite été retournés aux membres de l’équipe, qui devaient prêter attention aux contenus publicitaires qui y apparaîtraient. Le résultat ne s’est pas fait attendre, comme l’explique Marie-Pier Élie :
Le lendemain du test, la moitié des téléphones avaient reçu des publicités liées au café, et certains téléphones en ont même reçu plus qu’une.
À la suite de cette expérience, Jean-René Dufort et Marie-Pier Élie ont donc conclu que nos téléphones possèdent certainement la capacité d’espionner nos propos afin de déterminer les contenus publicitaires à nous présenter.
Il faut toutefois noter que trois des six téléphones n’ont pas affiché ce genre de publicités, un fait qui s’explique probablement par le fonctionnement du ciblage publicitaire : pour être fait en toute légitimité, celui-ci se base généralement sur des autorisations fournies à nos applications.
Par exemple, en donnant l’autorisation à nos réseaux sociaux d’utiliser notre microphone afin d’envoyer des messages vocaux, il est possible que celle-ci ouvre la porte à ce type de ciblage publicitaire.
C’est pour cette raison qu’il est souvent recommandé de fournir seulement les autorisations nécessaires au fonctionnement de vos applications, et uniquement lorsqu’elles sont en train d’être utilisées (lorsqu’une application vous demande d’utiliser votre micro, évitez donc de cocher la case « permettre en tout temps » si cela n’est pas nécessaire).
Il ne s’agit pas non plus d’un grand secret : cette capacité d’écoute et de ciblage publicitaires est souvent indiquée dans les conditions générales d'utilisation des applications, ces longs paragraphes de jargon légal que très peu de gens vont lire avant de cliquer sur le bouton « j’accepte ».
En ce qui concerne l’expérience du Gros laboratoire, on peut donc présumer que les téléphones qui ont été ciblés par des publicités sur le café avaient des autorisations liées aux microphones qui n’étaient pas actives sur les autres téléphones.
Bien sûr, dans ce cas précis, il ne faut pas non plus écarter l’idée qu’il pourrait s’agir d’une coïncidence ou d’un simple biais cognitif : peut-être que les personnes qui se sont fait suggérer des publicités sur le café ont simplement remarqué pour la première fois des produits qui leur sont présentés régulièrement sur les réseaux sociaux par des méthodes de ciblage publicitaire plus classiques.