Le plastique, un fléau toujours plus grand pour les océans

Le plastique, un fléau toujours plus grand pour les océans

Depuis 50 ans, le Jour de la Terre marque la naissance d’un grand mouvement pour l'environnement et rappelle les nombreux défis qu’il reste encore à surmonter. Dans le collimateur des écologistes depuis longtemps, le plastique envahissant nos océans est l’un de ces fléaux qui continuent de ravager la nature. Sans solutions concrètes, l’état de ces grandes étendues d’eau pourrait bien empirer dans les prochaines années.


À l’occasion du Jour de la Terre, ICI Explora présentera mercredi à 20 h le documentaire Noyés dans le plastique. Véritable fenêtre ouverte sur les répercussions de la consommation humaine sur les océans, ce récit tragique rappelle l’urgence d’agir pour préserver notre monde et ses espèces.


Chaque année, plus de huit millions de tonnes de plastique se retrouvent dans les océans, rapporte une étude menée en 2015 par le Forum économique mondial (FEM). À titre de comparaison, une baleine à bosse pèse en moyenne 50 tonnes; ainsi, l’équivalent de 160 000 baleines de plastique envahit les océans annuellement. C’est plus que la population globale de ces énormes cétacés, qui comprend entre 120 000 et 150 000 individus, selon les estimations les plus récentes.

Toujours du mal à visualiser? Le FEM indique dans son rapport que la quantité de plastique dans nos océans équivaut à un « camion à ordures qui déverse son contenu directement dans l’océan chaque minute ». C’est donc énormément de plastique, mais le portrait de nos océans devient encore plus sombre lorsque nous considérons que cette matière se décompose avec une extrême lenteur et que notre production de déchets ne fait que s’accroître. 

Les différents types de plastiques peuvent prendre des centaines d’années ou même des millénaires à se décomposer dans l'eau. À moins de mettre au point des technologies efficaces pour aller chercher le tout, ces détritus sont donc là pour rester. Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), au rythme actuel, le poids du plastique dans nos océans sera d’ailleurs supérieur à celui de tous les poissons d’ici 2050. Pendant ce temps, la production de plastique continue d’augmenter, et elle est même en voie de doubler d’ici les 20 prochaines années. 

Une sculpture de baleine créée avec cinq tonnes de plastique récupérées dans l'océan. Photo : John Thys / Getty Images via AFP

Des données recueillies par une équipe de recherche de l’Université d’Oxford dévoilent que le Canada fait plutôt bonne figure en ce qui a trait à la production de plastique, comparativement à certains pays comme la Chine ou les États-Unis, qui en sont les deux plus grosses sources. En calculant le taux par habitant, nos voisins du Sud demeurent parmi les pays les moins écoresponsables en utilisant trois fois plus de plastique que nous. En prenant ce taux par habitant en considération, la Chine et sa grande population se situent plutôt près de notre rendement.

Bien sûr, d’autres facteurs entrent en ligne de compte, principalement en ce qui concerne la gestion du plastique. Les pays dotés de lois efficaces pour protéger l’environnement et augmenter le recyclage peuvent faire en sorte qu’une moindre partie du plastique qui y est produit se retrouve dans les océans. Le Canada et beaucoup d’autres pays qui envoyaient leur débris de plastique vers la Chine devront cependant trouver rapidement de nouvelles solutions écologiques depuis que ce pays d’Asie a fermé ses portes à la réception de nombreuses matières recyclables.

L’omniprésence du plastique

Les effets du plastique sur la vie océanique peuvent être très graves. De nombreuses images de tortues prisonnières d’un emballage de canettes ou blessées par une paille (âmes sensibles s’abstenir) ont fait le tour du monde. De nombreuses personnes ont également vu ces tristes photos d’oiseaux, l’estomac rempli de plastique, dont il sera entre autres question dans le documentaire Noyés dans le plastique.

C’est en se nourrissant ou en se retrouvant prisonniers des différents détritus qui flottent dans l’océan que les animaux sont le plus en péril; des actions qui s’avèrent difficiles à éviter pour ces espèces. Sur les océans du monde, au moins cinq grandes masses de plastique se sont formées, portées par les larges courants océaniques. La plus large, située dans le Pacifique – au-dessus d’Hawaï, entre le Japon et la Californie –, fait environ la taille du Québec. Ces « continents », qui peuvent atteindre jusqu’à 30 mètres de profondeur, mettent en péril la vie de tous les animaux habitant ces régions du monde.  

À l’heure actuelle, ce qui s’avère le plus difficile à étudier, c’est le poids des microplastiques sur les espèces peuplant les fonds marins. On en sait encore bien peu sur les effets néfastes de ces petites billes qui font du fleuve Saint-Laurent l’un des cours d’eau les plus pollués du monde. Ces détritus microscopiques sont si répandus qu’ils se retrouvent dans l’estomac de chaque animal, dans l’eau potable, et même dans la pluie et la neige.

Une solution est-elle possible?

Certains projets sont en cours pour tenter de récupérer les détritus qui polluent ainsi nos océans. L’entreprise The Ocean Cleanup a notamment conçu le prototype d’une machine qui utilise les courants marins pour s’orienter ainsi que des technologies de pointe destinées à repérer et à capturer les matières plastiques. Cependant, il y a lieu d’imaginer que de ramasser des amas de plastique aussi grands que des pays n’est pas une mince tâche, surtout s’ils ne cessent de s’agrandir.

Le "Tortuga Santa" un bateau qui utilise une nouvelle technologie pour tenter de nettoyer les eaux des Caraïbes. Photo : Orlando Sierra / Getty Images via AFP

Il est possible pour chaque personne de réduire sa consommation de plastique et sa production de déchets au quotidien, en se tournant par exemple vers les épiceries en vrac ou en priorisant l’achat de produits sans emballages superflus. Il existe aussi des matières qui ressemblent au plastique, mais qui sont biodégradables et qui proviennent généralement d'un processus de fabrication moins nocif pour l'environnement. Une adoption élargie de ces nouvelles matières pourrait certainement permettre de réduire notre consommation de plastique.

C’est toutefois collectivement que les changements doivent être faits, chaque pays ayant sa part de responsabilité. Ces changements dans notre manière de consommer et d’entrevoir la société peuvent ainsi contribuer à insérer l’écologie au cœur des préoccupations des grandes entreprises et des politiques des différentes nations, une étape nécessaire pour habiter au sein d'une planète plus verte.