(L'éducateur canin comportementaliste Jean Lessard et sa chienne Bily)
C’est le nez fourré dans nos déchets que les loups ont commencé à se laisser apprivoiser. C’est dire qu’il y a 15 000 ans, les humains les ont séduits... par la panse! Ce n’était toutefois pas volontaire des deux côtés.
Jean Lessard, éducateur canin comportementaliste, adhère à la théorie de Raymond Coppinger sur l’origine de la relation entre les chiens et l’Homme. M. Coppinger est professeur de biologie, spécialisé dans le comportement canin, et intervient à plusieurs reprises dans le documentaire Des chiens et des Hommes.
Selon le professeur, le loup se serait approché des humains en allant dans ses dépotoirs pour manger. Ceux qui avaient le moins peur de l’humain sont restés près d’eux, tandis que les autres s’enfuyaient. Ce sont ces animaux, qui apparaissaient plus dociles, qui sont devenus les chiens qu’on connaît aujourd’hui. Leur mâchoire a rappetissé, leurs oreilles sont tombés et la couleur de leur poil a changé.
Jean Lessard compare l’évolution des chiens à un sablier. Les canidés sont leur ancêtre commun. Puis est arrivé le « proto-chien », soit la partie la plus étroite du sablier. « Ce modèle s’est ensuite décliné en plusieurs chiens, selon nos besoins, » indique M. Lessard. « On voulait des molosses, on voulait des grands minces, des coureurs, des plus petits, » ajoute-t-il.
On compte aujourd’hui 400 sortes de chiens, répertoriées, dans le monde. « C’est la malléabilité de cet animal là qui est impressionnante, » indique Jean Lessard. « On s’est mis à produire des chiens de salon, car on les voulait près de nous, » donne-t-il en exemple.
M. Lessard indique toutefois que les humains ont eu des besoins un peu trop particuliers, ce qui a créé des problèmes chez certaines races de chiens. Il donne en exemple le Bulldog anglais qui ne peut plus se reproduire de façon naturelle à cause de sa physionomie. « Il a trop été transformé, donc il faut l’inséminer et il accouche par césarienne, » explique M. Lessard. « On serait allé trop loin dans ce besoin de créer des chiens selon nos fantaisies, » selon lui.
Depuis des milliers d’années, la relation entre le chien et l’Homme a été solide et symbiotique. Ils ont joué un rôle décisif dans l’humanité en tant que chiens de garde, chiens de traîneaux et comme aide aux bergers pour garder les troupeaux. Ils peuvent résister à -50 degrés Celsius, ils sont endurants, ils s’immobilisent quand ils sentent le danger et ils aident à la chasse en repérant les trous d’aération des phoques.
Mais ce lien spécial a beaucoup changé durant les 15 000 ans d’évolution du chien. Aujourd’hui, on ne l'utilise plus tant pour ce qu’il peut faire, mais plutôt pour son apparence. La relation entre le chien et l’Homme est en crise selon Robert Alleyre, comportementaliste canin, un autre intervenant du documentaire.
Toutefois, la relation symbiotique n’est pas totalement perdue. Les chiens ont toujours un énorme potentiel pour aider les humains à survivre. Des scientifiques les utilisent notamment pour détecter le cancer ou le diabète, et ils servent de système d’alarme dans des cas de catastrophes naturelles. Il y aurait donc de nouvelles façons pour eux de changer notre monde...