Napoléon était petit : mythe ou réalité?

Napoléon dans son cabinet de travail, portrait de Jacques-Louis David.
Napoléon dans son cabinet de travail, portrait de Jacques-Louis David

Au sommet de sa gloire, le général Napoléon Bonaparte règne sur un vaste empire englobant la France, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg, de même que certaines parties d’Italie, de Suisse, d’Allemagne et des actuelles Croatie et Slovénie. Malgré toutes ces conquêtes, on se souvient surtout de lui comme d’un petit homme agressif, la main glissée sous son veston. Napoléon était-il vraiment si petit?

 

Réponse : Napoléon Bonaparte était de taille légèrement supérieure à la moyenne de son époque. Le mythe prétendant le contraire est attribuable à l’évolution des systèmes de mesure, aux habitudes militaires du général et à la publication de caricatures peu flatteuses par les journaux britanniques.

Explication : Dans les documents officiels de son décès, survenu en 1821, Napoléon Bonaparte est décrit comme haut de « cinq pieds deux pouces ». Or, le « pouce français » utilisé à l’époque est légèrement plus long (2,7 cm) que son équivalent du système impérial (2,54 cm). La taille de Napoléon correspond donc à 167,4 cm, soit environ 5 pieds 5 pouces, selon les standards d’aujourd’hui.

Au début du 19e siècle, les gens étaient en moyenne plus petits qu’ils ne le sont aujourd’hui, notamment en raison de la malnutrition, des conditions de vie éprouvantes et d’une médecine moins évoluée. Une étude de l’Université de Chicago rapporte qu’en France, entre 1800 et 1820, la taille moyenne d’un homme adulte était de 164,1 cm – soit de quelques centimètres de moins que celle de Napoléon.

 

« Le petit caporal »

Napoléon a l’habitude d’engager des hommes plus grands que lui pour former sa garde élite – une pratique sécuritaire qui prend tout son sens lorsqu’on est la cible des tirs sur le champ de bataille. Les soldats de Napoléon lui donnent le surnom affectueux de « petit caporal », expression que ses ennemis ont tôt fait de tourner au ridicule.

 

Une guerre d’images

Les portraits réalisés par des artistes français de l’époque, tels Antoine-Jean Gros et Jean-Léon Gérôme, présentent un Napoléon héroïque et de taille similaire à celle des hommes qui l’entourent. Mais de l’autre côté de la Manche, les images sont beaucoup moins élogieuses.

Au moment du décès du caricaturiste James Gillray, Napoléon affirme que ce Britannique a accompli davantage que toutes les armées d’Europe pour le chasser du pouvoir. L’œuvre de l’artiste intitulée Maniac Ravings : Little Boney in a Strong Fit se moque d’un incident survenu en 1803, à Paris, où Napoléon s’emporte contre un diplomate britannique devant la foule. L’illustration présente l’homme d’État en pleine crise, portant des bottes trop grandes et renversant du mobilier, comme le ferait un enfant. 

Caricature de Napoléon par Gillray en 1803.
Maniac Ravings : Little Boney in a Strong Fit, caricature de Napoléon par James Gillray, 1803.

Cette image satirique d’un Napoléon infantile est reprise mainte fois par Gillray et par d’autres artistes de la presse britannique, jusqu’à devenir la représentation typique de l’empereur ennemi.

Cette histoire démontre bien que pour faire tomber les gens au pouvoir, la plume peut s’avérer une arme bien plus redoutable que l’épée.