Préserver le patrimoine autochtone avec l'impression 3D

Des bijoux en argent et en or sont fabriqués à l'aide d'une imprimante 3D.
Gracieuseté d'Awastoki

À l'occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, ICI EXPLORA vous présente deux entrepreneurs de Wendake, spécialisés dans la création numérique tridimensionnelle (3D). La chaîne diffusera également, le vendredi 21 juin, le documentaire Rite de passage II.


Awastoki, c’est le prénom autochtone d’Alexis Gros-Louis Houle, mais également le nom de l'entreprise qu’il a mise sur pied l’an dernier avec sa conjointe, Caroline Fournier. Dans son local situé à Wendake, un village huron-wendat de la région de Québec, le couple se sert de l’impression 3D afin de créer des bijoux ainsi que des œuvres décoratives inspirées des Premières Nations canadiennes.

Le couple n’a pas grandi à Wendake, ni même dans une communauté autochtone. Alexis Gros-Louis Houle, né d’une mère huronne-wendat, a plutôt passé sa jeunesse aux Îles-de-la-Madeleine. Et Caroline Fournier, quant à elle, a été élevée à Saint-Lambert-de-Lauzon, sur la rive sud du fleuve près de Québec, auprès de ses parents non autochtones. « Je suis simplement une amoureuse de cette culture, et bien sûr d’Alexis », souligne la jeune femme d’affaires de 27 ans.

Caroline Fournier et Alexis Gros-Louis Houle / Crédits : gracieuseté d'Awastoki

Malgré leur passé, ces gens d'affaires diplômés en animation 3D ont décidé de mettre au cœur de leur mission d’entreprise le respect du patrimoine huron-wendat. Si leur arrivée à Wendake a d’abord semé la curiosité au sein de leur communauté adoptive, les deux estiment qu’aujourd’hui, leur voisinage se montre ravi de leur présence.

« Au début, les gens me demandaient qui étaient mes parents, raconte Alexis Gros-Louis Houle. Ils voulaient savoir ce que nous venions faire ici. Wendake, c’est une très petite communauté. » Selon lui, Awastoki est maintenant acceptée parmi la bande. Elle aurait tout simplement fait ses preuves.

Afin d’honorer l’héritage des Premières Nations, le couple s’engage d’abord à se procurer du matériel local. Spécialement pour Alexis Gros-Louis Houle, qui a vécu au sein d’une famille huronne-wendat, la déférence pour les ressources naturelles du territoire est d’une importance capitale.

De plus, bon nombre de leurs créations s’inspirent des armoiries ancestrales. Par exemple, leur première collection de bijoux, réalisée en impression 3D, met de l’avant les quatre clans de la communauté huronne-wendat, représentés par des animaux. Sur les pendentifs, les bagues et les bracelets sont entre autres gravés des loups, des chevreuils, des ours et des tortues.

Crédits : gracieuseté d'Awastoki

D’ici la prochaine année, le couple, qui s’est rencontré lorsque les deux moitiés travaillaient dans le milieu des jeux vidéo, espère avoir les moyens nécessaires pour embaucher du personnel issu de diverses communautés autochtones, et avant tout de Wendake.

« J’aspire à ce que Awastoki compte un jour entre 10 et 15 employés, énonce Alexis Gros-Louis Houle, qui a récemment célébré son trentième anniversaire. J’espère que nous inspirerons des Hurons-Wendat, par exemple, à étudier en animation 3D ou dans des domaines connexes. »

Assurer la pérennité de l’art artisanal

Pour cette jeune pousse, arrimer les nouvelles technologies à l’art artisanal autochtone s’avère une bonne façon d’en assurer la pérennité. En plus d’imprimer de la joaillerie, l’entreprise pourrait user de son expertise en création numérique tridimensionnelle à des fins de conservation muséologique ou même d’éducation.

Cela dit, ces procédés de préservation ne seraient pas, à ce jour, très populaires. Certains individus se montreraient même plutôt réfractaires quant à ces façons de faire plus modernes.

« Les nations autochtones sont parfois moins au courant des nouvelles technologies, croit Caroline Fournier. Notre objectif, c’est vraiment d’étendre nos connaissances numériques aux différentes nations qui sont plus éloignées des centres urbains. » Selon elle, la proximité de Wendake avec la ville de Québec lui conférerait un profil particulier, plus enclin à l’innovation.

Leur engagement au sein des communautés autochtones va d’ailleurs au-delà des objectifs financiers. En plus d’enseigner au Cégep de Limoilou, le couple offre des conférences aux jeunes Autochtones qui démarrent leur entreprise et prépare actuellement un programme d’ateliers axés, entre autres, sur l’apprentissage de différents logiciels.

Caroline Fournier et Alexis Gros-Louis Houle / Crédits : gracieuseté d'Awastoki

« Je m’implique du mieux que je peux. Par contre, c’est important pour moi de ne pas prendre une place inappropriée, étant donné que je n’ai pas vécu la réalité des peuples autochtones », mentionne Caroline Fournier.

Celle qui admire avant tout le respect de la nature et des autres, des valeurs qu’elle juge véhiculées par l’ensemble des nations autochtones, souhaite plutôt se servir de sa « mixité » pour diffuser profusément la culture des peuples fondateurs.