Série insolite – Des plantes voraces

Les dionées ont des feuilles en forme de mâchoires qui leur sont très utiles pour attraper des proies.
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La plupart des plantes n’ont besoin que de la lumière du soleil, d’eau et de terre riche en nutriments pour vivre. Au fil des années, certaines espèces de plantes ont su s’adapter à toutes sortes d’environnements plus hostiles qui peinaient à réunir toutes les conditions nécessaires pour leur survie. 

C’est ainsi que de multiples types de plantes carnivores sont apparus et ont évolué malgré le fait que le sol où ils poussaient soit plutôt acide et ne possède pas une quantité suffisante de certains nutriments, comme le potassium, le phosphore et l’azote. Pour pallier ces carences et leur permettre de survivre, les plantes carnivores ont développé la capacité d’attraper et de digérer des insectes ainsi que de petits animaux, tels que des grenouilles ou des petites souris.

Si vous avez eu la chance d’avoir une plante carnivore lorsque vous étiez jeunes et que vous restiez bouche bée quand elle gobait une mouche, vous porterez certainement un grand intérêt à notre palmarès qui recense certaines des familles des quelque 600 espèces de plantes carnivores se retrouvant aux quatre coins de la planète.

Insectes, s’abstenir!

Les droséras

Les droséras attrapent leurs proies grâces à ses petits tentacules gluants.
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Ces plantes carnivores sont de la famille des Droséracées et se retrouvent principalement dans l’hémisphère Sud. C’est dans le sud-ouest de l’Australie que nous pouvons dénombrer la moitié des espèces de droséras.

La particularité de ces plantes? Elles possèdent de nombreux petits tentacules gluants leur permettant de prendre au piège un insecte s’y déposant. Puis, lorsqu’elles ont réussi à capturer leur proie, elles sécrètent des enzymes qui leur permettent d’amorcer le processus de digestion. Ce dernier est facilité par la capacité des tentacules à bouger légèrement et à se regrouper autour de l’insecte capturé; c’est pour cette raison que les pièges des droséras sont considérés comme semi-actifs.

Ces plantes s’adaptent très facilement à leur environnement, qu’elles soient en plein soleil ou à l’ombre. Elles tolèrent cependant très mal le temps froid (sous les 2 degrés Celsius).

Il n’y a pas que le miel pour attirer les mouches!

Les genlisea

Les genlisea ont des filaments qui attrapent des microorganismes dans le sol.
Crédits photo : iStock/ZayacSK
 

Ces plantes se retrouvent au ras le sol et comportent de nombreuses feuilles formant une rosette. Si, du premier coup d’œil, les genlisea sont moins impressionnantes que les autres plantes carnivores de ce palmarès, elles sont tout de même de redoutables prédatrices.

C’est que dans la terre, de nombreuses feuilles en forme de filaments comportant des petites ouvertures, appelées outres, agissent comme pièges pour des microorganismes s’y aventurant. Des glandes situées sur ces filaments attirent les proies, qui entrent par les outres et n’ont d’autre choix que de remonter vers la surface puisque des poils les empêchent de rebrousser chemin. 

Les microorganismes pris au piège aboutissent dans une cavité où tous les filaments se rejoignent et qui sert d’estomac à la plante. C’est là que les proies sont digérées.

C’est un genre de jeu d’évasion pour microorganismes dans lequel ces derniers ne peuvent gagner.

Les sarracénies

Les sarracénies ont un piège passif qui attirent les insectes, certains amphibiens et même de petits rongeurs.
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Saviez-vous qu’une espèce de plante carnivore était capable de se nourrir de souris? Oui, c’est bien vrai. Nous vous présentons les sarracénies.

Ces plantes attirent les insectes, amphibiens et autres petits rongeurs dans leur piège passif (ne comportant pas de mouvement mécanique) grâce à l’odeur qu’elles dégagent et à leurs couleurs vives. Sauf qu’en goûtant au nectar de la plante, la proie ingère de la conine, un narcotique puissant qui l’assomme et la fait tomber au fond de son entonnoir qui contient un liquide. Prise au piège, la victime finit par s’y noyer et est digérée par la plante, qui se sert des enzymes et bactéries comprises dans le liquide pour y arriver. 

Dans le cas des salamandres, le supplice peut durer jusqu’à 19 jours avant qu’elles ne meurent au fond du piège.

De la vraie torture!

Les utriculaires

Les utriculaires ont deux types de feuilles; l'un utile pour la photosynthèse et l'autre pour attraper des microorganismes.
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Ce genre de plantes carnivores compte environ 250 espèces qui vivent pour la plupart dans des milieux aquatiques ou humides. Les utriculaires utilisent une technique bien particulière pour attraper des microorganismes : l’aspiration.

En effet, ces plantes détiennent deux types de feuilles : un dont la fonction est liée à la photosynthèse, alors que l’autre, souvent sous l’eau, sert plutôt à capturer de toutes petites proies vivantes grâce à un clapet. Lorsqu’un microorganisme, comme du zooplancton, s’approche d’une feuille de la sorte et se frotte aux poils situés à proximité du piège actif, appelé utricule, un clapet s’ouvre et se referme à une vitesse très impressionnante, soit 1/460e de seconde. La proie ainsi prise au piège peut commencer à être digérée par son assaillant.

Nous aimerions avoir les réflexes aussi aiguisés qu’une utriculaire!

Les dionées

Les dionées ont des feuilles en forme de mâchoires qui leur permettent de capturer leurs proies.
Crédits photo : iStock/Esben_H
 

S’il y a une plante carnivore qu’à peu près tout le monde connaît, c’est bien la dionée. Celle-ci est facilement identifiable grâce à ses feuilles en forme de mâchoires.

Ces dernières lui sont très utiles pour attraper les insectes curieux humant son odeur et venus s’y déposer. Elles digèrent ensuite leurs tissus mous. Il faut savoir que ce mécanisme est déclenché chaque fois qu’il y a un contact avec les feuilles et qu’il est très énergivore pour la plante de l’activer. Il vaut donc mieux qu’une réelle proie s’y trouve pour nourrir la plante sans quoi elle pourrait en venir à s’épuiser. D’ailleurs, un piège ne peut être utilisé que trois ou quatre fois par la dionée. Il est également à noter que la plante n’a pas besoin d’attraper des proies en grand nombre pour subsister, surtout en hiver, lorsqu’elle n’est pas en période de croissance.

Pas besoin de vous dire qu’il n’est pas nécessaire de chasser des mouches pour votre dionée; elle peut très bien se débrouiller toute seule. 

Surtout, évitez de la taquiner en plaçant votre doigt dans son piège. Ça, c’est non.

Voilà qui complète notre palmarès de certaines des plantes les plus voraces de la planète.

À la semaine prochaine pour un autre billet de la série Insolite