Il y a plus de naissances les nuits de pleine lune : mythe ou réalité?

Il y a plus de naissances les nuits de pleine lune : mythe ou réalité?
Crédit photo : jakkapan21 / iStock

Il est bien connu que la lune a une influence sur les marées. On peut donc s'attendre à ce que le corps humain soit aussi influencé par elle, considérant qu’il est composé à 80 % d’eau, sans oublier que le cycle menstruel suit un rythme semblable à celui des phases lunaires. En combinant tout ça, on peut trouver logique qu’une personne du réseau de la santé affirme que l’unité des naissances est souvent occupée les soirs de pleine lune. La lune aurait-elle le pouvoir de provoquer des accouchements ?

 

Réponse : Depuis des siècles, de nombreuses croyances sont associées à l’effet lunaire et sont bien ancrées dans la culture populaire. La majorité d’entre elles – dont l’idée qu’il y a davantage d’accouchements lors d’une pleine lune – ont cependant été démenties par des études scientifiques approfondies.  

Explication : Quelques recherches anecdotiques, réalisées pendant de courtes périodes, rapportent une augmentation des naissances les soirs de pleine lune. Toutefois, de plus récentes études menées durant plusieurs années viennent à la conclusion qu’il n’y a aucune corrélation entre les deux.

De 1997 à 2001, l’analyse de 564 039 naissances au fil de 62 cycles lunaires en Caroline du Nord ne démontre aucune différence significative quant à la fréquence des accouchements ou aux complications vécues, peu importe la phase de la lune.

En 2006, une étude similaire en Australie a passé en revue les données de naissance pour une période de 28 ans (de 1975 à 2003), et « aucun lien entre la pleine lune et des changements significatifs quant au nombre de conceptions, de naissances ou de décès » n’a été observé.

 

La plupart des croyances lunaires sont des mythes

En 1996, des équipes de recherche passent en revue plus d’une centaine d’études sur l’effet lunaire et en viennent aux mêmes conclusions : la pleine lune est sans incidence sur les crimes violents, les accidents de la route, les appels d’urgence, les naissances, l’achalandage dans les hôpitaux et les cliniques, l’épilepsie, le somnambulisme et de nombreux autres phénomènes. 

Une exception mérite d’être soulignée : la lune influencerait le trouble bipolaire. Une étude réalisée auprès d’un petit groupe de 17 individus rapporte que leur rythme circadien s’est synchronisé avec le cycle lunaire, bouleversant leurs habitudes de sommeil et provoquant le passage d’une profonde dépression à un épisode maniaque. La prise d’antidépresseurs et de médicaments régularisant la glande thyroïde, de même que le recours à la luminothérapie, suffirait à soigner ce problème.

 

Le biais cognitif en cause

Comment expliquer que ce mythe soit si répandu? Même à l’époque de la Grèce antique, le philosophe Aristote croyait que la forte teneur en eau du cerveau humain le rendait sujet à l’influence de la lune. Les croyances entourant ce satellite naturel persistent depuis si longtemps qu’elles font l’objet d’un biais cognitif. De nos jours, une infirmière ou un infirmier pourrait ainsi voir un lien de causalité lorsque l’unité des naissances de l’hôpital est fortement achalandée un soir de pleine lune, mais ne pas y porter attention lorsque la même situation se produit une journée habituelle.