Nuisible lumière nocturne

Nuisible lumière nocturne

(Photo prise par Aaron Logan/Wikimedia Commons)

Éblouissante et intrusive, la pollution lumineuse qui aurait déjà un effet sur la flore environnante pourrait aussi contribuer à la multiplication des cyanobactéries – ces fameuses algues bleues — dans nos lacs.

C’est du moins la piste que suit Carina Poulin. « Les lumières des villes s’étendent jusqu’au bord des lacs. Cette pollution lumineuse pourrait bien affecter la croissance des algues présentes dans l’eau », relève la jeune étudiante à la maîtrise en environnement de l’Université Sherbrooke.

Parce que les cyanobactéries poussent et s’adaptent rapidement, transformant le rayonnement solaire en énergie chimique, elles seraient un excellent modèle pour étudier l’évolution des plantes. Les changements dans leurs structures, en raison de ces caractéristiques, seraient en effet facilement observables.

Au terme de ses premières expérimentations, la chercheuse avance que la lumière nocturne, bien que ses effets restent toutefois modestes, affecterait néanmoins l’appareil photosynthétique des bactéries. « Certaines protéines permettant la photosynthèse sont en effet plus présentes dans les cellules. »

Les soupçons quant à l’impact de la pollution lumineuse sur les plantes et leur croissance ne datent pas d’hier. Déjà, en 1975, H. M. Cathey et L.E. Campbell écrivaient un article dans le Journal of Arboriculture intitulé Security lightning and its impact on the landscape. Ils y mentionnaient que les lumières nocturnes affectaient la photopériode des plantes – particulièrement celles des écosystèmes tempérés – les rendant plus fragiles aux variations climatiques.

Ils avaient conduit alors des expériences, au Centre de recherche en agriculture de Beltsville dans le Maryland, aux États-Unis, sur l’éclairage nocturne de 22 espèces de plantes ornementales. Les Poinsettias, Betula, Catalpa, Platanus et Tilia répondaient particulièrement bien à la stimulation lumineuse par la croissance.

La publication Ecological Consequences of Artificial Night Lighting par deux chercheurs de l’Université Berkeley, en Californie, en 2006, abondait dans le même sens. Ils s’étaient intéressés aux arbres, situés sous les lampadaires, qui perdaient plus tardivement leurs feuilles et connaissaient une floraison précoce.

Si la jeune chercheuse n’a pas constaté un tel effet sur les cyanobactéries, ses résultats ouvrent tout de même la voie à d’autres expérimentations. Pour savoir, par exemple, si les changements observés proviennent uniquement de la pollution lumineuse, il faudrait isoler uniquement la lumière nocturne et pouvoir écarter les autres sources susceptibles d’influencer la croissance des plantes, tel le ruissellement urbain. « Car tout cela reste encore mystérieux », convient-elle.

Pour en savoir plus :

• Sur la pollution lumineuse et ses impacts, le site de la Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic.