Nous utilisons seulement 10 % de notre cerveau : mythe ou réalité?

Nous utilisons seulement 10 % de notre cerveau : mythe ou réalité?
crédit photo : CIPhotos / iStock

Dans bien des films, des séries télé et des livres, certains personnages parviennent à lire dans les pensées, à prédire l’avenir et à mémoriser des quantités phénoménales d’information. L’explication : les êtres humains n’utilisent que 10 % de leur cerveau et pourraient accomplir de véritables exploits en éveillant leurs capacités mentales en dormance. S’agit-il là de fiction ou d’un fait scientifique?

 

Réponse : Nous utilisons déjà toutes les régions de notre cerveau et la majorité d’entre elles sont sollicitées en permanence.

 

Explication : L’imagerie par résonance magnétique (IRM) et la tomographie par émission de positrons (PET scan en anglais) servent à analyser l’activité cérébrale avec précision et en temps réel. Ces tests démontrent clairement que toutes les régions du cerveau demeurent actives lorsque nous accomplissons une multitude de tâches, qu’elles soient simples ou complexes, telles que lire ou résoudre des problèmes mathématiques.

De plus, l’application d’un stimulus électrique à des endroits spécifiques du cerveau chez des êtres humains éveillés et sous anesthésie locale provoque toujours une réaction : altération des sens, émotions, mouvements involontaires… À ce jour, aucune région « dormante » n’a pu être identifiée par cette technique.

 

Dommages au cerveau et évolution des espèces

Dans son livre Mind Myths, le neurologue canadien Barry Gordon soulève de nombreuses objections à la théorie voulant que nous n’ayons recours qu’à une partie limitée de nos capacités mentales.

Si 90 % du cerveau était inutilisé, la majorité des traumatismes crâniens seraient sans conséquence. Or, même des dommages mineurs à de petites régions du cerveau peuvent laisser des séquelles dévastatrices. 

Le cerveau représente à peine 2 % du poids total du corps humain, mais consomme jusqu’à 20 % de son apport en oxygène et en éléments nutritifs. Si une grande partie de l’organe était effectivement inutile, la sélection naturelle aurait privilégié la survie d’ancêtres au cerveau plus efficace et moins énergivore. 

 

Professeur mal cité dans un livre très, très populaire

D’où vient ce mythe ? L’explication la plus probable remonte à un article publié en 1907 dans le magazine Science où le psychologue William James affirme que « nous n’utilisons qu’une petite partie de nos ressources mentales et physiques », sans préciser de pourcentage exact. Il s’agit là d’une observation générale sur la façon dont le décorum et la routine empêchent les gens de mettre à profit leurs pleines capacités. 

Or, dans son livre Comment se faire des amis et influencer les autres, l’auteur Dale Carnegie cite sommairement celui qui a été son professeur à l’Université Harvard en prétendant que « la personne moyenne ne développe que 10 % de ses capacités mentales latentes. » Vendu à plus de 30 millions d’exemplaires, ce livre a tôt fait de catapulter cette statistique dans la culture populaire. 
 

Notre cerveau ne possède donc pas de talents secrets pouvant être déverrouillés du jour au lendemain. Mais nous pouvons tout de même favoriser son épanouissement en le stimulant à l’aide d’activités variées, telles qu’apprendre à jouer d’un instrument de musique ou à parler une nouvelle langue.