Réchauffement : les plantes se déplacent

Réchauffement : les plantes se déplacent

Un argument inattendu en faveur de l’urgence de s’adapter au réchauffement climatique est arrivé du ministère américain de l’Agriculture : une carte géographique qui révèle à quel point les zones de résistance de différentes plantes se sont déplacées depuis 20 ans.

« Si on compare avec la version 1990, les limites des différentes zones de cette carte ont bougé dans plusieurs régions », résume le communiqué de presse du ministère accompagnant sa « Carte 2012 des zones de résistance des végétaux » (2012 Plant Hardiness Zone map)
L’outil, dont c’est la première mise à jour depuis 1990, est conçu à l’intention des agriculteurs et des jardiniers, à qui il est censé fournir des indications sur ce qu’il convient de semer —ou ne pas semer— dans leur région.
Ainsi, le Vermont se retrouve se retrouve avec un climat plus tempéré... qui ressemble à celui de la Virginie des années 1960, commentent les journalistes locaux. Et si les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître au rythme actuel, à la fin du siècle, c’est plutôt à la Georgie, un État « chaud » du Sud, que le Vermont pourrait ressembler, spéculent-ils —bien que la carte ne se rende pas jusque-là.

La carte ne dit rien du Québec, juste à côté, mais quelques jours plus tôt, une étude parue dans Environmental Reviews s’inquiétait du fait que pratiquement aucun suivi n’était fait des espèces invasives d’insectes qui migrent vers le nord à cause du réchauffement.

Au Canada, il existe par ailleurs une carte des zones de résistance des végétaux émise par le ministère canadien de l’Agriculture et le Service canadien des forêts, mais deux éditions seulement ont été produites, en 1967 et 2000. Lors de cette dernière mise à jour, les autorités avaient précisé que « la nouvelle carte montre des changements dans les zones de résistance qui correspondent à ce qui est connu des changements climatiques » et que ces changements sont davantage prononcés dans l’ouest canadien.

À long terme?
La carte américaine est divisée en « demi-zones » de 5 degrés Fahrenheit, qui correspondent à la température minimale moyenne, en hiver —soit la température en-dessous de laquelle tel type de plante ne survit pas à l’hiver (d’où l’intérêt de cette carte, davantage pour les jardiniers ornementaux que pour les agriculteurs). La carte s’appuie sur les données 1976-2005 (la précédente édition, en 1990, s’appuyait sur les données 1974-1986). Dans l’ensemble du pays, une bonne partie des « demi-zones » a gravi un échelon : autrement dit, la température hivernale moyenne y est plus élevée que dans l’édition précédente.

Il faut se garder d’en tirer des conclusions sur le réchauffement climatique à long terme, préviennent prudemment les auteurs :
Les changements climatiques sont d’ordinaire basés sur des tendances dans les températures moyennes sur une période de 50 à 100 ans. Parce que [notre carte] représente 30 ans de moyennes de ce qui sont essentiellement des événements météorologiques extrêmes (les températures les plus froides de l’année), des changements dans certaines zones ne sont pas des preuves fiables d’un réchauffement climatique.

Toutefois, juste à côté du Québec, on trouve déjà des observateurs pour s’inquiéter de la mort, avant la fin du siècle, du sirop d’érable du Vermont, au profit de, qui sait, la culture des pêches.