Maïs canadien et réchauffement climatique

Maïs canadien et réchauffement climatique

(Photo prise par Alina Zienowicz/Wikimedia Commons)

Le Canada aura une autre raison de ne rien faire contre le réchauffement climatique : ses champs de maïs de l’ouest pourraient être gagnants.

La sécheresse qui a frappé une partie du continent nord-américain a été catastrophique cet été pour les cultivateurs dans des États comme le Kansas. Et même s’il devait s’avérer que 2012 fut une année anormale pour la pluie, le réchauffement, lui, est bel et bien amorcé : à long terme, les dés sont pipés en faveur des champs du Manitoba ou de la Saskatchewan, à un millier de kilomètres au nord du Kansas.

« Ces changements se produisent plus vite que la vitesse à laquelle les plantes peuvent s’adapter », disait récemment à l’agence Bloomberg un scientifique du Centre international de l’agriculture tropicale.

Pendant que les politiciens évitent d’en parler, les agriculteurs, eux, commencent à s’ajuster aux changements climatiques. Bloomberg donne par exemple la parole à un agriculteur du Kansas qui expérimente déjà le sorgho et envisage les graines de tournesol, deux cultures qui demandent moins d’eau.

D’un autre côté, le maïs définit tellement « l’American way of life » que les élus seront nombreux à tout faire pour le garder à l'intérieur de leurs frontières — sans compter que le gros de l’éthanol produit aux États-Unis provient de leur propre maïs. Il se trouve que le Dakota du Nord, un État voisin du Manitoba, d’ordinaire peu réputé pour son agriculture, bénéficie désormais de six jours de gel de moins qu’en 1960. Résultat : on y plante plus de maïs qu’avant — et plus de blé, et plus de soja.

Pendant ce temps, le nombre d’acres de maïs au Manitoba a presque doublé depuis 10 ans, au point de prendre de l’espace jusque-là occupé par le blé.

Au début de cette année, le ministère américain de l’Agriculture avait mis à jour, pour la première fois depuis 1990, sa « carte des zones de résistance des végétaux » : un outil qui indique aux agriculteurs et aux jardiniers ce qu’il convient de semer — ou non — région par région, en fonction des températures minimales et maximales.

Au Canada, la version la plus récente d’une semblable carte remonte à 2000 et dans cette mise à jour (qui était la première depuis la seule autre édition, en 1967), on pouvait déjà lire que « la nouvelle carte montre des changements dans les zones de résistance qui correspondent à ce qui est connu des changements climatiques ». On y indiquait aussi, il y a 12 ans, que ces changements étaient davantage prononcés dans l’Ouest canadien.