Le télescope spatial James Webb enfin prêt pour son lancement

Photo : NASA / Desiree Stover

La NASA a annoncé jeudi que le télescope spatial James Webb a complété les derniers tests nécessaires à son lancement dans l’espace. Le successeur de Hubble permettra à la NASA et à ses partenaires, dont l’Agence spatiale canadienne (ASC), d’étudier le cosmos et ses exoplanètes avec une précision inégalée.

C’est sur son site Internet que la NASA a fait la grande annonce jeudi, un moment attendu depuis longtemps par les membres de la communauté scientifique qui suivent le projet de près depuis ses débuts, en 1996. Initialement, le télescope spatial James Webb devait être lancé en 2007, mais cette date a été sans cesse repoussée.

La construction du télescope s’est officiellement terminée en 2016. Depuis, de nombreux tests ont dû être effectués sur celui-ci afin de s’assurer qu’il puisse résister au lancement et qu’il soit entièrement fonctionnel une fois en place.

Il faut dire que les scientifiques n’ont pas droit à l’erreur : après plus de 10 milliards de dollars investis et environ 25 ans de développement, la perte de ce nouvel observatoire céleste serait catastrophique. En cas de bris, il serait aussi presque impossible de le réparer, puisqu’il sera positionné à 1,5 million de kilomètres de la Terre.

Pour l'astrophysicien René Doyon, c’est un moment excitant, la concrétisation d’un travail qui portera bientôt ses fruits. Le directeur de l’Institut de recherche sur les exoplanètes (iREx) travaille sur le projet depuis 2001, principalement sur le NIRISS (Near-InfraRed Imager and Slitless Spectrograph), un outil qui utilise la spectroscopie pour déterminer la composition de l’atmosphère des exoplanètes.

« Je pense [que je ne réalise pas encore que ça] arrive très très bientôt. J’ai vraiment très hâte, et évidemment toute mon équipe aussi. C’est un très grand travail d’équipe à tous les niveaux, autant de la part de l’ASC que du reste de l’industrie, et bien sûr de tout le milieu [universitaire]. Tous sont impliqués activement dans ce projet-là au Canada », explique-t-il. 

On prépare actuellement le télescope spatial James Webb pour son transport vers le Centre spatial guyanais, dans la ville de Kourou. Si tout se passe comme prévu, son lancement devrait avoir lieu à la mi-novembre ou au début du mois de décembre au plus tard.

 

Le télescope qui va tout changer?

Une fois dans l’espace, James Webb nous permettra de jeter un regard nouveau sur notre univers et d’observer l’origine de notre monde et la formation des premières galaxies. Il s’agit du télescope spatial le plus puissant de tous ceux qui ont été conçus jusqu’à maintenant.

« On peut déjà anticiper que Webb va révolutionner tous les chapitres de l’astrophysique, en particulier les fameuses premières lumières, les premières galaxies qui se sont allumées. Ce télescope sera assez sensible pour voir le plus grand feu d’artifice cosmique qui s’est produit, nous pensons, quelques centaines de millions d’années après le début du Big Bang », précise René Doyon.

En ce qui concerne les exoplanètes, le directeur de l’iREx affirme que le télescope sera une machine extrêmement puissante pour détecter et analyser leur atmosphère grâce au NIRISS, l’instrument canadien optimisé dans ce but.

Le lancement du télescope spatial James Webb s’annonce donc comme un grand pas pour découvrir d’autres planètes qui pourraient potentiellement abriter la vie, avec une atmosphère semblable à la nôtre.

Ce nouvel observatoire spatial pourra recueillir des données inestimables pour les scientifiques, des découvertes qui pourraient bien tout changer… à condition que le lancement se déroule sans encombre.

« Je ne suis pas nerveux pour l’instant, mais je ne peux pas vous dire comment je serai le jour du lancement! La prochaine décennie sera probablement celle de James Webb d’un point de vue scientifique », conclut René Doyon.