Si la Terre se réchauffe, il devrait en théorie y avoir davantage d’évaporation au-dessus des océans, entraînant du coup davantage de pluie. Ce n’est plus une théorie: 4% de plus en 50 ans.
Le «cycle d’évaporation et de précipitations au-dessus des océans» aurait en effet augmenté de 4% de 1950 à 2000, selon une étude parue le 27 avril dans Science. C’est ce genre de données qu’attendent les climatologues pour pouvoir prédire quel impact aura le réchauffement climatique sur les événements météorologiques extrêmes —ces événements qui ne se produisent qu’une ou deux fois par siècle, mais dont la fréquence est vouée à augmenter.
Si 4% ne semble pas beaucoup, il faut savoir que c’est deux fois plus que ce que prévoyaient les modèles, et c’est largement suffisant, si la tendance se maintient, pour accroître la fréquence, par exemple, des hivers où des chutes de neige surabondantes sur les montagnes entraîneront ensuite, au printemps, un débordement des ruisseaux, puis des rivières et des lacs environnants.
C’est l’analyse de la salinité à la surface des océans qui a conduit les chercheurs du Laboratoire californien Lawrence Livermore à cette estimation de 4%: en gros, les régions «salées» sont devenues plus salées et les régions d’eau douce sont devenues plus douces —un symptôme d’une évaporation accrue.
Si l’équipe de Paul J. Durack a utilisé ce détour, c’est parce que le calcul de l’évaporation, à la grandeur des océans de la planète, a toujours été un exercice approximatif. En comparaison, disent-ils, les variations de la salinité se mesurent avec plus de précision, et peuvent même être détectées par satellite —il existe même un satellite de la NASA, Aquarius, dévolu à cette tâche. Mais il faudra d’autres études du même type pour être sûr des 4%.
Si ce chiffre est exact, et si la tendance au réchauffement climatique continue de suivre les scénarios pessimistes d’ici 2100, l’augmentation ne sera plus de 4%, mais de 20%. Ce qui veut dire que les régions déjà habituées à recevoir plus de précipitations en recevraient beaucoup plus, et que les déserts en recevraient encore moins.