Dans la patrie de l’automobile, les espaces pour piétons sont en expansion. Une manifestation de la fin de l’étalement urbain?
C’est du moins ce que veulent croire les auteurs du rapport Foot Traffic Ahead, réalisé par une coalition d’organismes voués à la promotion du développement durable, et par l’Université George Washington, à Washington. Leur conclusion : dans les 30 plus grandes villes américaines, les nouveaux aménagements d’affaires — en gros, les bureaux — sont construits beaucoup plus en fonction du piéton que de l’automobile.
Mieux encore, il semblerait que ça rapporte : les espaces de bureaux « à une distance de marche » — des commerces, des transports en commun, etc. — auraient une valeur financière de 74 % supérieure aux autres.
Si personne ne sera étonné de trouver des villes comme Washington (qui décroche la première place pour le pourcentage de lieux de travail « marchables »), New York et San Francisco dans la liste de celles qui ont entrepris de tels efforts, la présence de Miami, Atlanta ou Detroit peut surprendre — encore que les auteurs soulignent qu’elles sont avant tout « bien placées » pour de telles initiatives, sur la base de leurs « efforts de développement actuels ».
Ce rapport vient s’ajouter à une liste de chiffres qui, ces dernières années, donnent l’impression qu’un renversement est en train de s’opérer aux États-Unis : le nombre de kilomètres parcourus en auto est en baisse régulière depuis huit ans, le pourcentage d’Américains à avoir conduit dans la dernière année est en baisse depuis le milieu des années 2000 et le pays de Ford et de GM a connu davantage de déplacements en transports en commun qu'à tout autre moment depuis les années 1950.
Bémol pour les promoteurs immobiliers, selon le rapport : les permis et réglementations pour de nouvelles constructions sont plus sévères et coûteux dans les villes-centres que dans les banlieues.
Des groupes de citoyens se plaignent aussi que les efforts pour « piétonniser » un secteur se traduisent par une augmentation de la circulation dans les quartiers avoisinants — une complainte familière aux Montréalais, avec les expériences actuelles de régulation de la circulation dans le quartier du Plateau Mont-Royal.