Golfe Persique : trop chaud pour survivre?

Golfe Persique : trop chaud pour survivre?

Agence Science-Presse

Des températures mortelles pour les humains : d’ici la fin du siècle, une partie des pays du golfe Persique pourrait devenir carrément invivable pendant l’été.

Si le sort du pèlerinage annuel à La Mecque a été mentionné dans les différents reportages, c’est la vie au complet dans les petits États d’Abou Dabi ou du Qatar, ou dans des villes iraniennes ou koweïtiennes, qui sera en cause. Les deux auteurs, Jeremy Pal et Elfatih Eltahir, dont l’étude est parue le 26 octobre dans Nature Climate Change, utilisent la mesure dite de « température humide » (wet-bulb temperature), en vertu de laquelle des gens âgés ou malades peuvent perdre la vie au-delà de 35°C : soit l’équivalent en « température ressentie » — dans le langage des météorologues — de 46°C lorsque le taux d’humidité approche les 50 %.

Or, au rythme actuel de croissance des gaz à effet de serre, on attendrait là-bas de tels seuils chaque été d’ici la fin du siècle. Déjà, en maintenant les gaz à effet de serre au niveau actuel, on atteint de telles canicules une fois tous les 20 ans. Ainsi, le 31 juillet dernier, une ville d’Iran, au bord du golfe Persique, a atteint le record de 68°C en « température ressentie », tandis que l’ensemble de la région souffrait d’une canicule d’une intensité et d’une durée inhabituelles.

Ce ne sont pas seulement les villes avoisinant le golfe Persique qui sont pointées dans cette étude : toute l’Arabie Saoudite pourrait connaître chaque été des « températures humides » de 32° à 34°C, dangereusement proches du seuil où aucun médecin ne conseille de rester toute la journée à l’extérieur — comme les travailleurs de la construction, de la voirie, du pétrole... et les pèlerins à La Mecque.

Mais d’autres modèles climatiques commencent aussi à tirer la sonnette d’alarme ailleurs dans le monde. En août, une analyse des « risques économiques des changements climatiques » réalisée par des chercheurs américains affirmait que dans leur propre pays, le nombre de journées caniculaires « dangereuses » pour la santé passerait d’une moyenne de 4 (entre 1981 et 2010) à une dizaine vers 2030, et plus de 30 vers 2090.