Huile d'olive : un filet de prévention dans votre alimentation

Huile d'olive : un filet de prévention dans votre alimentation

Grâce à une récente étude montréalaise, la liste des bienfaits de l’huile d’olive vierge pourrait bientôt s’allonger. Quatre composés de cette huile pourraient en effet prévenir le développement de certains types de cancer. Mais faut-il, pour autant, considérer l’huile d’olive comme un « remède miracle » ?

Certains médias généralistes, un peu trop enthousiastes, pourraient en effet tirer quelques conclusions hâtives suite à la publication de cette étude. Cependant, ces rapporteurs de bonnes nouvelles oublient parfois de remettre en contexte les études et se concentrent uniquement sur les bienfaits prometteurs le plus souvent non encore avérés.

Toutefois, comme le confirme en effet Borhane Annabi, professeur au département de chimie de l’UQÀM et auteur de cette nouvelle étude, « on ne guérit pas du cancer en consommant certaines molécules, même celles issues de l’huile d’olive vierge. » Les bienfaits d’une alimentation enrichie en huile d’olive sont cependant documentés. La littérature scientifique mentionne également qu’une alimentation saine et diversifiée pourrait prévenir l’apparition des maladies chroniques et que certains liens pourraient être faits entre certaines molécules et des actions préventives.

À l’heure où ces lignes s’écrivent, le chercheur et son équipe testent donc certaines molécules issues de l’huile d’olive sur des tissus cancéreux en culture primaire — une étape très loin derrière l’étude clinique réalisée sur les humains — afin de relever si celles-ci inhibent certains signaux liés au développement du cancer. « C’est une sorte de chimiothérapie au sein de la culture de tissus, nous cherchons à connaître comment se développent les cancers et à trouver les molécules qui ont un effet de prévention sur l’apparition de la maladie », explique-t-il.

Pour l’instant, les chercheurs ont testé 5 sortes d’huiles d’olive extra-vierges considérées plus riches en molécules actives. « Leur méthode de conservation permet de maximiser la présence de polyphénols, les molécules qui nous intéressent. Dans les autres huiles d’olive, la concentration de ces molécules est souvent réduite de plus de 80 %. Il est difficile en effet d’analyser un extrait complet de molécules. C’est donc pour cette raison que nous nous penchons d’abord sur les molécules de l’huile d’olive, une à la fois. »

Selon le chercheur, il existerait différentes sortes d’olives — et même de sols à partir desquels poussent les oliviers — pouvant jouer sur la signature moléculaire des huiles. « Nous sommes en train de développer un répertoire des molécules alimentaires qui présentent des vertus anti-cancérigènes, comme dans les petits fruits indigènes québécois. »

Et alors, pourquoi ne pas consommer directement les olives plutôt que de mettre de l’huile sur la salade ? En raison du niveau de concentration des fameux polyphénols et autres molécules bénéfiques. Pourtant, impossible de connaître la quantité d’huile d’olive que nous devrons ingérer quotidiennement pour voir ces effets à l’œuvre. « Malheureusement, nous n’en sommes pas là, nous pistons seulement les molécules présentant des vertus », note le chercheur.

Les mécanismes en jeu

Au cours de leurs études successives, cette équipe de recherche a mis en lumière trois grands mécanismes pouvant être freinés par les molécules issues de l’huile d’olive extra-vierge : l’invasion des métastases — la migration des cellules malades —, l’angiogenèse tumorale — la création du réseau de vaisseaux sanguins soutenant l’alimentation des tumeurs — et enfin, le processus d’inflammation des cellules cancéreuses. Ces mécanismes forment les trois zones de lutte pour ces molécules.

« Les polyphénols visent un ou plusieurs mécanismes. Certains freinent le processus d’inflammation, comme l’acide oléique, qui inhibe les signaux destinés à sécréter les macrophages, tandis que d’autres ralentissent la progression de la tumeur cancéreuse en luttant contre l’angiogenèse », explique le chercheur. Ces molécules s’uniraient donc pour cibler les différents mécanismes cancéreux. « Elles travaillent en synergie plutôt que de manière individuelle. »

Obésité et cancer

L’équipe de M. Annabi se penche actuellement sur la relation entre obésité et cancer. Les cellules adipeuses humaines pourraient également bénéficier d’une « cure à l’huile d’olive ». Ces molécules pourraient avoir un effet bénéfique sur le syndrome inflammatoire, très fréquent chez les personnes en fort surpoids, et relié au développement de tumeurs cancéreuses. « Nous pourrions faire d’une pierre deux coups », s’exclame le chercheur. Ajouter un filet d’huile d’olive à votre repas, loin de nuire, pourrait donc répandre ses vertus au-delà de votre table.

La fameuse diète méditerranéenne

Il faut remonter aux années 1960 pour lire les premiers articles sur les bienfaits de la diète méditerranéenne. Certaines populations du pourtour méditerranéen — celles de l’île de Crête, en Grèce, notamment — présentaient moins de maladies cardiovasculaires qu’ailleurs.

Il existerait toutefois plusieurs diètes méditerranéennes  dont les caractéristiques se ressemblent : un apport élevé de légumes, de fruits, de noix, de céréales à grains entiers, de légumineuses et d’huile d’olive — et une consommation modérée en alcool, en sucre et en charcuterie.

L’huile d’olive n’en serait qu’un des éléments. « C’est en combinant l’ensemble et la diversité de l’alimentation que nous pouvons obtenir des effets bénéfiques », relève le chercheur, qui cite pour exemple l’effet décuplé du curcuma à l’ajout de poivre.