Dans le documentaire Autour d’une dinde, Boucar Diouf se penche sur les rituels festifs nord-américains – et surtout québécois – qui entourent la soirée de Noël. De la dinde au sapin, en chansons et en rencontres, il porte un regard nouveau sur des traditions aux origines parfois méconnues et propose une célébration de la mixité culturelle et de l’inclusion.
Les festivités de Noël occupent une place bien importante dans l’histoire de l’animateur d’origine sénégalaise, et ce, depuis son arrivée au Québec, dans les années 90.
« J’ai mon ami Pierre Gauthier, à Rimouski, qui rassemblait tous les gens qui n’ont pas de famille à Noël. Des étudiants étrangers, des Sénégalais, des Français, des gens d'Amérique latine… Ça a été ça, le catalyseur, le facteur de raccommodement avec la culture des gens d’ici pour moi », explique-t-il.
Pour Boucar Diouf, Noël était auparavant synonyme de solitude. C’est donc cette version moderne de la vieille tradition québécoise de laisser une chaise et une assiette vide le soir du réveillon, qui existe encore dans certaines familles, qui a transformé sa perspective sur cette soirée bien spéciale.
Pour lui, il s’agit de l’une des plus merveilleuses traditions de la Belle Province.
J’ai hérité de cette place. Je me suis fait tendre la main. Quelqu’un m’a dit : « Viens t’asseoir avec nous, viens fêter. »
– Boucar Diouf
Dans Autour d’une dinde, Boucar fait la même chose, à sa façon. Il invite les téléspectateurs et les téléspectatrices dans son bungalow, pour assister aux festivités avec sa famille et ses proches le temps d’une soirée, un Noël qu’il qualifie de « métissé serré », en référence à ses origines sénégalaises qui s’allient à celles de sa conjointe gaspésienne.
« Je pense que des Noëls comme ça, il y en a de plus en plus au Québec : des gens venus d’ailleurs qui se sont greffés à la culture québécoise comme une branche de baobab dans un sapin généalogique », résume-t-il.
Le documentaire présente les festivités familiales, leurs chansons, la préparation de l’iconique dinde et même le choix du beau sapin qui vient décorer la demeure familiale.
Autour d’une dinde met de l’avant la passion de Boucar pour l’histoire et la nourriture, mais ce moment de télé réconfortant des Fêtes met aussi en lumière les intérêts des autres membres sympathiques de sa famille et leurs talents musicaux, lors des prestations du Bungalow Blues Band.
« Ma fille, Joëllie, elle est venue au monde et elle était chanteuse! Ça a toujours été son mode d’expression. Anthony, mon fils, c’est un logico-mathématique pur, mais il adore aussi la musique. Caroline c’est une artiste, et moi, ce qui m’intéresse, c’est surtout l’histoire des sciences, la biologie et tout le reste. On a mélangé tout ça, et ça donne ce que les gens vont pouvoir regarder », précise Boucar.
La nourriture, un succès culturel
En entrevue, le biologiste de formation n’hésite pas à affirmer que la nourriture est l’une des clefs du multiculturalisme, une porte ouverte pour découvrir d’autres cultures et rassembler des personnes d’un peu partout le temps d’un repas.
« La nourriture a réussi la mondialisation des cultures. Les humains, on travaille encore là-dessus et ce n’est pas évident, mais la nourriture a réussi depuis longtemps. Au Québec, dans ma belle-famille, en Gaspésie, on mange des sushis parfois pendant le temps des Fêtes. On utilise des épices grecques, on mange de la nourriture nord-africaine… À partir de la nourriture, on peut découvrir ce qui nous rassemble, comme je le faisais dans l’émission Manger », explique-t-il.
Dans la famille culturellement métissée de Boucar Diouf, le plat de Noël typique demeure cependant un grand classique de la cuisine québécoise du temps des Fêtes : le six-pâtes.
Si la recette est farouchement gardée depuis plusieurs générations dans la famille de sa conjointe, il espère bien un jour hériter du secret culinaire de sa belle-mère!
Le six-pâtes. C’est un art, mais je pense que je pourrais le faire. J’adore cuisiner et j’ai de l’expérience. Quand tu as déjà cuisiné une palourde royale, tu peux tout faire.
– Boucar Diouf
À long terme, l’animateur aimerait revisiter Autour d’une dinde, inviter d’autres personnes à sa table pour continuer le partage culturel avec des traditions rassembleuses.
« Je célèbre Noël, mais je ne suis pas chrétien, je viens d’une famille musulmane! Partout au Québec, il y a des gens comme ça. Il y a des gens qui arrivent et qui ajoutent leurs propres petits carrés de tissu à la courtepointe québécoise! C’est important de montrer ces petits carrés, sortis de souliers qui ont beaucoup voyagé », conclut l’animateur.