La mer s'en sort mieux que la terre

La mer s'en sort mieux que la terre

Une bonne et une mauvaise nouvelle : l'état des océans est à peu près là où en était l'état de la terre ferme vers 1800.

En termes concrets, ça veut dire que le rythme accéléré d’extinction des espèces que l’on connaît sur la terre ferme n’a pas encore atteint les océans. Mais la mauvaise nouvelle, c’est que ça commence.

« Ce que nous avons découvert, résume le biologiste marin Douglas McCauley, c’est que lorsque nous mettons bout à bout l’impact que nous avons eu, les océans sont en bonne santé, tant qu’on les compare aux dégâts que nous avons causés à la faune et la flore sur les continents. »

En cinq siècles, environ 500 espèces terrestres sont disparues à cause de l’action humaine. En comparaison, dans la mer, seulement 15 espèces seraient disparues. Un chiffre qui fait dire aux auteurs de la recherche, parue le 16 janvier dans Science, que nous sommes peut-être engagés sur la même voie que nos ancêtres d’il y a quelques siècles, et que des changements sont d’ores et déjà irrémédiables — ou bien qu’au contraire, nous sommes encore en position de renverser la vapeur.

Nous sommes assis au bord du précipice, mais nous ne sommes pas encore tombés dans le précipice, résume le New York Times qui en a fait sa Une.

La note d’espoir peut paraître étonnante après des années de reportages déprimants sur la surpêche et la quasi-disparition d’espèces comme la morue. Mais en réalité, à l’échelle historique, ce n’est que dans les 50 dernières années que nous avons commencé à exploiter les océans à l’échelle industrielle — alors que l’exploitation de la nature à grande échelle remonte à des milliers d’années. Les océans ont donc été relativement épargnés.

L’analyse parue dans Science consiste en une tentative pour comparer le taux de changement que l’on observe dans les océans avec celui qu’on a pu observer sur les continents — afin d’essayer de voir à quel stade de cette « évolution » nous en sommes. La comparaison est donc imparfaite, admettent les auteurs : il y a encore beaucoup de choses qu’on ignore sur les écosystèmes océaniques. Et par ailleurs, l’impact qu’auront les changements climatiques sur les océans représente une variable pour l’instant inconnue dans tous ces calculs. Mais une chose est claire, les créatures qui vivent sous l’eau s’en sortent globalement mieux, pour l’instant, que leurs cousines qui vivent hors de l’eau. Le cousin humain peut encore renverser la vapeur.