Surmonter son vertige pour une bonne cause

Un cobaye monte une échelle lors d'une expérience au Gros laboratoire.

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Cette semaine au Gros laboratoire, des cobayes ont affronté leur peur du vide dans une expérience qui visait à déterminer ce qui est le plus efficace pour favoriser le dépassement de soi : obtenir un gain personnel ou aider son prochain. Dans un cas comme dans l’autre, les participantes et les participants ont repoussé leurs limites. 

Faire fi​ de son vertige dans un tel contexte est-il une tâche facile? Nous explorons la question pour mieux comprendre le courage de ces cobayes!

 

L’expérience en bref

Est-ce qu’on se dépasse plus pour son propre profit ou pour une bonne cause? C’est en grimpant une grande échelle que des cobayes ayant peur des hauteurs ont pu fournir une réponse à cette question posée par l’équipe du Gros laboratoire.

Une fois que les personnes qui participaient à l’expérience atteignaient une certaine hauteur, Marie-Pier Elie et Jean-René Dufort leur proposaient une offre intéressante : les membres d’un premier groupe (A) avaient la possibilité de gagner 10 $ pour chaque barreau gravi, alors que ceux d’un second groupe (B) gagnaient cette somme dans les mêmes conditions, mais la remettaient à un organisme de bienfaisance.

Au bout du compte, les membres du groupe B ont été meilleurs pour surmonter leur peur du vertige, amassant en moyenne 100 $ par personne comparativement à 35 $ pour ceux du groupe A. L’altruisme a triomphé.

Dans tous les cas, surmonter une telle frayeur n’est pas chose facile : le vertige a des effets psychologiques et physiques qui ne s’ignorent pas aisément.

 

Une peur commune à degré variable

La peur des hauteurs est très répandue : elle toucherait un peu plus de 30 % de la population canadienne, selon un sondage réalisé en 2015 par la Société canadienne du cancer à l’occasion du Fearless Challenge (défi sans peur).

À la base, il s’agit d’une réaction naturelle de l’organisme en présence d’un danger potentiel. Le sentiment de peur varie toutefois grandement d’une personne à l’autre parmi cette tranche de la population : il irait du simple malaise face à de très grandes hauteurs à une phobie incontrôlable devant la moindre élévation. 

Pour les cas extrêmes, on parle d’acrophobie : une pathologie qui s’accompagne fréquemment de crises de panique lorsque les gens qui en souffrent sont exposés au vide.

Certaines études scientifiques évoquent que cette phobie peut être influencée par des facteurs génétiques, mais elle peut aussi être acquise par des expériences négatives ou stressantes associées aux hauteurs. 

 

Des symptômes psychologiques et physiques

Ceux et celles qui ont peur des hauteurs peuvent ressentir différents degrés d’anxiété lorsqu’elles sont mises dans des contextes qui déclenchent cette peur, même s’il n’y a pas de danger réel.

On parle couramment de vertige, mais il s’agit surtout d’un symptôme de cette phobie. 

Lorsque quelqu’un a le vertige, cela signifie que son cerveau reçoit des informations contradictoires de ses sens, plus spécifiquement de ses yeux et de son système vestibulaire, situé dans l’oreille interne. Cet organe est responsable de la perception de l’équilibre et du mouvement. Lorsqu’il envoie des informations contradictoires au cerveau, celui-ci peut avoir du mal à interpréter ces signaux, ce qui peut causer une perte d’équilibre. 

Une personne se tient au bord d'un précipice.

De simples images comme celles-ci peuvent parfois être malaisantes pour les gens qui ont une phobie des hauteurs.

Cette confusion peut être provoquée par des repères visuels qui sont à une distance difficile à évaluer, ce qui s’accompagne souvent de la fausse impression que le sol s’éloigne ou se rapproche lorsqu’on le regarde. Dans tous les cas, le vertige peut entraîner une perte d’équilibre, une sensation d'avoir la tête qui tourne et une difficulté à marcher ou à se concentrer.

Physiquement, la peur des hauteurs augmente le rythme cardiaque; elle peut causer des palpitations et des tremblements, rendre les mains moites ou les jambes molles, faire suer, rendre la bouche pâteuse… bref, toutes les réactions physiques habituellement liées à l’adrénaline qui peuvent aussi se manifester avec d’autres peurs.

 

Vaincre sa phobie

Il est possible de surmonter graduellement cette phobie et ses effets néfastes en travaillant avec certains spécialistes de la santé mentale. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est souvent utilisée pour traiter la peur des hauteurs et d’autres craintes pathologiques; elle peut aider à mieux gérer les pensées et les comportements anxieux associés à cette peur. 

En parallèle, il est aussi parfois recommandé de s’exposer progressivement et de manière sécuritaire aux situations qui provoquent la peur des hauteurs, sous la supervision d’un ou d’une spécialiste ou d’une personne de confiance, afin de développer de l’assurance.

Une personne lors d'un saut à l'élastique.

Le saut à l'élastique n'est probablement pas le moyen le plus doux pour affronter sa peur des hauteurs.

Les braves cobayes du Gros laboratoire qui ont surmonté leur peur en acceptant d’aller un peu plus loin sur l’échelle après avoir atteint leur limite ont déjà fait les premiers pas dans cette voie. Chose certaine, tous ces gens ont fait preuve d’une bonne dose de courage, peu importe leur motivation!