Le vendredi 24 mai, le Quartier de l’innovation présentait son 8e Sommet de Montréal sur l’innovation sur le site de C2 Montréal. Ce dernier réunissait des experts scientifiques de plusieurs milieux qui prenaient la parole autour d’une même thématique : la recherche de demain, maintenant.
Toute la journée, des acteurs importants et des passionnés de sciences et technologies ont pu échanger sur les moyens d’innover dans la recherche. Ce qui ralliait tous les points de vue, c’est qu'il faut sans conteste chercher à renouveler les méthodes et l’approche en recherche. Il est faux de croire que la façon de générer de la connaissance est figée et qu’il est impossible de renouveler les pratiques. À travers des ateliers, des conférences et des activités, tout le monde a été mis à contribution pour interroger et repenser l’innovation pour la recherche de demain.
L’inclusion de différente forme de savoir
Pour innover, il faut d’abord changer son approche et sa vision du savoir scientifique. Selon Éric Montpetit, professeur titulaire au Département de science politique de l’Université de Montréal et vice-doyen aux affaires professorales à la Faculté des arts et des sciences, il s’agit d’un changement de paradigme dans la façon d’aborder la connaissance.
PHOTO : Jean-Michel Seminaro
Il avance que nous devons décloisonner notre considération unique du savoir scientifique et faire une place aux sciences humaines et sociales dans l’équation : « On peut réussir, en sciences naturelles, à surmonter les obstacles naturels qui sont très difficiles à franchir. On y arrive, et c’est comme ça qu’on fait du progrès technologique. Maintenant, la technologie, cette connaissance va être utilisée, appliquée et acceptée par des humains. Ceux qui étudient les humains, ce sont les gens des sciences sociales et humaines. Si les humains n’acceptent pas ces technologies à la fin, tout le travail des sciences naturelles sera perdu. Il faut donc que tout le monde travaille ensemble. »
Plus tôt, sur scène, des professionnels présentaient leurs initiatives innovatrices en recherche. L’un des experts invités apportait la notion de recherche ouverte en innovation (living lab), méthode de plus en plus populaire. Ce concept revoit les positions dans une démarche de recherche pour placer les acteurs et les patients dans des rôles de chercheurs à part entière. Dans un contexte médical, il est question de ne plus traiter le patient comme un objet de recherche, mais plutôt comme un collaborateur et un expert de sa propre expérience, pertinente pour la recherche. Il s’agit d’un bon exemple qui revoit les méthodes pour ouvrir la porte à de nouvelles découvertes.
Une collaboration plus étroite entre les universités et l’industrie
Avant le dîner, c’est le sujet de la collaboration entre la recherche universitaire et les entreprises que l’on a abordé. Selon Jesse Vincent-Herscovici, vice-président au développement des affaires à Mitacs, il faudrait revoir les liens entre les deux entités : « Les deux groupes ont leurs priorités, ils ont leurs motivations, leur rôle et leurs forces. Les entreprises n’ont pas le temps de dépister les sites web gouvernementaux pour comprendre les nuances entre les programmes ou de courir les corridors d’universités pour comprendre quel chercheur fait quoi. À l’inverse, le chercheur n’utilise pas bien son temps s’il va faire du développement des affaires auprès des entreprises. Par contre, lorsqu’on trouve la bonne alliance entre les deux, il y a énormément de potentiel pour eux. »
PHOTO : Jean-Michel Seminaro
M. Vincent-Herscovici croit que le gouvernement devrait servir d’intermédiaire entre les deux entités pour permettre une rencontre efficace et très profitable. Celle-ci permettrait la création de nouveaux modèles, et sans doute la production de nouvelles connaissances. Même si les méthodes et l’objectif sont très différents d’un côté et de l’autre, c’est dans la création d’un espace commun, géré par une tierce partie, qu'il y aurait un résultat bénéfique pour toute la société.
Comment aborder la connaissance et le développement de demain
En après-midi, après de nombreuses discussions sur les possibilités d’innovations, la directrice nationale de Google Canada nous a parlé de l’anxiété en regard des changements. Alors que le développement des nouvelles technologies prend de l’ampleur notamment avec l’arrivée de l’automatisation et de l’intelligence artificielle, l’avancée des nouvelles connaissances ainsi que le changement peuvent sembler inquiétants.
Selon Sabrina Geremia, ce qui vient avec l’anxiété de la nouveauté, ce sont des occasions incroyables : « Ce qui est important dans toute cette vague de changements, c’est de garder l’esprit ouvert. Il faut accepter l’inconfort et rester curieux devant de nouvelles occasions d’apprentissage. »
PHOTO : Jean-Michel Seminaro
C’est justement la mission que Google s’est donnée. En plus d’investir dans les technologies de demain, l’entreprise veut accompagner ses employés, mais aussi la population dans cette ère de transition technologique. Par conséquent, Google offre plusieurs formations pour rester à jour en ce qui concerne les nouvelles pratiques. Ces formations s'adressent à ses employés, mais elles sont aussi offertes au grand public via leur plateforme web.
Pour la directrice nationale de Google, si certains emplois ou certaines méthodes sont amenés à disparaître, c’est pour laisser la place à de nouveaux défis et à de nouvelles perspectives. L’automatisation de certaines tâches permet de se concentrer sur le travail plus créatif et innovant. C’est justement cette créativité caractéristique de l’être humain que la machine ne pourra jamais remplacer, selon elle.
Au terme de la journée, c’est la tête pleine d’idées que les participants sont repartis du Sommet de Montréal sur l’innovation. Dans un monde en plein changement où tout évolue rapidement, il faut nécessairement repenser la recherche. Que ce soit en intégrant d’autres formes de savoir ou en permettant de nouvelles collaborations plus concrètes, il est fort probable qu’on n’a pas fini de faire des découvertes spectaculaires. Il sera intéressant de voir quelle forme prendra la recherche de demain, mais surtout, quelles nouvelles connaissances nous attendent dans les années à venir.