Selon certaines données récoltées par des scientifiques, le Soleil s’apprête à entrer dans une phase d’activité particulièrement forte qui pourrait déclencher d’importantes tempêtes solaires dans les mois et les années à venir. Quels seront les effets de ce phénomène naturel sur nos infrastructures?

Le Soleil est entré dans son 25e cycle solaire en 2022. Ces cycles, qui sont calculés depuis 1755, progressent selon différents signes de récurrence de l’activité solaire, dont le nombre d’éruptions observables à la surface du Soleil.

Alors que les données de l’Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) et de la NASA prévoyaient que cette nouvelle période d’activité serait relativement calme, un modèle scientifique réalisé par le Centre national de recherche atmosphérique (NCAR) semble indiquer tout le contraire : avec plus de taches solaires et d’éjections de masse coronale, le Soleil commence possiblement un cycle particulièrement tumultueux, un événement judicieusement nommé « maximum solaire ».

Depuis l’établissement de ce nouveau modèle par le NCAR, la NASA et la NOAA ont ajusté leurs prédictions, et cette grande période d’activité solaire semble bel et bien avoir débuté.

Des taches solaires observées par les instruments de la NASA. Photo : NASA

Certains médias rapportaient cette semaine qu’un très grand nombre de taches avaient été observées à la surface du Soleil au mois de juin; il faudrait remonter à au moins 2002 pour trouver une période d’activité comparable. Plutôt que de se calmer, les indices de perturbations visibles à la surface de l’astre seront encore plus nombreux dans les prochains mois, si l’on se fie aux données du NCAR.

Des tempêtes solaires importantes pourraient donc se produire tout au long du 25e cycle d'activité du Soleil.

Les effets d’une tempête solaire

Les conséquences d’une éruption solaire dirigée vers la Terre sont très variables, elles peuvent être à peu près inexistantes comme elles peuvent s’avérer catastrophiques.

En octobre 2003, des éruptions solaires ont temporairement coupé la communication avec de nombreux satellites en plus de provoquer des pannes de courant en Suède et de produire des aurores boréales visibles jusqu’au Texas.

Une autre tempête similaire en 1989 avait eu des conséquences directes sur le Québec. Six millions de personnes s'étaient retrouvées sans électricité durant neuf heures après que les lignes électriques eurent été frappées de plein fouet par les ondes électromagnétiques d’une importante éruption solaire. Selon la NASA, l’énergie émise par l’éruption en cause à la surface du Soleil ce jour-là était équivalente à « plusieurs milliers de bombes nucléaires explosant au même moment ». 

Une éruption à la surface du Soleil. Image : NASA

L’exemple le plus inquiétant de l’histoire moderne est toutefois l’événement de Carrington : en 1859, une tempête causée par une série d’éruptions solaires extrêmement violentes a été assez puissante pour temporairement inverser le champ magnétique terrestre.

Lors de cette catastrophe naturelle, des perturbations électromagnétiques ont déclenché des incendies, perturbé les lignes de communication télégraphiques et envoyé des décharges électriques à de nombreuses personnes qui utilisaient des télégraphes au mauvais moment. Depuis ce redoutable événement, des scientifiques ont repéré des tempêtes solaires à la surface du Soleil qui pourraient être de 10 à 100 fois plus puissantes, mais heureusement, aucune n’a été pointée vers la Terre à ce jour.

Il est relativement difficile d’anticiper les effets que des tempêtes aussi extrêmes pourraient avoir sur nos infrastructures modernes. Les spécialistes les plus pessimistes pensent que, sans préparation adéquate, les régions affectées pourrait être plongées dans un certain chaos, en raison des dégâts qui seraient causés aux réseaux électriques et aux différents satellites nécessaires à la communication et au fonctionnement des systèmes de géopositionnement.

Dans le pire scénario, un tel événement pourrait causer des milliards, voire des billions de dollars de dégâts sur nos infrastructures, une rupture d’Internet et de nos moyens de télécommunications, ainsi que des pannes de courant qui pourraient durer plusieurs mois même dans les grandes villes. 

D'autres scientifiques, plus optimistes, préfèrent mettre l'accent sur la rareté de ces événements extrêmes en précisant qu'il y a des protocoles en place pour se protéger des conséquences des éruptions solaires plus communes.

30 minutes pour éviter la catastrophe

Selon la NASA, les systèmes d’alerte en place actuellement fourniraient au minimum une trentaine de minutes pour préparer nos infrastructures si un tel événement devait survenir. Ce précieux sursis pourrait servir à fermer ou à ajuster certains circuits électriques dans les régions touchées et à envoyer des directives aux satellites pour les protéger.

Sur son site, Hydro-Québec affirme aussi avoir pris des mesures depuis 1989 pour tenter de réduire autant que possible les conséquences des éruptions solaires sur le circuit électrique québécois. Nos lignes seraient notamment moins sensibles aux perturbations géomagnétiques, et un système permettrait d’évaluer les effets de celles-ci en temps réel sur le réseau.

La taille de la Terre en comparaison à une éjection de masse coronale. Image : NASA

L’efficacité des mesures mises en place pour se protéger des effets des tempêtes solaires dépend donc de notre rapidité d’exécution, mais aussi de la puissance des perturbations géomagnétiques qui pourraient frapper la Terre. À l’échelle de l’histoire humaine, l’arrivée de l'électricité et l’informatisation de nos sociétés sont très récentes, les effets d’une version extrême d'un tel phénomène naturel sur notre mode de vie relèvent donc encore de l’inconnu.

Au-delà des conséquences négatives, il y aurait au moins un point positif à un tel événement : nous pourrions profiter d’un ciel étoilé sans pollution lumineuse, décoré par de magnifiques aurores boréales!

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