Nanotechnologies contre le cancer

Nanotechnologies contre le cancer

Judith Jacques

La prévention du cancer est au coeur du Congrès mondial sur le cancer qui se déroule jusqu’au 30 août à Montréal. Les nanotechnologies semblent toutefois absentes du programme, comme le remarque Normand Voyer, professeur au Département de chimie de l’Université Laval et directeur du PROTEO. « On y discutera plus de différents aspects terre à terre, mais pas des nouvelles approches du futur », indique-t-il.

Les nanotechnologies « ont le potentiel de changer radicalement le diagnostic et le traitement du cancer », selon l’Institut national du cancer. La série Nanotechnologies : une révolution invisible montre les avancées qu'elles permettent et permettront entre autres dans le domaine médical.

UNE APPROCHE BIOMIMÉTIQUE

Les procédés biologiques se font à l'échelle nano. C'est donc à cette même échelle que travaille Normand Voyer pour combattre les cellules cancéreuses. Son but est de créer des molécules apparentées aux molécules naturelles qui peuvent être décomposées naturellement par le corps. Elles doivent être de dimension nanométrique pour ne pas être détectées par le système immunitaire du corps.

La chimiothérapie s’attaque aux cellules cancéreuses qui se reproduisent rapidement. En réponse, ces cellules peuvent changer de métabolisme, ce qui veut dire qu’elles deviennent résistantes. Normand Voyer se sert des nanostructures pour tuer ces cellules cancéreuses résistantes.

Son approche est biomimétique, c’est-à-dire qu’elle s’inspire de ce qui se fait dans la nature. Par exemple, une bactérie sécrète des toxines, qui sont de dimension nanométrique, pour détruire les globules rouges. Elles s’insèrent dans la membrane cellulaire, ce qui tue la cellule. Normand Voyer tente d'imiter cette méthode naturelle de défense.

Les nanostructures de synthèse, développées en laboratoire par le professeur, s’attaquent aux cellules cancéreuses en détruisant leur membrane. Les cellules libèrent alors une enzyme de dégradation qui pourrait dégrader les nanostructures en plusieurs parties plus petites qui seraient alors non toxiques pour le corps.

Normand Voyer prévoit que son approche sera prête dans 15 à 25 ans. Les nanotechnologies sont déjà utilisées en clinique dans le cas de l’anticorps Herceptin, par exemple. C'est un médicament anti-cancéreux qui traite certains cancers du sein.

À l’heure actuelle, le cancer est la première cause de décès au Canada et c’est l'une des principales causes de mortalité dans le monde. Le nerf de la guerre, selon Normand Voyer, est de pouvoir diagnostiquer le cancer plus rapidement à l’aide des nanotechnologies pour qu’il soit plus facile à éradiquer.

Pour en savoir plus :

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Nano Québec