Sous sa filiale Xbox Game Studios, Microsoft possédera à elle seule 35 studios de développement et 3 labels d’édition lorsque Activision Blizzard sera officiellement sous son contrôle en 2023. L’entreprise agrandit ainsi sa part du gâteau et renforce l’offre de Game Pass, son service de jeux vidéo sur demande.
Microsoft annonçait en début de semaine son intention d’acquérir Activision Blizzard pour 68,7 milliards de dollars américains (86,1 milliards de dollars canadiens), un montant sans précédent pour l’industrie.
Comme il s’agit d’une opération financière entre deux entreprises d’envergure, cette transaction doit être approuvée par différentes autorités de régulations européennes et américaines avant de se concrétiser.
En 2020, Microsoft avait déjà fait l’acquisition de l’entreprise ZeniMax Media, bien connue pour les titres à succès de ses nombreuses filiales telles que les séries The Elder Scrolls et Fallout, de Bethesda. Elle possédait également déjà plusieurs studios reconnus comme 343 (Halo) et Mojang (Minecraft).
Microsoft est ainsi propriétaire de nombreuses séries parmi les plus populaires des dernières années. Avec Activision Blizzard et ses autres acquisitions, elle peut offrir en exclusivité des titres qui proviennent entre autres des séries suivantes : Call Of Duty, World of Warcraft, Overwatch, The Elder Scrolls, Fallout, Doom, Wolfenstein, Crash Bandicoot, Dishonored, StarCraft, Guitar Hero et même Tony Hawk.
Image : Xbox Game Studios
État de la concurrence avec Sony
Même si Microsoft (2,26 T$ américains) a une capitalisation boursière beaucoup plus élevée que Sony (140 G$ américains), les deux entreprises se battaient jusqu’à maintenant à armes égales pour dominer l'industrie des jeux vidéo, avec un avantage marqué pour l’entreprise japonaise en ce qui concerne la vente des consoles de dernière génération.
L’acquisition d'Activision Blizzard pourrait faire pencher la balance en faveur de Microsoft, mais cela dépendra de la stratégie qui sera adoptée par l’entreprise.
Sur Twitter, Phil Spencer, dirigeant de Xbox Game Studios, ne ferme pas la porte à des partenariats entre Sony et Microsoft, et il assure le respect de certains contrats antérieurs.
J’ai eu de bons appels cette semaine avec la direction de Sony. J’ai confirmé notre intention d’honorer tous les accords qui existaient déjà au moment de l’acquisition d’Activision Blizzard et notre désir de garder Call of Duty sur la PlayStation. Sony représente une grande part de notre industrie et nous accordons de l’importance à cette relation.
On peut donc s’attendre à ce que certaines séries deviennent des exclusivités destinées aux plateformes de Microsoft, mais Call of Duty devrait continuer à être offert sur les consoles de Sony.
Il ne s’agit pas d’un choix très étonnant. Les ventes du dernier titre, Call of Duty: Vanguard, ont été effectuées en majorité sur l'écosystème PlayStation.
Microsoft mise sur la Game Pass
En ayant mis la main sur plusieurs grands développeurs, Microsoft s’est assurée d’avoir tous les outils pour attirer les joueurs et les joueuses vers Game Pass, sa plateforme de jeux vidéo sur demande offerte sur PC et sur Xbox depuis 2017.
Avec son catalogue qui ne cesse de s’agrandir, le service rappelle la domination précoce de Netflix avant que l’entreprise ne commence à être rattrapée par la concurrence. Plutôt que de mener une guerre de vente de jeux avec Sony, Microsoft semble donc miser sur ce service et les revenus tirés de son abonnement à 12 $ par mois.
L’entreprise veut offrir la Game Pass sur toutes les plateformes possibles. On ne la verra certes pas de sitôt dans l’écosystème de Sony ou Nintendo, mais même cette idée ne semble pas complètement écartée, comme le révélait Techradar en août.
Phil Spencer, dirigeant de Xbox Game Studios. Photo : Christian Petersen / Getty Images
Dans une entrevue accordée jeudi au Washington Post, Phil Spencer affirme aussi s’intéresser au retour de séries classiques qui ont longtemps été négligées, en mentionnant notamment Guitar Hero, King’s Quest et Hexen. Les prochaines années de la Game Pass s’annoncent donc riches en contenus.
PlayStation travaillerait elle aussi sur son propre service de jeux vidéo sur demande, une plateforme qui combinerait probablement PlayStation Plus avec une formule plus étoffée de PlayStation Now, mais peu de détails ont été divulgués sur ce projet.
De son côté, Sony rend accessibles sur PC de plus en plus fréquemment ses titres exclusifs. C’est un pas timide dans un secteur du marché dominé jusqu’ici par Steam, Microsoft et Epic Games.
Soulagement pour le personnel d’Activision Blizzard
Il n’y a pas que les actionnaires d’Activision Blizzard qui se réjouissent de l’arrivée de Microsoft dans le décor. Un soupir de soulagement collectif semble émaner des travailleurs et des travailleuses de l’entreprise, qui devaient composer avec un climat toxique et des comportements déplacés depuis plusieurs années.
La vente à Microsoft signifie aussi le début de la fin pour Bobby Kotick, le PDG d’Activision Blizzard, qui a été montré du doigt à plusieurs reprises pour son inaction face aux problèmes de harcèlement sexuel au sein de son entreprise et pour sa mauvaise gestion de certains projets.
Bobby, tell everyone about the random projects for OW1 you all would shove on us, the team would do OT for only them to get cancelled and for months of OW2 dev to have been lost. Or how almost entire teams are turning over and citing you as the reason. Don't be shy. https://t.co/3ksVMMaCwf
— Tracy Kennedy ????✊ (@dogspinster) January 19, 2022
Sa démission était exigée depuis plusieurs mois par des actionnaires et des membres du personnel. Il devrait finalement quitter ses fonctions en 2023 lorsque le rachat sera finalisé.
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