Pas de déchets, pas de problème

Pas de déchets, pas de problème

Noémie C. Adrien

Acheter en vrac, faire ses propres produits ménagers, utiliser des contenants réutilisables, favoriser le seconde main, composter... De plus en plus de gens choisissent de s’engager dans une démarche dite de « zéro déchet ». Deux expertes en la matière, Mélissa de La Fontaine et Laure Caillot, nous parlent de leur propre cheminement à travers ce nouveau mode de consommation.

Comme beaucoup d’initiés, Mélissa a découvert le zéro déchet par l’entremise de la papesse du mouvement, la blogueuse franco-américaine Béa Johnson. « Je suis tombée sur l’une de ses vidéos où elle expliquait comment sa famille et elle avaient presque cessé de produire des déchets. Ça a été tout un choc pour moi qui croyais que j’étais écolo parce que je prenais le transport en commun et je recyclais!, se rappelle-t-elle en riant. Puis, Noël est arrivé et j’ai vu d’un nouvel œil toute la surconsommation avait lieu autour de moi. J’ai eu un deuxième déclic : ce n’est pas parce qu’on peut se le permettre économiquement qu’on peut se le permettre environnementalement parlant. »

Quant à elle, Laure s’est plutôt reconnue dans des pratiques qu’elle adoptait déjà, avant même d’entendre parler du principe du zéro déchet. « Mon conjoint et moi utilisions des couches lavables pour notre fille, des débarbouillettes plutôt que des lingettes, des plats réutilisables… Il n’y avait déjà pratiquement rien dans notre poubelle! Lorsqu’on a mis le mot sur ce qu’on faisait, ça nous a simplement donné envie d’en faire plus, raconte-t-elle. On s’est alors mis à essayer les brosses à dents en bambou, à aller chercher notre pain avec un sac… Des petits gestes qui ont une incidence globale sans être bien plus compliqués. »

Les produits en bambou sont compostables et biodégradables contrairement au plastique qui prend plus de 500 ans à se décomposer.

Se lancer

Vivre de manière écoresponsable en diminuant sa consommation. Facile à dire, mais par où commencer? Selon Mélissa, trois facteurs devraient guider le premier geste posé. « Je conseille de commencer par ce qui semble le plus facile, accessible et motivant. Si l’on débute par le plus difficile, on risque de se décourager et d’abandonner. On peut, par exemple, apporter un thermos en allant chercher son café le matin. Une fois que la nouvelle habitude est bien intégrée et qu’elle est même devenue un réflexe, on peut passer à une suivante. Ça prend plus de temps, mais les habitudes adoptées restent pour de bon », estime-t-elle.

Bien qu’il s’agisse d’un comportement tout simple, beaucoup de gens hésitent à poser le premier geste d’apporter leurs récipients réutilisables chez les commerçants. « La première fois que je suis allée chez mon fromager et que je lui ai tendu mon contenant, j’ai eu peur de sa réaction, admet Laure. Pourtant, une fois que c’est fait, on réalise qu’il n’y a tellement rien là! Les commerçants trouvent au contraire que c’est une très bonne idée », assure-t-elle. Depuis janvier 2017, certains commerces faisant partie d'un Circuit Zéro Déchet arborent d'ailleurs un autocollant « Ici, on accepte les contenants » afin d’encourager les gens à venir avec leurs plats réutilisables.

Respecter son territoire

La route vers le zéro déchet n’en est évidemment pas une dénuée d’obstacles. Pour Mélissa, le plus dur a été d’apprendre à gérer sa relation avec son entourage. « J’étais en perpétuelle frustration, se remémore-t-elle. Ça me rendait folle de voir tous les déchets sur la rue lors de la collecte des ordures! Il m’arrivait aussi de culpabiliser mes proches, ce qui rendait les relations tendues… Il a fallu que je travaille sur le concept du territoire, avance-t-elle. Ce que je fais m’appartient, mais je dois accepter que les autres fassent autrement. Chez moi, les gens doivent respecter le fait que je n’ai pas vraiment de poubelle. Et si je demande qu’on retire mon napperon et ma serviette de table au restaurant, je ne vais pas demander aux autres d’en faire de même. »

À son rythme

Même si Laure et son conjoint adoptaient déjà un mode de vie en grande partie zéro déchet, il a tout de même été demandant de s’y adonner totalement. « Le plus grand défi a été de respecter notre propre rythme, de ne pas vouloir tout changer d’un coup, relate-t-elle. Même aujourd’hui, après plus de quatre ans, on produit encore des déchets - certes, peu - mais on en produit. Pour le lait, par exemple, on n’en trouve pas en vrac ou plus rarement dans des bouteilles consignées. Il faut savoir se dire que c’est correct d’acheter une pinte de lait en carton! Il faut accepter qu’on ne peut pas être parfait dans cette démarche, mais que tout ce qu’on fait est déjà largement mieux que si on ne faisait rien. »

Consultez le blogue de Laure, Lauraki et celui de Mélissa, Le Mini-Vert pour en savoir plus sur le mode de vie zéro déchet et sur les moyens de l’adopter.