Dans la littérature, le cinéma et les jeux vidéo, il n’est pas rare que certaines épées deviennent des objets mythiques parfois presque aussi connus que les personnages des récits en question. Que ce soit Excalibur, l’épée de Gryffondor ou le sabre laser de Luke Skywalker, ces armes et leurs propriétés ont marqué les esprits. Pourtant, cette popularité touche généralement bien peu les vraies lames légendaires de l’histoire humaine, en voici donc quelques-unes qui méritent d’être connues!
L’épée de Goujian
Cette épée, qui aurait été forgée de 400 à 700 ans avant Jésus-Christ, a été découverte en 1956 lors de travaux souterrains qui ont révélé l’existence de plusieurs tombes de la dynastie Chu, dans la province du Hubei, en Chine. Selon des inscriptions sur celle-ci, elle aurait appartenu au roi Goujian, de la dynastie Chu.
L'épée de Goujian. Photo : Siyuwj/Wikimedia Commons
Étonnamment, malgré son passage d’environ 2500 ans dans une tombe submergée, l’épée a été retrouvée dans une condition impeccable, avec une lame toujours bien tranchante. Sa composition de cuivre et d’étain ainsi qu’un fourreau presque hermétique expliqueraient la préservation remarquable de cet artefact historique.
L’épée de Goujian est aujourd’hui exhibée dans le musée provincial du Hubei.
La Joyeuse, l’épée de la monarchie française
Cette épée est l’un des plus vieux artefacts historiques de la monarchie française. Les spécialistes estiment que la Joyeuse a servi pour le sacre des nouveaux monarques depuis le 12e siècle.
Plusieurs légendes entourent cette épée. Certains écrits religieux racontent notamment qu’une version précédente de la Joyeuse aurait appartenu à l’empereur Charlemagne en personne et qu’elle aurait été fabriquée à partir de la lance qui aurait percé le corps de Jésus-Christ.
La Joyeuse, l'épée du sacre des monarques de France. Photo : Siren-Com/Wikimedia Commons
Bien que ces légendes sont sans doute bien plus près du mythe que de la réalité, le vrai périple de cette épée demeure fascinant. Passant de monarque en monarque, elle a survécu à la Révolution française pour ensuite être utilisée lors du sacre de Napoléon. Ses différentes composantes ont été modifiées au fil des siècles, ce qui témoigne aussi en quelque sorte de la grande histoire de la France.
Depuis la Révolution française, c’est le Musée du Louvre qui assure la garde et l’entretien de cette lame légendaire, et il est parfois possible de la voir lors des expositions.
Curtana, l’épée de miséricorde
Curtana est en quelque sorte la sœur britannique de la Joyeuse. Tout comme la relique des monarques français, l’épée de miséricorde est utilisée lors du sacre des rois et des reines d’Angleterre depuis plusieurs centaines d’années. Cette épée du 17e siècle a notamment été sortie de son fourreau lors du sacre de la reine Élisabeth II.
Curtana, l'épée de la miséricorde. Photo : Cyril Davenport/Wikimedia Commons
Étant donné son rôle symbolique, la lame de l’épée n’est pas aiguisée et elle ne possède pas de pointe, d’où son surnom d’épée de la miséricorde. Aujourd’hui, Curtana est l’un des joyaux de la Couronne du Royaume-Uni, au côté d’artefacts historiques comme des couronnes, des pierres précieuses et plusieurs autres épées.
L’épée de Simón Bolívar
Simón Bolívar était un général vénézuélien qui a aussi été président de plusieurs pays d’Amérique latine au 19e siècle et il est reconnu comme l’un des grands leaders du mouvement qui a mené à l’indépendance de ces anciennes colonies espagnoles. Même si son épée est certainement moins vieille que les autres lames répertoriées jusqu’ici, elle possède une histoire fascinante.
Hugo Chávez, l'ancien président du Venezuela, avec l'épée de Simón Bolívar. Photo : Miguel Guttierrez/AFP via Getty Images
Cette arme fétiche est en fait presque aussi légendaire que son propriétaire; elle l'accompagne toujours sur ses portraits ou sur les nombreuses statues à son effigie, et elle a été à ses côtés jusqu’à sa mort, en 1830. Plus qu’une simple lame, elle est devenue un symbole de libération pour plusieurs pays d’Amérique latine, à commencer par la Colombie.
Après sa mort, son épée a été conservée dans son ancienne résidence de Bogota, jusqu’à son vol en 1974 par le groupe révolutionnaire colombien M-19. L’épée aurait été rendue au gouvernement de la Colombie en 1991, après avoir possiblement été la propriété du narcotrafiquant Pablo Escobar, mais un doute persiste quant à son authenticité.
En 2010, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont affirmé avoir la relique en leur possession, mais le gouvernement colombien a rapidement nié la véracité de cette déclaration avant d’affirmer à nouveau d’être en possession de la véritable épée de Simón Bolívar.
Les lames maudites de Muramasa
Les personnes qui s’intéressent à l’histoire du Japon reconnaîtront sans doute le nom de Muramasa, un célèbre forgeron qui est entré dans la légende grâce à la qualité de son travail et en raison de la sombre réputation de ses armes. Dans les écrits folkloriques, il est souvent mis en dualité avec Masamune, généralement considéré comme étant le plus grand forgeron de l’histoire du Japon.
Un sabre forgé par Muramasa. Photo : Ihimutefu/Wikimedia Commons
En dehors de leur motif plutôt unique et de leur excellente qualité, la réputation des armes de Muramasa provient d’un folklore qui a grandi avec le temps. Ses créations sont souvent décrites dans les légendes comme des lames maudites, qui incitaient la violence et la soif de sang chez les samouraïs qui les utilisaient.
Cette réputation est expliquée par la popularité de ces lames dans certaines régions du Japon au 16e et au 17e siècle, où elles ont été utilisées lors de plusieurs conflits sanglants, d’accidents et même de suicides. Ces tragédies ont été reprises par le théâtre et elles ont nourri les écrits folkloriques, ce qui a conféré peu à peu une réputation de lames maudites aux créations de Muramasa.
Plusieurs armes forgées par Muramasa sont encore aujourd’hui en excellente condition et elles sont parfois exposées au public dans les grands musées japonais.