Une école du Bas-Saint-Laurent récolte maintenant les fruits de ses efforts : le parc Foresti Fruits a été inauguré en octobre dernier sur le vaste terrain de l’école secondaire de Trois-Pistoles, où 1250 arbres ont été plantés à l’automne 2020.  

En deux jours, environ 200 élèves et citoyens-bénévoles ont planté en octobre l’an passé les 450 arbres fruitiers, 750 arbres forestiers et 50 plants de noisetier qui se dressent dans le verger. 

Avant la réalisation de cet ambitieux projet, l’école cultivait déjà des légumes, qu’elle redistribuait notamment à la collectivité, mais Ann Drapeau, enseignante de sciences aux élèves en difficulté, « trouvait qu’il manquait de fruits », dit-elle au bout du fil. Elle a donc, en 2019, monté le projet d’un parc fruitier sur l’immense terrain de l’école.

Aujourd’hui, les jeunes en adaptation scolaire auxquels elle enseigne entretiennent et améliorent le parc, pleinement impliqués, les autres élèves de l’école prêtant aussi main-forte. « J’en ai parlé comme de leur projet, raconte Mme Drapeau. Ils se le sont approprié. »

Apprendre en plein air

Le parc constitue un formidable terrain d’apprentissage — et d’épanouissement — pour ces jeunes issus de programmes de formation axée sur l’emploi. Outre les sciences, les tâches qu’ils y accomplissent au quotidien sont l’occasion d’apprendre autrement le français, en assimilant le riche vocabulaire de la nature, ou les mathématiques, en calculant semis ou fertilisants, par exemple. « Ce qui est merveilleux pour eux, c’est qu’ils n’ont pas l’impression de faire des mathématiques, mais ils en font. C’est rattaché à du réel », souligne l’enseignante. 

« Je n’ai aucun problème à les faire sortir dehors, je peux vous le dire », ajoute-t-elle en riant. 

Les actions qu’effectuent ces jeunes, des réussites valorisantes au sein de parcours souvent jalonnés d’embûches, augmentent leurs chances d’être embauchés plus tard. « Ils sont autonomes, ils développent leur sens de l’initiative, parce que je fais exprès, des fois, je les laisse un peu seuls dans le champ, dit Mme Drapeau facétieuse, et ils y répondent très bien. »

Le parc recèle une foule de possibilités éducatives, telles que des cours d’horticulture, de jardinage, de transformation alimentaire ou de cuisine. Et pourquoi ne pas profiter du verger pour enseigner en plein air par beau temps?

Dire qu’Ann Drapeau a craint que le projet ne voie jamais le jour. « J’ai tellement voulu ce parc, et j’ai failli le perdre, parce qu’en mars [2020], j’avais reçu ma réponse comme quoi je pouvais aller de l’avant, puis on a fermé [à cause de la pandémie]. On ne savait plus trop de quoi serait fait l’avenir. Mais au bout d’un mois, je me suis dit : “Ce n’est pas vrai que la pandémie va me voler mon projet” », s’est remémoré l’enseignante, qui était à ce moment plus déterminée que jamais à concrétiser le parc fruitier.  

Récolte communautaire

L’avenir du Foresti Fruits est assurément rayonnant. Dans quelques années, les citoyens seront les bienvenus pour y récolter camerises et autres petits fruits. L’on prévoit également distribuer les surplus aux cuisines et frigos collectifs de la MRC des Basques, grâce à une collaboration avec l’organisme local en sécurité alimentaire Croc-Ensemble des Basques. 

Notons que la récente inauguration du parc couronnait la première phase du projet seulement, qui plus est. Aires de détente propices à la contemplation des lieux, sentiers, panneaux d’interprétation et peut-être même une fontaine fabriquée par les élèves, confie Anne Drapeau, seront ultérieurement aménagés afin de favoriser l’éducation et l’émerveillement. Des élèves du primaire pourraient aussi venir y puiser de nouvelles connaissances.

« Quand je regarde les arbres grandir — et ils sont vraiment beaux —, je me plais à imaginer les printemps fleuris et combien ce sera beau. Ça me rend vraiment fière », conclut Mme Drapeau, qui invite chaleureusement les gens à aller faire un tour dans ce verger des merveilles.