Certains jeux vidéo rendent violent : mythe ou réalité?

Un adolescent joue à Fortnite sur un ordinateur.
crédit photo : JJFarquitectos / iStock

Depuis leur avènement dans les années 1970, les jeux vidéo sont régulièrement montrés du doigt. La raison? Certains mèneraient à des comportements violents et auraient même une influence sur les fusillades et les tueries de masse. Mais existe-t-il vraiment un lien?

 

Réponse: Si la question refait surface quand surviennent des crimes violents, de nombreuses études ont établi qu’il n’y avait en réalité pas de lien de causalité entre ces tristes évènements et les jeux vidéo, même ceux qui sont considérés comme violents.

 

Explication: Selon le chercheur en psychologie Christopher J. Ferguson, de l’Université Stetson, en Floride, la corrélation entre les jeux vidéo et les comportements violents est une légende urbaine.

Celui-ci a plutôt souligné que le taux de crimes violents dans la société américaine a diminué en même temps que l’avènement des jeux vidéo.

Cette affirmation est appuyée par les recherches de la sociologue Karen Sternheimer, qui, après avoir eu accès à des fichiers du FBI, a dévoilé que le nombre de meurtres perpétrés par des personnes mineures a baissé de 77 % dans les dix années qui ont suivi la sortie de plusieurs jeux vidéo en 3D dont Doom, un jeu de tir auquel les auteurs du massacre de Columbine jouaient régulièrement. 

Une étude réalisée en 2014 par le psychologue Richard Ryan, de l’Université de Rochester, a mis en lumière que le niveau de difficulté d’un jeu pouvait provoquer de la frustration d’une personne en la rendant temporairement plus agressive, sans toutefois la pousser à commettre d’acte de violence. Selon ses recherches, la présence de violence n'apparaissait pas comme un facteur déclencheur.   

Alors, comment expliquer l’intérêt marqué de plusieurs tueurs de masse pour les jeux vidéo, ce qui fait bien souvent l’objet de controverse? Selon le rapport annuel 2022 de l’Association canadienne du logiciel de divertissement (ALD), 53 % de la population canadienne y joue aussi régulièrement, sans pour autant commettre d'actes violents.

Christopher J. Ferguson rapporte que certaines études ont par ailleurs révélé que l’environnement familial et les problèmes de santé pouvaient être des éléments déclencheurs de comportements négatifs.

 

Jouer pour se défouler?

Vanessa Lalo, psychologue clinicienne et spécialiste des comportements numériques, pense quant à elle que les jeux vidéo peuvent devenir un exutoire, un moyen de gagner en estime de soi et de se lier à d’autres personnes qui « va potentiellement faire baisser justement l’agressivité ou la violence des individus ». 

Toujours selon le récent rapport de l’ALD, 85 % des joueuses et joueurs interrogés ont affirmé que les jeux vidéo atténuent le stress; 84 % considèrent que cette activité leur apporte de la joie.