Des plateaux de tournage toujours plus verts

Des plateaux de tournage toujours plus verts

L’industrie audiovisuelle québécoise bénéficie d’un outil flambant neuf afin de faciliter sa transition écologique : un calculateur carbone lancé par le programme On tourne vert. 

En matière de protection de l’environnement, des changements majeurs s’opèrent notamment par l’implantation de mesures à grand déploiement… comme à l’échelle des industries. Voilà l’approche du milieu audiovisuel du Québec et du programme On tourne vert, créé expressément pour réduire l’empreinte écologique des plateaux de tournage. 

 

Calculer facilement son empreinte carbone

En mars dernier, le programme a enrichi son arsenal en lançant un outil visant à faciliter l’adoption de mesures écoresponsables durables sur les plateaux : le calculateur carbone Albert, outil dont disposent gratuitement sur le web artisans et artisanes de l’industrie. 

Le nom « Albert » réfère à l’organisme britannique éponyme qui est à l’origine de la conception du calculateur carbone. À l’instar du programme québécois On tourne vert, cet organisme fondé en 2011 aide le milieu cinématographique et télévisuel du Royaume-Uni à mettre en œuvre des mesures écologiques.

Qu’accomplit le calculateur carbone, donc? En résumé : collecte de données, suivi, planification. Il permet aux équipes de production de collecter facilement les données qui servent à mesurer l’empreinte carbone de leurs plateaux de tournage, peu importent le genre ou le budget des productions, selon le site d’On tourne vert. Les équipes font ainsi le suivi de leur empreinte, et les données centralisées deviennent des points de référence à partir desquels s’améliorer. 

Les productions du Québec sont ainsi outillées afin d’établir un plan de réduction de leur empreinte carbone.

 

Ils et elles tournent vert!

Lancé en avril 2021, le programme On tourne vert, qui fournit outils, soutien et ressources à l’industrie, rallie déjà des personnes qui œuvrent à améliorer les pratiques de leurs productions. Des exemples de leurs gestes? Elles récupèrent et réutilisent des morceaux de décor et des accessoires, font affaire avec des traiteurs conscientisés, éliminent les bouteilles de plastique à usage unique et instaurent un système de compost dans la cantine, entre autres.

Le responsable logistique Stéphane Doyon, qui adhère au programme On tourne vert, cite la cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette – un pilier au Québec en matière d’écoresponsabilité dans l’industrie audiovisuelle – comme moteur derrière son propre virage écologique. Durant le tournage de son film La déesse des mouches à feu, en 2019, la réalisatrice avait déjà implanté des mesures écoresponsables.

Aux yeux du responsable, l’industrie devrait « arrêter de voir l’écoresponsabilité comme une dépense ». « C’est plutôt un geste qu’on fait pour ceux qui viennent après nous », dit-il dans une vidéo présentée sur le site d’On tourne vert. 

 

On passe au vert

De son côté, en juin 2021, CBC/Radio-Canada a adopté sa stratégie On passe au vert afin de bâtir une société de médias de service public écoresponsable et dont les générations actuelles et futures peuvent être fières. 

« Je suis vraiment contente qu’en tant qu’organisation, on décide de mettre ces valeurs de l’avant et de s’attaquer à la problématique », se réjouit au bout du fil Emmanuelle Lamarre-Cliche, responsable de la réalisation des objectifs en matière de développement durable aux Services français de Radio-Canada. « CBC/Radio-Canada agit vraiment comme leader dans l’industrie en matière de développement durable. »

La société d’État effectuait déjà une multitude de gestes pour être plus écologique, mais ils étaient surtout axés sur des infrastructures (gestion des déchets, de l’eau, mesures écoénergétiques, parc de véhicules plus vert). Selon Mme Lamarre-Cliche, ce qu’il manquait, c’était une ligne directrice, une vision concertée sur le plan de la production.

C’est ainsi que CBC/Radio-Canada a adopté sa stratégie – nationale, doit-on le rappeler – afin d’instaurer de meilleures pratiques écologiques du côté des productions. « Car à titre de service public, on doit être le plus écoresponsable possible et répondre aux objectifs planétaires. C’est le temps d’agir », affirme la responsable. 

Depuis 2021, une vingtaine de productions internes (à la radio, aux affaires publiques et en région) ont ainsi commencé à mesurer leur empreinte carbone, à l’aide du calculateur Albert justement. Suivra cet été une deuxième cohorte, qui comprendra, outre des productions internes, des productions indépendantes. 

La société d’État, qui a élaboré un guide de production écoresponsable, s’est engagée à connaître le bilan carbone de l’intégralité de ses productions internes et de la moitié de ses productions indépendantes d’ici 2026. 

« Je suis énergisée qu’autant d’actions soient prises en matière d’environnement », affirme Mme Lamarre-Cliche, qui souhaiterait que ses trois filles puissent vivre dans un monde qui ne subit pas les catastrophes naturelles que l’on connaît aujourd’hui, « qu’on puisse limiter le plus possible les changements climatiques pour elles ». 

Et que souhaite-t-elle pour l’avenir de CBC/Radio-Canada? « Que la protection de l’environnement fasse partie inhérente de notre culture et que ça vive vraiment au cœur de nos actions, que ce soit comme une seconde nature. »

Il n’y a aucun doute : l’industrie du cinéma, de la télé et de la radio, comme le prouve CBC/Radio-Canada, se fait acteur de changements.