L'humain et le sport

L'humain et le sport

Judith Jacques

« Les Jeux olympiques auront toujours le don de m’émouvoir d’une façon que rien d’autre dans ma vie ne réussit à le faire! » s’exclame Sylvie Fréchette, double médaillée olympique en nage synchronisée. Elle trouve que le sport est une forme d’expression du mouvement qui est d’une beauté extraordinaire.

L’ESPRIT DE COMPÉTITION

L’humain se bat depuis toujours, selon le documentaire Jouer pour gagner. Ce serait « animal » de vouloir régner, gagner et savoir qui est le plus fort. Robert Frosi, l’animateur de Culture physique, croit aussi que l'humain a un besoin essentiel de se mesurer aux autres. Selon lui, tous les enfants veulent gagner.

Toutefois, Sylvie Fréchette croit que ce ne sont pas tous les enfants qui aiment la compétition et veulent être le meilleur. C’est ce qu’elle a observé au club de nage synchronisée Neptune‐Synchro qu’elle a fondé en 2010.

L’esprit de compétition n’est pas un prérequis pour participer aux Jeux olympiques, explique Sylvie Fréchette. Elle ne l’a pas. « Quand j’ai tout donné, j’ai la conscience tranquille », dit-elle. Elle n’a pas besoin de se comparer aux autres.

Pour ce qui est de la médaillée olympique en plongeon Annie Pelletier, c'est la réussite et le surpassement qui l'ont motivée tout au long de son parcours. Lorsqu'elle s'est méritée la médaille de bronze aux Jeux olympiques d'été de 1996, elle avait l’ambition de faire une remontée de la 17e position jusqu’au podium. Elle y a cru et ça a porté ses fruits. Mais le désir de gagner n'est pas en tout le monde : « c'est dans ton ADN, ton attitude », dit-elle.

NOS HÉROS

Robert Frosi trouve que l’esprit de compétition existe partout dans la société : il faut performer à tout prix. « On en demande toujours plus à l’athlète », dit-il. C’est ce qui a fait en sorte que le sport est devenu moins noble et romantique qu’avant, selon lui.

Il met aussi en cause l’aspect commercial des Jeux olympiques. Une médaille d’or aujourd’hui implique des commanditaires, des contrats bien payés et une notoriété. Auparavant, il explique qu’un champion était populaire dans son village, mais pas à l'extérieur de son pays.

Selon Sylvie Fréchette, l’idée de héros du sport est en effet plus présente de nos jours qu’il y a 20 ans et c’est une bonne chose. Les athlètes sont des modèles et « c’est extraordinaire qu’on en soit rendu là », dit-elle. « On a tous l’espoir de toucher quelqu’un et de lui donner le goût de se rendre au bout d’un rêve », explique-t-elle.

Annie Pelletier est du même avis. Tant mieux si la visibilité des jeux est grandissante avec un plus grand nombre d'athlètes, de commanditaires et de médias. Elle a d'ailleurs remarqué que la relation entre les athlètes et leurs fans est différente aujourd'hui avec Internet. À Londres, les athlètes pourront expliquer comment ils se sentent sur un compte Twitter, ce qui les rapproche du public. Ils pourront ainsi en inspirer plusieurs.

LIMITES DU CORPS HUMAIN

La devise des Jeux olympiques est Citius, Altius, Fortius, qui veut dire plus vite, plus haut, plus fort. Le sport est un défi de l’humain face aux lois de la physique, selon le documentaire Jouer pour gagner.

Cependant, selon le chercheur de l’Institut National du Sport et de l’Éducation Physique, Geoffroy Berthelot, les athlètes ont atteint les limites de la physiologie humaine. Ils seraient à 99 % de leur potentiel.

Annie Pelletier explique qu'en plongeon, la diversité des figures et des techniques fait en sorte qu'il faudra plusieurs années avant que les plongeurs n'atteignent les limites de leur capacité physique. Le plongeon 4 ½ avant groupé et le 3 ½ arrière carpé ne se font pour l’instant que chez les hommes. « Il y a bien de la place avant que ça plafonne! », indique Annie Pelletier.

Les records seront bientôt plafonnés et il sera impossible de les battre sans une aide extérieure, biomécanique ou pharmacologique, selon Robert Frosi. Sylvie Fréchette dénonce cette idée de battre les records à l’aide de combinaisons de natation spéciales ou de substances quelconques. Il faut plutôt revenir à l’outil de base qu’est le corps humain, selon elle.

OLYMPIQUES VERTS?

Parlant de records, est-ce que les Jeux olympiques de Londres battront celui des jeux les plus verts? C’est le défi que s’est donné l’Angleterre en 2005.

Le stade olympique a été construit à partir de certains matériaux recyclés. Sa construction a été tout un casse-tête comme en témoigne le documentaire Mégastructures : Le stade olympique de Londres. Quant au site du Parc olympique, il se situe sur une ancienne zone industrielle défavorisée qui a dû être dépolluée. « C’est fantastique de vouloir revitaliser un quartier laissé à l’abandon », indique Robert Frosi. « Mais après, qui aura les moyens de s’acheter quelque chose là? » ajoute-t-il.

Après les jeux, le site devrait entre autres accueillir 8000 logements et trois écoles. Le quartier héritera aussi de transports modernisés. Annie Pelletier salue ces efforts pour des olympiques plus verts, car tous les yeux seront tournés pendant deux semaines sur ces lieux : ça montre l’exemple.

Jouer pour gagner est diffusé samedi le 21 juillet à 20h30 et Mégastructures : Le stade olympique de Londres, joue lundi le 23 juillet à 20h, sur Explora.

(Photo : Le stade olympique de Londres en construction)