Science : l'écart hommes-femmes se resserre (un peu)

Science : l'écart hommes-femmes se resserre (un peu)

La progression des femmes en science se poursuit, du moins aux États-Unis. L’époque où elles étaient beaucoup plus nombreuses à abandonner entre le baccalauréat et le doctorat semble en effet révolue.

Cette conclusion provient d’une analyse des données d’inscriptions aux universités sur 30 ans, publiée le 17 février par les psychologues David Miller et Jonathan Wai. Dans les années 1970, 4 % des hommes détenteurs d’un baccalauréat en science, maths ou génie, avaient décroché un doctorat une décennie plus tard, contre 3 % des femmes. L'écart n'est pas si minime qu'il en a l'air, puisqu’il se traduit par une présence majoritairement masculine aux cycles supérieurs. Or, lorsqu’on arrive aux bacheliers des années 1990, l’écart hommes-femmes s’est résorbé.

Cela dit, cet écart s’est-il résorbé parce que les femmes sont plus nombreuses à se rendre jusqu’au doctorat... ou parce que les hommes sont moins nombreux? Selon Curt Rice, expert norvégien en sexisme écrivant dans The Guardian, c’est cette dernière hypothèse qui est la bonne et il n’y voit donc pas de raison de se réjouir.

Les deux auteurs admettent que la question reste non résolue, écrivent-ils dans la revue Frontiers in Psychology. David Miller admet de plus l'existence d'un autre bémol, dans une entrevue à Nature : qu'il y ait du rattrapage ne signifie pas que le sexisme a disparu. L’an dernier, une étude avait causé la surprise en soulignant un préjugé sur la faiblesse des femmes en maths... préjugé entretenu par les femmes elles-mêmes! Et depuis 2012, d’autres recherches ont confirmé qu’à l’embauche dans des postes supérieurs au sein des universités, la candidate semble avoir plus de difficultés à convaincre que le candidat.

Reste que la montée en nombre des femmes jusqu’au doctorat ne peut pas être négligée. Ça se passe jusque dans les universités américaines « de l’élite », révèle le même David Miller dans une autre étude, portant uniquement sur les doctorats émis entre 2006 et 2012. La représentation des femmes à ce niveau est même légèrement plus élevée dans les institutions jugées les plus prestigieuses que dans l’ensemble des universités.

En Europe en 2010, rappelle toutefois Curt Rice, 59 % des bacheliers étaient des femmes, 46 % des doctorants, elles représentaient 44 % des postes d’entrée à l’université... et 20 % des professeurs ayant obtenu leur permanence.