L'hormone de l'amour contre l'obésité?

L'hormone de l'amour contre l'obésité?

(Photo prise par Sujit kumar / Wikimedia Commons)

Si vous êtes du genre à être attiré par les biscuits cachés au fond de l’armoire, réjouissez-vous! Des chercheurs allemands pensent avoir trouvé une substance pour mettre fin à l’envie de grignoter : l’ocytocine, aussi connue sous le nom « d’hormone de l’amour ».

Dans le cadre de leur étude publiée dans la revue Diabetes, des scientifiques ont offert des biscuits au chocolat à des hommes qui venaient de terminer un repas. Certains d’entre eux avaient reçu au préalable une dose d’ocytocine en vaporisation nasale. Les résultats démontrent que ces derniers ont consommé 25 % moins de biscuits que les autres participants. En revanche, la consommation de nourriture n’a pas diminué chez les individus à jeun. L’ocytocine bloquerait donc exclusivement le goût de manger pour le plaisir, croient les chercheurs.

C’est la première fois que l’on démontre chez l’humain que l’ocytocine peut jouer un tel rôle dans la régulation de l’appétit. Jusqu’à présent, c'est plutôt son implication dans les relations humaines qui avait retenu l'attention. L'ocytocine favorise en effet les interactions sociales en générant une sensation de bien-être et en diminuant le stress. Elle est ainsi responsable de la formation du lien de couple, de l’orgasme lors des relations sexuelles et de l’attachement entre une mère et son enfant.

Selon Elena Timofeeva, professeure au département de psychiatrie et de neuroscience de l'Université Laval, c’est précisément cette capacité de l’ocytocine à produire un sentiment de bien-être qui pourrait atténuer l’envie de grignoter. On sait en effet que la consommation d’aliments sucrés diminue le stress, ce qu’on décrit comme « manger ses émotions » dans le langage populaire. « L’ocytocine pourrait reproduire l’effet antistress d’une cuillère de sucre », explique la spécialiste des troubles alimentaires. Les chercheurs allemands ont d’ailleurs remarqué que les participants, qui ont reçu de l'ocytocine, avaient des niveaux moins élevés de stress.

Selon les auteurs de l’étude, leur découverte pourrait ouvrir la porte à un traitement de l’obésité et des troubles alimentaires. Cet avis est aussi partagé par Stephanie Fulton, chercheuse au Centre de recherche du diabète de Montréal, qui s'intéresse aux mécanismes derrière la surconsommation de nourriture. L’utilisation de l’ocytocine aurait, selon elle, l’avantage de diminuer exclusivement la consommation de grignotines. Elle ne nuirait donc pas à une alimentation saine et équilibrée. La scientifique mentionne toutefois qu’il sera intéressant de savoir si l’effet observé pour les biscuits au chocolat est également présent pour d’autres types de collations, comme celles riches en gras.

Selon les plus récentes statistiques de l’Agence de la santé publique, presque un Canadien sur 4 est considéré comme obèse.

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