Les jeux vidéo à leur juste valeur

«Le jeu vidéo est de plus en plus reconnu comme un objet culturel à part entière. Il fait partie des collections des musées. Il est reconnu dans bien des cas comme une forme d’art au même titre que le cinéma, le théâtre, la bande dessinée.» Ce sont les premières impressions du chroniqueur et animateur de La sphère, Matthieu Dugal, en lien avec le documentaire La vérité sur l'impact des jeux vidéo. Il faut reconnaître ce nouvel aspect émanant du discours sur les jeux vidéo, d’autant plus que «c’est une industrie culturelle dominante dans le monde qui a même dépassé Hollywood en termes de revenus.»

Matthieu Dugal est bien placé pour commenter le documentaire, car il aime bien jouer à des jeux vidéo (et voudrait même y consacrer plus de temps!) et il suit leur évolution avec beaucoup d’intérêt. Passionné par cette activité depuis l’âge de six ans, il a toujours été attiré par le fait de pouvoir agir sur un monde virtuel. «De plus en plus, les jeux vidéo, avec l’augmentation de la capacité de calcul, permettent une narration tellement riche, de plus en plus complexe.»

VOIR LES JEUX VIDÉO D’UN BON OEIL

Matthieu Dugal trouve que le documentaire fait tomber beaucoup de préjugés, car il montre très bien que le jeu vidéo peut être plus bénéfique que dévastateur. Il a été agréablement surpris d'apprendre que certains médecins développent leur dextérité dans leur pratique à partir de jeux vidéo. Le documentaire donne l'exemple du jeu Underground créé par le Dr Henk Ten Cate Hoedemaker, du Centre universitaire de médecine à Groningue, afin de former des chirurgiens.

Matthieu Dugal souligne que les jeux vidéo violents représentent seulement 5% de la production des jeux vidéo. Impressionnant, non?

«Le discours négatif qu’on a entretenu sur les jeux vidéo jusqu’à maintenant est en grande partie invalidé par la plupart des études scientifiques. Comme n’importe quoi, il y a du bon et du pas bon», précise Matthieu Dugal. On ne va pas remettre en question le fait qu’on produise du vin parce qu’il y a des gens alcooliques, ajoute-t-il. C’est la même chose pour le jeu vidéo, selon lui. «Le jeu vidéo, s’il s’inscrit dans un mode de vie qui est globalement sain, il va juste rajouter des couches de divertissement, ça va aider la cognition. Et ça, c’est ce qui est à mon avis nouveau et dont on parle dans ce documentaire-là qui est super intéressant.»

Jeux vidéo sur ordonnance

Matthieu Dugal trouve bien intéressant le fait qu’on se rende compte que le jeu vidéo peut être administré comme un médicament. Le documentaire présente le travail du professeur Adam Gazzaley de l’Université de Californie à San Francisco. Il a collaboré avec des concepteurs de jeux vidéo pour créer le jeu NeuroRacer qui vise à stimuler le développement du cerveau de personnes âgées. Après quelques heures de jeu pendant plusieurs semaines, le professeur a entre autres observé que leur durée d’attention et leur mémoire à court terme se sont améliorées! «On se rend compte qu’un bon jeu bien fait, ça peut être aussi efficace qu’un médicament», explique Matthieu Dugal.

Sous la loupe des scientifiques

Matthieu Dugal remarque qu’il peut y avoir des avantages cognitifs à jouer aux jeux vidéo, mais que ça vient avec des mises en garde. Il trouve important de se poser la question à savoir si les jeux vidéo génèrent des comportements violents. Il encourage donc les études scientifiques dans ce domaine parce qu’il souligne que les jeux sont de plus en plus réalistes et immersifs.

«Il faut prendre ses responsabilités en tant que développeur parce que ça vient de plus en plus réaliste et la frontière entre la vraie vie et ce qu’on va voir dans le jeu vidéo va aller en s’amenuisant, surtout avec l’arrivée de la réalité virtuelle, la réalité augmentée», explique-t-il.


EN COMPLÉMENT

Matthieu Dugal trouve que les idées véhiculées par ce documentaire se retrouvent également dans le livre Power Play: How Video Games Can Save The World, écrit par Asi Burak et Laura Parker.